Destination Groenland

Voilà, je suis partie!
Je me suis levée à 5h ce matin, pour aller prendre le train de 6h03 pour Glasgow.

Bon... Je suis contente de rentrer, j'avais vraiment trop froid.

Mais je n'ai pas l'impression d'avoir vu grand chose... Du mauvais temps et du mauvais vent, surtout!
Il n'y a pas eu une vraie belle journée de navigation, c'est dommage. Il y a du y avoir deux jours ou le vent était pas mal, mais sous la pluie.

Avoir Lydie dans l'équipage, c'était vraiment sympa, on a bien rigolé.

J'aurais bien aimé aller à St Kilda, ou au moins aux Hébrides... Mais 15j, c'est vraiment trop court. Il faut du temps, pour faire de la voile!!!

Jeudi soir, nous sommes donc partis pour Skye. J'ai barré deux heures sous la pluie... Une vraie pluie qui mouille... Ça commence à bien faire!
En arrivant, c'était assez impressionnant : des montagnes de 1000m, des cascades... Et des phoques absolument partout!

Nous sommes descendus en annexe poser un casier à crabes, et jeter un coup d'œil au lac qui était un peu plus haut. Et chercher des moules, mais la marée n'était pas assez basse, on en a eu juste assez pour l'apéro.
On a bien essayé de prendre les phoques en photo, avec Lydie, mais la pluie commençait à être vraiment forte, on a vite abandonné.

Et le lendemain, aujourd'hui donc... La pluie la pluie la pluie... On s'est levés à 10h30, il n'y avait vraiment aucune raison de se lever!!
Frédéric est allé chercher son casier, il n'y avait que quelques petits crabes et étrilles, il a tout rejeté à l'eau.

Et puis nous sommes partis, profitant d'une éclaircie. De courte durée.

Je ne sais pas comment, je me suis encore retrouvée à la barre sous la pluie, en plus avec le vent de face, j'en ai vite eu marre, et je suis rentrée dans le bateau : y a pas de raison! Lydie à pris ma place.
Au bout de deux heures, on a fini par allumer le moteur : ça n'avançait pas, et personne ne s'amusait.

À l'arrivée à Mallaig, j'étais bien contente de me dire que j'allais enfin rentrer au chaud, au sec, et mettre des vêtements propres... Ne pensant qu'à ça, j'ai mis les amarres n'importe comment! Ce n'était pas bien grave mais bon!

Nous sommes allées nous doucher, boire une bière au pub, acheter un fish&chips to go.

Et puis c'est la dernière nuit.

Finalement, hier, nous sommes bien allés à Rum comme le capitaine voulait... Parce qu'à peine installés bien au chaud dans nos duvets, le vent a eu la bonne idée de tourner sud-ouest, pile dans l'axe du mouillage! On se retrouvait poussés vers les cailloux, et bercés un peu trop violemment pour dormir tranquillement.

Du coup, on a levé l'ancre à 1h du matin, direction Rum!
Le soleil était à peine couché, il éclairait encore le nord, et il ne pleuvait plus : c'était assez sympa... Surtout lorsque l'on a mis les voiles, au travers

On a mis Lydie à la barre, c'était sa première navigation de nuit. Elle s'est bien concentrée, et on est arrivés pile poil sur la bouée que l'on visait à travers la brume et le crachin qui s'étaient levés.

On s'est couchés à 3h, et puis on a brunché à midi.

Ensuite, visite du château de Rum, construit par un héritier frivole en 1900 : ils savaient vivre à l'époque! On se serait cru dans The Great Gatsby! Des salles immenses, des belles boiseries, des tapisseries de soie, des peaux de léopards sur un piano Steinway, un orchestre électrique, le salon de ces messieurs avec billard, le boudoir de ces dames avec véranda... Etc etc.. C'était rigolo.

Ce soir je crois que Frédéric veut se diriger vers Skye, avant de rejoindre Mallaig demain, où je débarquerai.

C'est l'histoire d'un bébé nuage, qui suit sa maman nuage dans le ciel, puis qui lui dit : maman, maman, j'ai envie de faire pluie-pluie...

Et voilà! Fini le beau temps, on a eu deux jours de "grand beau" (15 à 20 degrés et des nuages par intermittence) et maintenant, la pluie est de retour!

Ce matin, nous avons quitté Muck pour Eigg, une île avec une grande falaise de colonnes de pitchstone (nous n'avons pas trouvé la traduction, mais notre géologue de capitaine soupçonne qu'il s'agit de phonolithes).
Une petite heure de moteur, parce qu'encore une fois, c'est pétole.
Un alignement arrière pour sortir de Muck, sportif! Je ne suis pas encore au point!

Arrivés à Eigg, nous avons mouillé l'ancre à côté d'un bateau bizarre, moche et sans pavillon, habité par des malotrus qui ne répondent pas au traditionnel salut.

Nous avons débarqué pour grimper au point culminant. Je n'étais pas très motivée, parce que je n'ai pas pris mes chaussures de randonnée d'une part, et d'autre part parce que Frédéric marche trop vite pour moi.
Mais comme, en voyage, j'ai pour principe de ne jamais refuser une activité, nous sommes partis tous les trois.

Alors, les bottes, ça présentait un certain avantage quand on s'enfonçait de 30cm dans la tourbe. Mais sinon, ça n'était pas très adapté.

Et puis pour arriver en haut de cette falaise, il faut quand même monter un peu (393m).
Donc de la transpiration... Et puis le crachin... Qui se transforme en averse... J'étais trempée de l'intérieur, de l'extérieur, j'avais froid, et une fois arrivée en haut la pluie nous cachait en partie le paysage!
Juste le temps de croquer une pomme, puis y a plus qu'à redescendre. Tout ça pour ça!
J'étais colère!!!

J'ai évité de parler pendant un moment, j'aurais été désagréable...
Une fois séchée (en partie) et réchauffée (à peu près), je me suis un peu détendue.

Et il pleuvait tellement qu'on n'a pas eu le courage d'aller jusqu'à Rum : on est restés tout l'après-midi dans le bateau.
Trivial pursuit : Frédéric nous a tuées, puis Scrabble : idem!
Mais c'était sympa. Frédéric a même allumé le poêle, on a eu 21 degrés avant qu'il s'arrête : on était sur le point de se mettre en maillot de bain!

On a dîné de nos poissons de l'autre jour, et voilà.
La météo ne nous vend pas du rêve, demain sera encore une journée humide...

Réveil difficile pour Lydie et pour moi... Cette fois-ci, c'est Captain' Fred qui nous a tirées du lit!

Journée sans vent... Frédéric a voulu aller aux Hébrides : moi qui pensais que c'était fichu parce qu'on avait pris trop de retard, j'étais ravie (bien que la journée de 8-10h de navigation, commencée à 11h, ne m'enchantait pas particulièrement).

Mais le vent ne se levant pas (il devait être au pub avec nous hier!), on a fini par se dire que c'était idiot de faire toute une journée de moteur, arriver tard là-bas, et repartir le lendemain pour être sûrs de ne pas me faire rater mon avion...

Changement de cap, pour l'île aux marsouins : Muck.

Sur le chemin, nous avons vu plusieurs groupes de dauphins en train de chasser, ils sont venus un peu à l'étrave mais pas très longtemps : ils avaient du poisson à pêcher.
Nous avons vu un couple de marsouins, comme le promettait l'île de Muck.
Et arrivés sur l'île, j'ai pris les jumelles pour scruter la falaise... : des macareux, des pétrels fulmar, des guillemots, des cormorans, des sternes, des oies sauvages, et des grand labes ! Eh ouais, je les connais tous maintenant!
Il y avait aussi quelques petits guillemots à miroir, et tout plein de phoques. Sans compter les huîtriers-pie, eux, même pas besoin de lever les yeux, on les entend !

On voyait l'île de Rum à l'horizon, en dégradé de bleus, sur une mer quasiment plate... C'était beau!
Et niveau sonore, des moutons. Plein de moutons!

On est partis pêcher en annexe, et explorer la côte découpée. On a pu rentrer dans une petite grotte, c'était très impressionnant : sombre, avec de l'écho, l'eau qui clapote...
Quand à la pêche, au moment où Frédéric commençait à désespérer (c'est le pêcheur le moins patient du monde), il a sorti quatre lieus, dont deux de belle taille! On a rejeté les autres. Et cette fois-ci, moi aussi je tenais une traine! Mais je n'ai eu que deux petits.

Après ça, Lydie et moi avons débarqué pour trouver les douches du petit village, de l'autre côté de l'île. Nous avons traversé les champs, au milieu de vaches, moutons, poules... C'est champêtre, l'Ecosse!
Le village était complètement désert, mais il y avait une de ces boutiques d'artisanat local, avec les prix affichés et une tirelire... Trop mignon...
Et un "Community Hall", une espèce de salle polyvalente avec salle de sport, cuisine, sanitaires... Et des petites tirelires pour apporter sa contribution! 2£ la douche, mais avec du shampoing et de l'après-shampoing à disposition!

Puis nous avons mangé la truite en papillote : délicieuse.

Après une nuit un peu agitée à Treshnish, nous avons décidé de faire une étape courte, histoire de se poser un peu.
Nous sommes allés sur l'île de Coll, l'île la moins pluvieuse d'Ecosse. Pas hyper intéressante, même si on a vu quelques phoques...
Frédéric nous a péché des lieus pour le dîner, c'était très bon.

Ensuite, Lydie et moi sommes allées au pub, essayer de rencontrer des marins... Même si la moyenne d'âge dans le monde de la plaisance avoisine les 60 ans...
Ca a bien marché, on a rencontré un groupe de 5 écossais (la cinquantaine bien tassée), des vieux potes qui se retrouvent une fois par an sur un bateau depuis 10 ans! Captain Mat' , Simon, Rob, Richard, and William.

Très sympas, ils nous ont payé une bière, puis quand le pub a fermé, ils nous ont invitées à dîner sur leur bateau! Nous avons fini par rentrer à l'aube, c'est à dire à 3h du matin. Avec une truite, gracieusement offerte par Richard, le pêcheur et cuistot du groupe!
Et j'ai réussi à démarrer le moteur de l'annexe à chaque fois!

Pour le premier jour de l'été, nous sommes partis sous une belle averse. Pas très engageant.

Le capitaine avait de grandes ambitions pour la journée : Iona, Staffa, Treshnish.
Moi, je trouvais que cela faisait beaucoup, mais bon, nous avons mis le cap sur Iona. En arrivant, le soleil a pointé le bout de son nez : que la vie est belle, sous le soleil!

Nous avons débarqué au milieu des moutons, et nous avons rejoint la cathédrale de Saint Colombus, où seraient enterrés les rois d'Ecosse. Et où aurait été écrit le Book of Kells, un peu comme la bible des celtes, si j'ai bien compris.
Bon, alors avec Lydie, on est allées visiter... Eh ben on n'a pas vu les tombes des rois d'Ecosse! Quelle arnaque!
Par contre il y avait tout un tas de vieilles pierres, bon, c'est émouvant, mais moi les vieilles pierres, ça va cinq minutes.

Après ça, un petit tour en "ville", où j'ai trouvé de la laine tondue, filée et teinte sur place : 100% Iona. J'en ai acheté deux petites pelotes, pas plus parce que ça à l'air de gratter. Je me tricoterai un souvenir!

Nous sommes ensuite répartis en mer, cap sur Staffa. Staffa, c'est une petite île d'une trentaine d'hectares, et c'est la petite sœur de la chaussée des géants d'Irlande! Des immenses colonnes de basalte, toutes droites, toutes géométriques (entre 4 et 6 côtés d'après ce que j'ai pu voir), et parfois coupées en plein élan, ce qui fait une magnifique escalier naturel!

Et un peu plus loin sur la côte, il y a une grotte nommée Fingal : une cathédrale. Magnifique.
La mer était agitée, et elle rentrait là-dedans se fracasser tout le long de la grotte, dans un bruit de tonnerre, en projetant d'immenses gerbes d'écume...
On y serait restés des heures...

Mais avec cette mer agitée, justement, Frédéric craignait pour le mouillage, et on est repartis.
Cap sur Treshnish!

On y est arrivés juste à temps : entre deux débarquements de paquebots de touristes, avec la lumière du soleil couchant... (Entre deux nuages, évidemment, faut pas rêver)

La particularité de Treshnish, ce sont ses oiseaux : une grande colonie de macareux, et une iiimmmmense colonie de guillemots.
Pas sauvages, on marchait au milieu de tous ces oiseaux et des lapins qui gambadaient...
C'était génial!!! On a passé des heures à tirer des portraits aux macareux, qu'on approchait à 1m!
Comme aux îles Shiant il y a deux ans, mon meilleur souvenir de cette croisière.

Et alors les guillemots, ils étaient 100.000, 200.000...??? Et ça caquète, et ça vole, et ça se bat... Et ça pue!
C'était super.

Ensuite, dodo au bateau... Pas un super mouillage, on a bougé dans tous les sens, entre le courant et le vent. Et le soleil qui se lève, je sais pas moi, à 4h? Quand il n'y a pas de nuages, ça fait beaucoup trop de lumière! (Oui, je vais me plaindre du soleil maintenant!)

Après avoir nettoyé, rincé, séché les différents composants de la cale, nous avons pu quitter Craobh.

La route la plus courte nous faisait passer par

... le Corrywreckan ...

(un frisson d'effroi parcourt l'assistance!)

(Parce que 1/ c'est comme le raz Blanchard mais en pire, et 2/ on a lu Le Cercle Celtique et c'est pas rassurant!)

Mais les conditions n'étant pas favorables (pas la bonne marée, pas le bon vent, pas la bonne houle), nous avons décidé de reprendre le même chemin qu'hier, mais dans le bon sens cette fois-ci.

Nous voilà donc repartis, à la voile, dans les tourbillons du Sound of Lunig, mais au lieu de faire du surplace comme hier, on a tracé! 11 nœuds à la sortie du passage, ça faisait défiler le paysage!

Une fois sortis de tout ça, on a fait cap au ouest-nord-ouest pour atteindre la pointe de Mull, juste avant Iona.
Les conditions ont varié... Du gris avec du vent de travers, puis le soleil est arrivé mais le vent s'est orienté à l'ouest, nous obligeant à faire du près.
Le près : deux fois la route, trois fois le temps, quatre fois la peine...
Après avoir peiné, donc, en voyant que notre allure nous promettait une arrivée vers 2h du matin, on a fini par allumer le moteur.

Petit à petit, la houle s'est levée, et quand j'ai voulu aller me réchauffer un peu à l'intérieur... PAF! Le mal de mer. Ça faisait longtemps...
Qu'est-ce que c'est désagréable...
J'ai donc repris, encore une fois, la barre (sur 7h de navigation, j'ai du en barrer 5!), j'ai pas pu avaler de la soupe pour me réchauffer, et j'ai vraiment subi la dernière heure. Pas drôle...

Mais bon, ce qui est bien, c'est qu'on est enfin arrivés au bout de Mull, on va pouvoir remonter vers le nord et ne plus se laisser emmerder par les vents d'ouest!
Et Tinker's hole, c'est joli... On était passé là il y a deux ans, sans s'arrêter.

Et à part ça, c'est sympa d'être à trois! Lydie est agréable, et elle a un rire communicatif.
Elle veut tout apprendre, ce qui donne de l'occupation : les nuages, les oiseaux, le vent, les voiles, les bouts, les nœuds, les cartes, les bouées, les rochers... On s'ennuie pas!

Devinez quoi?
...........................................
On coule!

Je vous entend d'ici : on te l'avait dit! Quelle idée de partir sur un bateau plein d'eau! Ça t'a pas servi de leçon la dernière fois?

Oui oui.

Reprenons :
Avant de partir d'Oban, nous sommes allés compléter les courses. Je suis maintenant l'heureuse propriétaire d'un duvet très confortable! Orange, épais, moelleux, ni trop chaud ni trop froid... J'ai passé une nuit formidable, et je m'apprête à savourer la deuxième tout autant!

Nous sommes ensuite allés vers le nord, à la marina la plus proche, parce qu'il fallait faire le plein de gasoil et qu'il n'y en avait pas à Oban.

Ensuite, ça faisait déjà tard : nous sommes allés mouiller l'ancre à Ardencaple bay, pas loin, un peu plus au sud. (Notre objectif étant de contourner l'île de Mull par le sud pour remonter ensuite vers les Hébrides)
Encore une fois, nous avons eu plus souvent droit au "brumisateur" qu'au soleil...
La petite baie était très abritée et très mignonne, nous avons bien dormi.
Le lendemain matin, avant de partir, nous avons pris un petit sentier vers le pont de l'Atlantique, qui relie l'île de Seil au continent. Joli pont, effectivement. Bon. Moi j'avais hâte de reprendre la mer!
D'ailleurs j'ai perdu mon tour de cou en polaire, dans ma hâte...

Ensuite, nous avons mis le cap sur la pointe sud ouest de Mull. Les vents n'étaient pas favorables, quelle que soit la direction que l'on prenait (à moins de revenir sur Oban) : du coup, moteur.

J'avais vu Frédéric jeter un coup d'œil dans la cale, tout allait bien... Et puis Lydie descend, et je la vois regarder Frédéric d'un air interrogateur. Moi j'étais à la barre, je n'entendais rien.
Puis Frédéric et Lydie disparaissent à l'avant du bateau, là je me dis qu'il y a peut être un petit pépin..
Puis ils réapparaissent, Frédéric soulève le plancher, et là ! Que d'eau, que d'eau!!! Avec le moteur qui tournait, à moitié submergé, en faisant gicler l'eau partout! Et surtout sur les couchettes du carré!

Là, il y avait un tel volume, et surtout en si peu de temps, je nous ai imaginé dans le radeau de survie... Mais non, la pompe de cale à bien écopé, Frédéric à pris les choses en main, au bout de 20mn il n'y avait plus d'eau.
Sauf que le moteur et tout le barda avaient, encore une fois, fait trempette, donc il y avait plein de choses qui ne marchaient plus bien...

Nous avons fait demi-tour, vers la marina la plus proche : Craobh.
Dans la panique, Frédéric m'a indiqué un passage où nous étions face à un courant contraire... Et pas un petit courant : jusqu'à 5 nœuds! On s'est retrouvé dans un chaudron, avec des bouillonnements et des tourbillons partout autour de nous, à faire du surplace malgré les voiles appuyées du moteur!

Ah il était perturbé, le capitaine, pour nous faire faire un truc pareil!

Bref, arrivés à Craobh, Lydie et moi sommes allées faire la lessive des couchettes, qui étaient pleines d'eau de mer, et patienter au pub. Pendant que Frédéric nettoyait tout son moteur, ses batteries, son alternateur, son inverseur... Tout ça tout ça.

Finalement, la fuite viendrait d'une pompe de cale qui siphonne la mer : une vanne sera installée demain. Le moteur, une fois bien nettoyé et séché, marche parfaitement : nous repartirons !

Ce matin, je me suis réveillée pleine d'espoir : aucun bruit... C'est qu'il ne pleut donc pas?
10 secondes plus tard, grosse averse. Bon. Tant pis.
Nous sommes partis au moteur, face au vent et à la pluie, sous l'œil dubitatif des phoques.
Mais quand, au bout d'une heure, nous avons bifurqué dans le Sound of Mull, le vent s'est retrouvé dans notre dos! Avec une mer plate, c'était le grand confort. Et alors quand le soleil a pointé son nez (15mn environ), on se serait cru au paradis!

En plus nous avions le courant avec nous, on a fait une moyenne à 5-6 nœuds, c'était chouette.
La seule chose un peu irritante, c'est que l'on s'est fait doubler par un autre voilier, qui est parti un peu après nous d'une autre baie... Un anglais avec le blue ensign et le pavillon de son club, genre "j'me la pète" quoi! Pfff.

Une fois arrivés à Oban, nous sommes allés acheter des vivres. Il y a un grand Tesco avec tout plein de bonnes choses (du roquefort, du vrai jus d'orange...), donc on en a profité pour faire le plein.

Ensuite, nous sommes revenus au bateau (la marina est sur l'île en face, il faut prendre une navette), on a grignoté, Frédéric s'est penché sur l'inverseur qui était un peu lent (quand il faut 10 secondes pour enclencher la marche avant, les manœuvres sont parfois délicates!)... Et puis on a reçu un message : Lydie était arrivée!

Elle a pris un train plus tôt. Donc je suis retournée la chercher avec la navette : elle est très sympa, c'est coooool! Les soirées vont être un peu plus animées.
Je ne peux pas en dire beaucoup plus parce qu'elle a découvert l'existence de ce blog...

Voilà pour aujourd'hui, une bonne journée de navigation et de lutte contre le froid qui font que la nuit va nous profiter ; et une nouvelle équipière qui ne connaît presque rien à la navigation : de l'occupation en perspective.

Par contre, au retour du Tesco, le magasin de sport était fermé... Pas de duvet ce soir. Demain peut être.
Mais ce n'est pas si catastrophique que cela, je m'habitue. Je crois que c'était le choc thermique avec Marseille qui a été dur, mais maintenant le cap est passé!

Premier jour de navigation.
Sortie du chenal d'Arisaig au moteur, et puis on envoie les voiles, cap sud ouest. Ça y est, on navigue!

Il n'y avait que 25 milles jusqu'au mouillage de Carna, une île que Frédéric n'avait pas encore coché (dans son bouquin qui répertorie toutes les îles écossaises de plus de 40ha).
A 5 nœuds, ça ne fait guère que 5 heures. A 3 nœuds, ça commence à faire 8 heures...
Le vent a été tout à fait irrégulier en terme d'intensité, par contre pour la direction il s'est appliqué à être de face tout le long.
Et faire du près avec le bateau de Frédéric, c'est un peu comme faire du près avec l'Hermione... Ça marche pas bien...

Pour nous consoler, des dauphins sont venus jouer avec le bateau, ça c'était sympa ! J'ai filé à l'avant, à plat ventre, je les touchais presque alors qu'ils sautaient tout autour de l'étrave...
Il y en avaient même qui sautaient autour du cockpit, comme pour tenir compagnie aussi à Frédéric, qui m'avait gentiment pris la barre!

A part ça, c'était un peu monotone. Du crachin, des nuages, pas un rayon de soleil...

Le temps a complètement changé de manière de s'écouler. C'est comme ça, en croisière.
Parfois c'est lent à mourir, de regarder ce phare qu'on n'arrive pas à dépasser, ça doit faire une heure qu'on tire ce bord et ça avance pas, mais non ça ne fait qu'un quart d'heure...
Et prévoir un virement dans 1h, ça paraît long, mais le temps de s'habituer à l'idée, et hop, on vire!
Il ne reste que 4 milles... Oui mais 4 milles à 4 noeuds, ça fait toujours 1h, et t'avais promis qu'à 17h on serait au sec en train de boire le thé!
La fin, ca reste le plus long.

A l'arrivée, presque pas trempés (j'avais juste à hausser les épaules pour disparaître totalement dans mon ciré), un petit thé pour se réchauffer, et nous partons à l'assaut de Carna.

L'objectif principal est d'y poser le pied, l'objectif secondaire est de grimper au sommet.
Une fois le pied dessus, on n'a qu'une envie, c'est d'y monter! Après tout, le sommet à 169m, c'est pas haut, si?

A un détail près : une île inhabitée, y a pas de sentiers.
Après avoir bravé les fougères d'1m de haut, la bruyère impénétrable, les mousses qui s'enfoncent à chaque pas, on est arrivés à un petit sommet. Pour rejoindre le vrai, il fallait redescendre et remonter ailleurs... Bon, une autre fois peut-être! On avait déjà une belle vue de là-haut.

Sur la descente, on a croisé : des énormes limaces, des grenouilles, des traces de cerfs, des saules, des bouleaux, des sorbiers, des armeria maritima, des jacinthes. Et beaucoup de mousse, de fougères, et de bruyères. Et quelques satanés midges.

Au retour, on a pêché sous l'œil attentif de deux phoques (une mère et son petit). Quelques lieus de très petite taille... Mais qu'on a mangé quand même.
Et puis il s'est mis à pleuvoir très sérieusement, alors on est rentrés.

J'espère que demain il ne pleuvra pas autant... Nous devons rejoindre Oban, environ 25 milles aussi. Grande ville, où j' espère trouver un duvet plus adapté, et peut être même un "onesie", ce pyjama intégral... Je serais bien là-dedans... Avec une capuche, en polaire... Quoi c'est pas la saison? C'est toujours la saison, en Ecosse!

Ca y est, on flotte!
La mise à l'eau a été l'occasion de découvrir que la marche arrière ne s'enclenchait pas. Panique à bord... Les gens du port nous ont tractés jusqu'à la bouée de mouillage, et je suis repartie avec eux chercher l'annexe :
"- Comment on démarre le moteur déjà? Le starter, j'accélère...?
- Oui ben si t'y arrives pas tant pis, il te reste les rames, c'est calme ce soir!"

Je suis arrivée à l'annexe en question pleine d'optimisme et de confiance en moi, surtout que les gars du port s'étaient plantés un peu plus loin pour observer... Le problème n'a pas été le démarrage, mais l'étape d'avant : basculer l'hélice dans l'eau! Idiot... Fallait forcer en fait. Bon bref après 10mn a batailler, j'ai réussi, et j'ai démarré du premier coup. C'est pas beau ça? Alors, les filles et les moteurs, hein? Bon.
Quand je suis arrivée au bateau, Frédéric avait réussi à décrasser l'embrayage et tout fonctionnait. Ouf!

On a arrosé ça avec un verre de vin blanc accompagné des moules marinières (avec des perles dedans, en bonus! J'ai cru y laisser tous mes plombages!), avec les huîtres pour Frédéric, et pour finir le quatre quart. Sur un fond de violoncelle. Royal!

Aujourd'hui, Frédéric a décidé d'aller pêcher.

À marée basse, nous sommes donc partis en annexe vers les petites plages de l'entrée du chenal.

Il a fallu démonter et remonter une partie du moteur de l'annexe, évidemment, sinon c'est pas drôle! J'observe, j'apprends... C'est vrai que si tout marchait du premier coup, je ne saurais pas quoi faire quand ça ne marcherait plus ; là au moins, ça me donne des idées!

Bref, nous sommes quand même arrivés aux plages, en croisant un héron, un cormoran, des eiders (on pourrait pas en attraper pour les mettre dans mon lit?!), des sternes, des huitriers-pie... Et des phoques! Plein de gros balourds sur leurs rochers! On s'est un peu approchés, pas trop, c'était rigolo.

Arrivés sur la plage, l'objectif était de trouver des coques. Je ne savais même pas ce que c'était, mais bon, pourquoi pas.
Et là, pas de coques, mais des huîtres! Des huîtres plates de belon sauvage. Un délice, parait-il... Frédéric était tout content. On en a ramassé une douzaine de bonne taille, et puis des moules aussi, il y en avait partout.
On a ensuite changé de plage, et armés de nos petites binettes, on a déterré des coques. Pas aussi facile que les huîtres, les coques! Ça se mérite, faut en gratter du sable! Et tout ça sous la menace des sternes, qui attaquent si on s'approche trop du nid... Et visiblement, on n'en était pas loin.

Sur le retour, les phoques étaient à l'eau, on n'a pas pu trop les approcher. Ils étaient rigolos, sortant la tête comme un radar avant de replonger...

Et donc ce midi, on s'est fait les coques. Direct dans la casserole, sans eau sans rien, et c'était délicieux! Un peu comme des moules, en fait. On verra, on fait les moules ce soir.

Après cela, Frédéric est allé faire la sieste, mais pas moi... J'ai bien trop peur de mourir de froid!!!
Oui parce que ça, je n'en ai pas encore parlé : je suis continuellement en bataille contre la glaciation du bout de mon nez!
Non sérieusement il fait super froid.
J'avais du mal à y croire avant de partir, même si je m'en souvenais, et puis comme j'ai fait mon sac à la va-vite, en me disant que de toutes façons je n'irais pas en Ecosse, je n'ai pas pris grand-chose.
Et je me souvenais d'avoir eu trop chaud avec le duvet du Népal, alors j'ai pris le mien, beaucoup plus compact : "confort 15 degrés". Erreur!! La nuit, il doit bien faire 10, dans le bateau... Vu que ce matin à 9h, il faisait 11.
Du coup, la nuit, je met tous mes habits ou presque! Frédéric m'a aussi passé une couverture, donc ça va. Je laisse juste sortir le bout du nez, faut bien respirer, mais il risque de ne pas y survivre!

Enfin bref, j'ai froid quoi. Donc je ne fais pas la sieste. A la place j'ai fait un gâteau : ça réchauffe, et ça sent sacrément bon!





Iseult

Me revoilà en Ecosse.

Je suis arrivée hier, à Glasgow. Le petit crachin, les gens tout rouges, toujours souriants, et qui parlent un anglais incompréhensible : c'est comme s'ils avaient des chamallows dans la bouche!
Queenstreet station, le petit train avec ses 1001 arrêts, les collines, les lacs, le pont de Harry Potter... Les grosses écossaises rougeaudes (encore plus que les autres!), en T-shirt par 10 degrés, aussi gracieuses et bruyantes que les éléphants de mer...
L'Écosse, quoi!

Dans le petit train, (que j'ai réussi à avoir à midi), j'ai fait la transition climatique. C'est à dire que j'étais arrivée en sandales, alors au fur et à mesure que l'on montait vers le nord, j'ai mis des chaussures, puis un sous pull, puis un pull, puis un caleçon... Et là, je me suis rappelée qu'il faisait froid, en Ecosse.

Frédéric est venu me chercher à la gare, et on est allés au bateau. J'ai tout reconnu : la petite route, l'épicerie, la boîte aux lettres, le chantier... Et le bateau évidemment. Souvenirs, souvenirs...

La mise à l'eau est prévue lundi, par marée haute. Ca n'a pas pu se faire avant, les coefficients de marée étaient trop petit.

Dimanche, aujourd'hui donc, nous sommes allés grimper la colline qui surplombe Arisaig.
Le petit sentier, les fleurs, les oiseaux... Et puis la tourbe et les fougères. Les pas qui font "splouch splouch", mais c'est rigolo parce que tu sais qu'avec des bottes tu risques pas d'avoir les pieds mouillés!

J'ai un peu peiné pour arriver en haut, mais c'était très beau. On voyait bien la passe pour sortir d'Arisaig, où il n'y a presque pas d'eau! Et Jura, Skye, Mull, Eigg... Toutes ces îles, plus belles les unes que les autres, sur un fond d'eau bleue et de quelques nuages blancs - juste pour agrémenter le ciel!

Voilà, l'Écosse, c'est magnifique, j'ai bien fait de venir!

7h du matin, nous arrivons aux îles Scilly.

Îles Sorlingues, en français, paraît-il.

Après avoir guetté une fenêtre météo, nous sommes finalement partis de Milford Haven au moteur.
Pas de vent, c'est toujours mieux que de la pluie, alors profitons du beau temps plutôt que de croupir au pays de Galles.

Nous avons avancé à la voile environ 1h... Et tout le reste au moteur. 110 milles en tout, 21h de navigation.

Durant la journée, nous sommes passés dans des bancs de brume, c'était étrange... On les apercevait d'abord au loin, des nuages sur l'eau, puis on se rapprochait et l'on voyait de la vapeur courir sur l'eau... Jusqu'à ce que l'on y voie plus grand chose. Et puis tout d'un coup, le soleil perçait et il faisait de nouveau beau!

Après ça, nous avons vu... Des dauphins!
Des dauphins, des dauphins, encore des dauphins!
Plusieurs troupeaux sont venus jouer avec le bateau, au moins quatre fois, mais la troisième fois, il y en avait une cinquantaine!!!
Des dauphins partout, bâbord, tribord, à la proue, à la poupe! Et ça sautait, et ça sifflait, et ça faisait des éclaboussures!
Et on voyait sans cesse de nouveaux troupeaux arriver de toutes les directions!

Notre petit bateau était le centre de toutes les attentions. On aurait dit qu'ils n'avaient pas vu de bateau depuis des lustres, et qu'ils se bousculaient pour venir jouer autour de nous!

Ils nageaient à l'étrave, zigzaguaient, droite gauche droite gauche, et que je m'avance devant pour sauter, et que je tourne sur moi même, et que je te montre mon ventre, et que j'ouvre la gueule comme pour sourire!

Ils faisaient même des figures de natation synchronisée, nageant ventre contre ventre à deux ou à trois, sautant tous ensemble ou l'un après l'autre...

Bref, c'était magique!

J'ai pris un million de photos, et même des vidéos, je vous montrerai ça dès que possible.

Après ça, le soleil s'est couché dans un incendie de nuages, et les étoiles de sont allumées une à une.
J'ai bien reconnu la Grande Ourse et Cassiopée, mais mes compétences s'arrêtaient là.
Un peu avant la fin de mon quart, Frédéric à surgi dans le cockpit avec une lampe de poche et un "mini ciel" : regarde là c'est la polaire, là c'est Arcturus, le mini ciel ça marche comme ça, amuse toi bien je reviens dans 1/2 heure!

Alors voilà, le nez dans les étoiles, je me suis appliquée à reconnaître toutes ces étoiles et constellations dont les noms font rêver :
Arcturus du bouvier, à côté la Couronne, Venus, au sud Antarès du Scorpion, la Vierge et l'Epi, le triangle des nuits d'été : Véga de la Lyre, Deneb du Cygne et Altaïr de l'Aigle...

Et un peu plus tard, dans mon quart de 2h-4h, le ciel avait un peu changé : à la place du Scorpion il y avait le Sagittaire et le Capricorne, et derrière moi de trouvait la fameuse Algol, d'après laquelle sont nommés quelques bateaux...

Voilà, avec toutes ces étoiles, des soupes, et encore des dauphins qui sont venus nager avec le bateau, j'ai bien occupé mes quarts. Sans parler bien sur des cargos à surveiller, et du phare à repérer.

Vers 4h déjà, quand je suis retournée me coucher, on sentait les Scilly : elles sentent la marée.
Comme la Bretagne, dit Frédéric.
En tout cas, ce n'est plus l'Irlande paysanne qui sentait le fumier, ni l'Ecosse sauvage qui sentait la tourbe... On est presque arrivés.

Et puis 6h, grand ciel bleu, les Scilly toutes proches.
Nous étions toujours au moteur, la mer était d'huile.
Très jolie lumière sur les îles et les récifs, c'est beau... C'est vrai que ça ressemble un peu aux Glénans. En plus haut sur l'eau.

Et voilà! Nous avons mouillé l'ancre, et hop, au lit!

Samedi donc, nous avons passé la journée à Tresco, une des îles des Scilly.
La plus jolie, d'après Frédéric!

Nous avons débarqué avec l'annexe dans une eau turquoise, sur une plage de sable blanc, et avons fait le tour de l'île en passant par ses ruines de canonnières, en hauteur, puis par le village (1 boutique, 1 poste, 1 office du tourisme), et enfin Frédéric m'a indiqué le chemin pour aller visiter le jardin tropical, qu'il connaît déjà.

En effet, depuis la fin du 19ème siècle, le propriétaire de l'île faisait ramener de toutes les expéditions anglaises coloniales des plantes de tropicales ou méditerranéennes!

Malheureusement, le jardin fermait à 16h, je n'ai pas pu le visiter. Mais le reste de l'île en donnait un petit aperçu : des palmiers, des plantes grasses, des oiseaux de paradis, des fleurs de toutes les couleurs...

Et toujours entouré de cette eau turquoise!

C'était magnifique, un peu comme les Glénans, mais plus grand, avec en plus l'amour anglo-saxon des jardins bien entretenus !

Le soir, nous sommes allés boire une bière au pub (une bière des Scilly bien évidemment), d'où nous avons pu voir la météo : du vent de Nord Est, parfait! Mais qui risque de tourner : nous partirons donc le lendemain.

Nous sommes à Milford Haven, au pays de Galles.
Nous avons traversé hier, en 15h, depuis Arklow, la météo ayant eu l'air de dire que nous aurions du vent d'ouest.

Mais cette mer d'Irlande, franchement, elle commence à me taper sur les nerfs... Les différentes météos que l'on obtient (BBC, France inter, navtex, internet) sont toutes divergentes, et il n'y en a pas une de juste!

Bref, donc nous sommes partis avec un peu de vent, qui n'a pas arrêté de changer.
On a eu un moment de grand ciel bleu, puis tout d'un coup on s'est retrouvés sous du grand ciel gris, avec de la brume et du crachin!

Une brume assez épaisse, on n'y voyait pas à 1/2 mille, on devinait tout juste les rouleaux qui s'écrasaient sur les falaises des îles autour de nous... Un peu intimidant.
Mais avec le radar, pas de problèmes, et nous avons fini par arriver dans encombre au chenal de Milford Haven.

Et là, on s'est tout d'un coup retrouvés entre des lumières rouges, vertes, blanches, et la corne de brume du phare!
C'est plus aigu que ce que j'imaginais, on aurait dit un "La", comme dans le téléphone.

Voilà, on a fini par mouiller l'ancre au bout de 15h de navigation, pas loin des norvégiens, qui ont pris la même route que nous mais avec leur super bateau, ils étaient arrivés bien avant!

Aujourd'hui, il fait beau, et le petit village en face duquel nous sommes ancrés est très joli sous le soleil. On s'approche du sud : il y a des palmiers!

Dure journée...

La météo nous a menti! On nous a annoncé du beau temps et du vent de nord ouest, nous avons eu pétole et de la pluie...

Nous sommes partis de Glennarm tôt ce matin malgré l'aspect peu engageant du ciel, car le capitaine souhaitait sortir du chenal du Nord où la marée décide de nos horaires.
Et bien sûr, les désirs du capitaine sont des ordres!

Une longue étape donc, environ 9h dont environ 7-8 au moteur sous la pluie. Et pas du crachin, hein, de la vraie pluie qui mouille!
Nous nous sommes relayés à la barre, cette fois, heureusement...
Si le capitaine veut faire une étape sous la pluie, qu'il se mouille aussi!

Vers la fin la brume s'est levée, la pluie s'est arrêtée et le vent a commencé à souffler timidement, ce qui fait que nous avons pu arrêter le moteur et terminer à la voile.

Nous sommes maintenant à Ardglass, toujours en Ulster.
Le gérant du port est un vieil irlandais qui veut à tout prix parler espagnol, et un chien qui ramène tout ce qu'il trouve aux pied des plaisanciers dans l'espoir qu'on le lui lance!

Frédéric, qui est déjà venu deux fois, m'a dit qu'il y avait aussi un homme avec deux loups domestiques qui tenait un magasin dans le village, nous irons voir ça demain!

Car demain, c'est repos. Le mauvais temps est annoncé... Et nous ne ferons pas une autre longue étape sous la pluie!

Après-demain,nous irons probablement à Dublin.

Voilà... Je suis en train de préparer le repas du soir, c'est à dire de vider une boîte de conserve de "chunky steak with gravy" dans une casserole... Et l'aspect est vraiment douteux!
Ces pauvres anglais ils ne savent vraiment pas manger!

Nous sommes en Ulster!

Nous avons descendu le pavillon écossais pour hisser à la place le "Red Ensign", pavillon britannique... Bye bye Scotland!

En nous éloignant, nous avons pu observer que les nuages restent presque exclusivement sur les collines écossaises! Pauvres écossais...

Niveau navigation, nous sommes partis au moteur - le vent ne s'était toujours pas levé, puis peu à peu nous avons mis les voiles, et nous nous sommes fait entraîner par le courant, jusqu' à 9 nœuds entre le Mull of Kintyre et l'île de Rathlin!

L'approche de l'Irlande était assez sympathique, le soleil a pointé le bout de son nez, on se serait cru en Méditerranée! Enfin, à part le ciré, les bottes, le bonnet, les gants...

Avec la brume, l'île ne paraissait pas si verte, mais la mer par contre, oui!! Verte comme un leprechaun!

Puis le courant à commencer à se renverser, nous avons du remettre le moteur devant la menace de reculer plutôt que d'avancer.

Et nous voilà arrivés a Glennarm, petit village de pêcheurs où, pour une fois, la douche du port est gratuite et non minutée!
(La douche de 6mn de Stornoway avait failli mal se finir...)

Ce matin, nous sommes partis de Colonsay avec pétole, et beaucoup de nuages malgré la courbe du baromètre qui crève le plafond... Il ne fait donc jamais vraiment beau, dans ce pays?!

Nous avons mis le cap sur Islay, comme prévu, et avons fait toute l'étape au moteur. Et au pilote automatique.
Heureusement, Frédéric veille : il nous a évité d'agrandir le trou dans la quille en repérant de justesse des rochers affleurants.

Une fois au mouillage, nous avons débarqué avec les vélos pour aller visiter une distillerie, et faire un petit ravitaillement à port Ellen.
Le temps d'arriver à la distillerie que nous avions choisi, il était trop tard pour la visite ; mais nous avons quand même eu droit à une petite dégustation, confortablement installés dans des canapés en cuir, dans une pièce avec parquet et vue sur la mer... Verry verry nice!
Nous sommes allés à une seconde distillerie, où nous avons eu deux verres cette fois-ci!

La visite était intéressante, enfin pour ce que j'en ai compris... Notre guide avait un accent écossais à couper au couteau! Dès que je n'étais plus concentrée, j'avais l'impression qu'elle parlait gaélique!

Alors le whisky, c'est vrai que c'est du bon whisky, et je sens bien le raffinement et quelques subtilités, mais... Ce n'est pas une boisson de femme! Je n'ai pas pu finir mon dernier verre!

Et puis le retour... Dur dur... Il y avait une douzaine de kilomètres, et autant à l'aller j'étais motivée, autant au retour... Avec le crachin qui s'annonçait et les moustiques qui s'écrasaient dans nos yeux...

Bref. Demain, nous avions le choix entre plusieurs stratégies pour passer le chenal du Nord et rentrer en mer d'Irlande (selon les courants, la météo, les escales prévues...), dont l'une impliquait de partir à 3h du matin, et l'autre à 7h.
Je suis soulagée, le capitaine a choisi 7h!

Je vais me coucher, et pour une fois il fait assez sombre.
En effet, quand nous étions plus au Nord, le soleil se levait vers 5h et se couchait vers 23h! Donc avec mes 10 larges hublots du carré, la seule solution était de cacher ma tête dans mon sac de couchage!

Ce soir, nous dormons dans le paisible mouillage de l'île de Colonsay.

Après être partis tôt ce matin d'Arisaig, dans le froid et la grisaille, avec la houle qui me mettais un peu l'estomac à l'envers, je commençais à me dire que le bateau, ça n'était peut être pas pour moi finalement...

Que de bêtises, le moral est revenu avec l'arrivée du soleil et du vent portant!

Nous avons dépassé les îles d'Eigg, Tershnish, Staffa (célèbre pour ses colonnes de basalte, effectivement impressionnantes), Mull, Tiree, puis Iona, île touristique avec une foule de bateaux au mouillage (au moins 4!), et enfin on aperçut Colonsay au loin, devant Jura et ses trois "Pap's" (les trois sommets auxquels on reconnait l'ile de Jura).

Pas de mammifères marins aujourd'hui, mais pour une fois des bateaux à observer :

Un Endurance comme le notre nous a rattrapé sur bâbord, incompréhensible : il avait deux ris dans la grand voile, le génois seulement à moitié déroulé, au près ; et il avançait plus vite que nous qui étions au bon plein, avec le génois, la grand voile et l'artimon! Et à 7 nœuds, s'il vous plait!
... Puis on a compris qu'ils étaient au moteur. Sacrés farceurs.

A part ça j'ai vu au loin un joli bateau en bois avec des voiles "cachou", qui sont de vieilles voiles qui étaient teintes en brun-rouge à l'époque. Je n'en ai jamais vu en France, je trouve ça très joli.

Puis nous sommes arrivés à Colonsay, et nous avons débarqué immédiatement pour grimper en haut de la colline qui surplombe le mouillage, tant qu'il y avait encore du soleil!
En effet, comme dit Frédéric : en Écosse, même quand il fait beau il fait pas beau...

Nous avons découvert une vue magnifique sur toutes les îles alentours, et vers l'intérieur, plein de petites collines vertes, peuplées de moutons et de chardons. Le tout avec une lumière de soleil couchant. Superbe!

Demain, la météo n'est pas très claire donc notre itinéraire est incertain, mais il passera par l'une des 7 distilleries de whisky d'Islay, ça c'est sûr!

Dimanche : rien de très excitant.

Nous avons bravé les éléments en tenue de scaphandrier pour aller à terre chercher les vélos de Frédéric et se ravitailler en produits frais, et puis nous sommes rentrés au bateau lire, broder, boire du thé...

La météo n'est pas très sympa : après ce coup de vent (qui ne nous a pas trop secoué: la baie est bien abritée), on aurait pu espérer un peu de vent du Nord et du beau temps... Mais non, une autre dépression se forme un peu plus bas et viens nous faire coucou dès mardi!

Nous ferons donc une grande étape demain (lever 5h!), puis nous serons probablement encore bloqués un ou deux jours...

Nous sommes enfin revenus à Arisaig.

Nous pensions rester à Canna en attendant le coup de vent, mais puisqu'il n'arrivait pas et que le temps n'était pas trop mauvais, nous avons décidé d'avancer un peu, et de passer le coup de vent à Arisaig.

Ce matin, nous avons quand même débarqué sur Canna histoire de visiter un peu, entre deux averses... Mais on s'est quand même fait rincer! Heureusement, cirés et bottes remplissent leur rôle efficacement.

Puis nous avons mis les voiles, pleins d'optimisme, voyant un coin de ciel bleu à l'est... Mais cette fois ça n'a pas marché, nous n'avons eu que de la grisaille et un peu de crachin, pendant que l'on surveillait avec angoisse les nuages qui nous rattrapaient par le sud.

Très peu de vent, nous devions être au cœur de la dépression... Du coup nous avons fait la moitié en somnolant à la barre (bercé par la houle, avec la barre toute molle, le vent dans le dos... Difficile de rester éveillé!) , et l'autre moitié au moteur.

Nous avons longé le nord de l'île de Rhum, et l'est de l'île de Eigg. Toujours jolies à regarder, toutes ces îles, même par mauvais temps!

Nous avons vu une petite baleine, une "minky whale" d'après le capitaine. Elle est remontée respirer au moins 5-6 fois! Mais je n'ai pas réussi a prendre de photo.

Puis nous sommes enfin arrivés à Arisaig, sous la bruine... Ça devient fatiguant. Enfin, il parait qu'après la dépression, on aurait droit à une "dorsale anticyclonique", ce n'est pas un anticyclone mais enfin... Ce serait déjà mieux...

Demain, nous nous apprêtons a passer une journée de repos tranquille au bateau, en attendant que la tempête passe.

Le programme serait : dans une semaine à Dublin, dans deux semaines à Folleux. Si les vents le veulent!

Nous sommes arrivés à l'île de Canna, après une longue étape (11h).
Il n'y avait pas beaucoup de vent, et puis le peu qu'il y avait nous arrivait encore de face...
Du coup, nous avons fait la moitié au moteur.

En ce premier jour d'été, j'espérais avoir enfin du beau temps...

Hier soir, il faisait 11•C dans le bateau, Frédéric s'est décidé à allumer le poêle pour la soirée.
Ce matin, pas de changement, du gris et du froid...
Et puis au fur et à mesure de la traversée, nous avons vu du ciel bleu se rapprocher!
Nous avons pu profiter de quelques heures de soleil, mais qui s'est ensuite caché derrière tout un tas de nuages : cirrus, alto cumulus et strato cumulus (eh oui j'en apprend des choses!)...

La BBC nous a d'ailleurs poétiquement annoncé une dépression "unusually vigorous".

Pas encore pour tout de suite, l'été!

Heureusement, nous sommes arrivés au mouillage juste avant la pluie, c'est déjà ça.

Nous avons encore vu des dauphins, qui ne sont pas restés très longtemps avec le bateau, mais qui sautaient comme des fous! C'était superbe! Ils avaient l'air très excités!

A part ça, deux marsouins de loin, et je ne compte plus les macareux, pétrels fulmar, petits guillemots à miroir, pingouins... Qui sont toujours là pour distraire le marin!

Aujourd'hui, nous avons visité les îles Shiant, du gaélique "îles enchantées".

C'est un archipel de trois petites îles, avec des grandes falaises composées de colonnes de basalte (comme la chaussée des géants en Ulster).
Les îles sont désertés, et ne sont habitées que d'oiseaux, moutons, et de rats noirs (ceux qui propageaient la peste).

Nous n'avons pas vu les rats, mais surtout les oiseaux, principalement des guillemots, pingouins, et surtout des macareux!!! Beaucoup, beaucoup de macareux!!!
Il y aurait sur ces îles 2% de la population mondiale de cette espèce.

Il y en avait partout, et pas sauvages du tout : on les approchait à 3m!
Et ils sont TROP MIGNONS !!! Ce sont les plus joli oiseaux du monde!
J'ai hâte de pouvoir vous montrer les photos. J'en ai pris une centaine, je ne pouvais plus m'arrêter, a chaque pas il y en avait un plus près, plus joli...

Nous sommes montés au sommet (160m) : très belle vue, un vent a décorner les bœufs, et un grand Labbe qui nous surveillait du coin de l'œil... Frédéric m'a dit qu'ils n'hésitaient la à attaquer en fondant en piqué sur l'intrus, ne virant de bord qu'au dernier moment. Je me suis donc approchée pour voir, mais il n'a fait que s'éloigner.

Départ assez épique, le vent et les vagues avaient forci et étaient contre nous lorsque l'on a voulu rentrer au bateau avec l'annexe... Frédéric me dit : vas-y, rame.
Je rame, mais bon, vous me connaissez... On ne tarde pas a se retrouver de travers, avec des rochers pas très loin.
Il prend les rames, nous remet droit, me dit "vas-y, rame droit!" (Pendant qu'il remet le moteur a l'eau et le démarre)
Euh, oui, d'accord... Échec complet!

Bref, Frédéric gère tout, et moi j'aurai besoin de m'entraîner au calme!

Puis nous avons fait route vers l'île de Scalpay.

Comme le matin, nous avons eu le vent "dans le pif", ce qui veut dire qu'on a fait du près et tiré des bords, en se prenant tout le vent dans la figure : ça fatigue.
Et j'ai enfin compris pourquoi Frédéric ne voulait pas partir pour la traversée vers les Féroé avec le vent en face : le bateau est très, très mauvais pour remonter au près!

Mais bon, avec de la patience on y arrive...

Nous avons vu une bête, dans l'eau, mais pas très bien : un jet d'eau, une grosse nageoire caudale, une grosse masse... Ce serait soit un globicéphale, soit une orque.
J'espère qu'on en verra d'autres, et mieux!

Arrivée au mouillage a 20h, ouf! Nous sommes épuisés. Une soupe, des raviolis, et au lit!

Demain, nous allons nous reposer ici : le vent est toujours contraire pour descendre vers le sud.
Il y aurait des tisseurs de tweed dans le petit village en face de nous (eh oui, nous sommes sur l'île de Harris : Le Harris Tweed, c'est fait ici!), je vais aller voir ça de plus près ; Frédéric veut aller poser le pied sur une nouvelle île, et pêcher fructueusement !

Voilà pour le programme. En plus, le baromètre, notre cher gourou, reste stable après être un peu descendu, donc a priori me temps devrait être le même demain, c'est à dire changeant mais avec de soleil et sans pluie.

A propos du changement de programme, bon, l'ambiance est un peu morose, c'est sûr... Adieu, rêves d'icebergs, soleil de minuit, pétrels arctiques, ours polaires sur la banquise, glaciers de 10km de large...
Thornshaven, Reykjavik... Les Inuit...

Bref, c'est dur, mais c'est comme ça. Donc on essaye de profiter de ce que l'on voit en attendant! Surtout que pour moi, tout est nouveau, donc même si ce n'est pas ce à quoi je rêvais, c'est quand même quelque chose.
Et c'est sacrément beau.

Après notre départ de Stornoway, nous avons mouillé l'ancre un peu plus au Sud, entre l'île de Lewis et l'île de Lubhard, 87e île de Frédéric! (sur 162, je me suis trompée la dernière fois).

Nous y avons donc débarqué, et sommes montés au point culminant - 76m, pas trop difficile!

Nous avons rencontré un bouc, un petit lac, et des petites plantes carnivores comme celle que j'avais chez moi! (Drosera)
La lumière était très belle, un soleil couchant dans un ciel dans nuages...
(Je ne peux malheureusement pas télécharger de photos depuis mon téléphone, si je trouve un ordinateur je le ferai...)

En rentrant au bateau, Frédéric a essayé de pêcher le lieu a la traîne pendant que je conduisais l'annexe entre les îles, les cailloux et le bateau, mais il n'a récolté que des algues.
Ç'a donc été régime salade...
Mais non je plaisante! On mange pas les algues ici...

Aujourd'hui, nous avons finalement opté pour Stornoway plutôt que Ulapool, du fait des vents de Nord Est.

Nous sommes partis du joli petit mouillage où nous avions passé la nuit vers 9h du matin, pas pressés, pour accoster un peu plus loin sur une petite île que Frédéric n'avait pas encore coché sur son guide des 126 îles écossaises de plus de 40ha ! C'était sa 86eme.

Accostage un peu délicat, des vagues, du vent, des rochers... J'ai glissé sur une pierre et ai mis le pied dans l'eau jusqu'au genou. Mais surprise! Mon ciré comme mes bottes sont parfaitement étanches! C'est fantastique!

Nous avons grimpé quelques mètres parmis les fougères et la bruyère, pour arriver au point culminant. En cours de route, je remarque des goélands au dessus de nos têtes, et Frédéric me dit : Ah oui! Faut regarder où l'on marche, parce que si on s'approche des nids, ils deviennent un peu agressifs!
Bon, très bien...

Arrivés en haut, justement, un nid, une coquille d'oeuf... Et une petite boule de poils gris dans une touffe d'herbes.
J'ai mis un moment a réaliser que c'était un bébé goéland avec son duvet bien fourni, qui tremblait de peur devant nous!

Nous sommes partis, cap au Nord Ouest, sur les Hébrides Extérieures!

Une petite traversée, un peu longue car le vent arrivait du Nord, bien frais! Et avec des vagues respectables, j'ai eu le mal de mer dès que j'ai lâché la barre. J'ai donc barré tout le long, sur les quelques 30 milles du trajet.

Un peu avant l'arrivée a Stornoway, des dauphins sont venus nager avec nous! Il devait y en avoir une dizaine, juste a côté du bateau, j'aurais pu les toucher!

Le programme, maintenant, c'est de surveiller la météo et de se reposer avant la traversée pour les Féroé, a priori départ mardi, 4h du matin!

Frédéric a eu une mauvaise surprise en inspectant le moteur hier : cale pleine d'eau, qui s'est mélangée à l'huile du moteur...

Après multiples vidanges, coups de téléphone, inspection de toute la coque, etc etc ... Le verdict est tombé : la quille est fissurée (fissure déjà connue mais qui ne posait pas de problèmes auparavant), impossible de partir pour une croisière "engagée", comme il dit.

Nous allons ramener le bateau en Bretagne, au chantier où il était avant de partir en Écosse, pour que Frédéric puisse réparer ça correctement, parce que ça ne peut plus tenir avec les "pansements" qu'il faisait jusque là.

Il m'a proposé de débarquer et de faire du bateau-stop, pour continuer un peu dans le Nord, mais je ne peux pas partir comme ça! On va donc rentrer tous les deux, en passant par Arisaig où il y a des choses à récupérer, puis le sud de l'Écosse, la mer d'Irlande, les îles Scilly, et enfin la Bretagne.
Environ 3 semaines.

Je suis un peu déçue, forcément, mais je me dis que ce n'est que partie remise! J'irai, au Groenland, un jour...
Et pour mes vacances c'est sur que c'est un peu dommage, enfin bon, je trouverai bien quelque chose à faire.

En attendant, je vais continuer d'apprendre la navigation et tout ce qui va avec, et je n'oublierai sûrement pas qu'en bateau, on ne fait pas ce qu'on veut!!!

[img]https://www.enroutes.com/album_pic-103498.jpg[/img]

Nous sommes au mouillage dans le Loch Gairloch , derrière la petite île d'Horrisdale.

Après une nuit humide, nous sommes partis à 8h pour avoir les courants avec nous pour passer Kyle Rhea , un passage étroit entre l'île de Skye, et le pont un peu plus loin qui la relie au "continent" ( Mainland )

Le passage était peuplé de phoques en train de nager, on voyait leur petite tête dépasser...

Ensuite, ç'a été un peu long... On avait le vent pile derrière nous, donc on a dû tirer des bords, avec peu de vent et la houle qui venait de l'arrière tribord, qui nous berçait... J'ai lutté contre le sommeil tout l'après-midi!

Voilà pour le voyage.

A part ça, le temps est très variable, nous sommes entre deux dépressions, donc on a eu un peu de soleil mais surtout des nuages... Pas d'averses, on peut s'estimer heureux!

Il fait plutôt froid, 15•C dans le bateau hier soir. Mais ça va... J'ai de quoi d'habiller dans la journée, et la nuit je meurs de chaud dans mon sac de couchage en plume!
C'est juste un peu contraignant de porter toutes ces couches dans la journée (2 Tshirts manches longues, un pull, deux caleçons thermiques, et surtout le ciré complet!), parce que forcément on se sent un peu engoncé...
Surtout que mon ciré tout neuf est aussi tout raide.
Alors quand je veux tourner la tête pour regarder le paysage, je réfléchis : est-ce que ça vaut le coup de risquer déplacer mon écharpe et mon bonnet, prendre le vent dans la figure et me refroidir alors que j'ai enfin le nez chaud? !!!

Mais bon. Je crois que c'est aussi parce que j'étais somnolente toute la journée que ça m'a paru difficile!

Je ne sais pas trop ce que l'on va faire demain, le vent est annoncé Nord Est, ce qui n'est pas très bon pour notre route.


Ps: sur la carte, point approximatif au fameux pont
Pps: joyeux anniversaire Guy! Ça me fait très plaisir de savoir que vous me lisez avec Babou. Bises!

Nous sommes partis assez tard de Mallaig, et nous avons mouillé l'ancre 9 milles plus loin, entre l'île d'Ornsay et l'île de Skye.
Nous avons fait une petite ballade sur l'île de Skye, c'était très joli.
Tout ici me rappelle la Normandie : les petites maisons blanches avec les toits en ardoise, les sentiers bordés de végétation luxuriante, avec toutes les fleurs que je faisais sécher dans un bottin! Surtout les boutons d'or, j'adore les boutons d'or!
Et les jardins sont pleins de rhododendrons de toutes les couleurs! Je me souviens vaguement d'une histoire de creuser des trous dans le jardin pour les planter...

Nous avons trouvé sur le bord du sentiers plusieurs coffres avec des œufs frais, du miel du jardin, etc... Avec les prix dessus, et une petite tirelire. C'est charmant!

Repas du soir : pizza / salade. Pas trop mal!

Nous sommes arrivés à Mallaig, toute petite ville, mais quand même plus grande qu'Arisaig.

La navigation s'est bien passée, le temps est écossais (ciel gris, nuages bas, crachin de temps en temps), avec peu de vent et peu de houle. Et vent arrière, ce qui est quand même bien plus agréable, surtout quand il est froid comme ici.

Donc plutôt bien pour un premier jour!

Je n'ai pas eu le mal de mer, juste quelques points d'interrogation qui s'affichaient dans mon cerveau quand il y avait une grosse vague...

Frédéric me fait quasiment tout faire, c'est super, j'apprend tout comme ça!
Donc j'ai hissé les voiles, puis barré...
Il connaît aussi tous les oiseaux ou presque, et me décrit tout d'un ton passionné!
Je sais maintenant reconnaître un fou de bassan, une sterne, un guillemot, et euh... Un puffin... Et j'ai oublié les autres! Pas grave je m'y remet demain.

A Mallaig, nous avons fait les courses pour le ravitaillement, étant donné qu'à Arisaig il n'y avait qu'une minuscule épicerie. Nous avons fait trois aller-retours les sac a dos plein de vivres, et c'est pas encore fini!
On ne trouve pas tout ce qu'on veut, évidemment...

Ensuite nous avons mangé un traditionnel fish&chips, et nous sommes venus au pub pour consulter la météo sur le wifi. Et boire une bière, puisqu'on est là!

Nous devrions être prêts a traverser vers les Féroé lundi, mais le vent sera Nord et fort, donc pas bon... On attendra probablement mardi ou mercredi. Je pourrais vous tenir au courant, puisqu'on sera dans une ville, soit Stornaway soit Ulapool.

Demain, mouillage sauvage pour pêcher, car Frédéric a envie de poisson frais. Avant ou après le pont reliant l'île de Skye et the Mainland, selon l'heure a laquelle on y sera (fort courants sous le pont!).



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Ça y est, le voyage commence!

Nous ne sommes pas encore partis, mais nous sommes à l'eau, ce qui est quand même vraiment plus agréable... Et le temps est redevenu Ecossais : gris, froid, avec du crachin.

Tout est donc rentré dans l'ordre, on peut rentrer dans le vif du sujet!

Nous sommes au mouillage à l'extérieur du port, et nous partirons demain matin pour Mallaig, une petite ville plus au Nord ayant deux supermarchés : on pourra faire un vrai ravitaillement.

Encore des choses lourdes à porter en perspective... J'ai mal aux bras rien que d'y penser!

A propos, on dit que les anglais mangent mal, mais ils ont quand même de bonnes choses : le porridge au petit déjeuner (si si, quand il fait froid, avec du miel!), les chips au vinaigre, la bière, le pain noir (en Irlande surtout, ici je ne sais pas trop), la marmelade, le bacon, les fish & chips au vinaigre...
Et j'ai vu du beurre de cacahuète dans les rayons, je pensais que c'était américain mais ça a peut-être été importé pas les anglais?

Enfin bref, puisqu'on se prive de tomates, melons, cerises, courgettes... Profitons des produits locaux!

Ce soir, on ira dîner au petit restaurant pas loin du port, pour fêter le départ.

Et demain, on lève l'ancre!

Aujourd'hui le temps a été un peu moins agréable que les deux jours précédents, qui ont été presque méditerranéens!
Le vent s'est sérieusement levé, et du coup, on n'a pas eu chaud.
Ce qui ne m'a pas empêché de prendre des couleurs (enfin, surtout du rouge) sur le visage...

Nous avons révisé le moteur et rematé comme prévu, avec réglage des haubans, installation de la baume, de la grand voile, des étais de trinquette et de génois...

On a aussi installé des chandeliers qui permettent d'ouvrir les filières sur les côtés. Enfin, je dis "on", mais à part visser les boulons de l'intérieur (et découvrir que la fibre de verre, il vaut mieux éviter de s'y frotter!), je n'ai pas fait grand-chose.

Sauf que, pour mettre les nouveaux chandeliers, il fallait déplacer les anneaux de la ligne de vie, et puis aussi les fixations de l'échelle de bain - autant qu'elle soit en face de l'ouverture!

Donc, ça a pris un moment. Frédéric est toujours dessus d'ailleurs!

Enfin bref, j'apprends le bricolage, et vous me verriez manier la pince et le tournevis...
Eh bien vous rigoleriez! Oui, je ne suis toujours pas très douée. Disons que je n'ai pas fait ça toute ma vie, alors je manque d'expérience!
Il me faut 3 plombes pour visser un écrou, et je sens que Frédéric s'impatiente de temps en temps!

Il faudrait que je lui dise que de me crier "c'est bon?" toutes les 5 secondes ça n'aide pas...

Mais bon, tout s'est bien passé.

La mise a l'eau était prévue pour ce soir, mais comme on n'était pas prêt, ça sera demain matin.

Et le départ, peut être même après-demain parce qu'il faut la marée descendante, qui sera a priori trop tôt le matin pour être prêts, ou trop tard le soir pour aller nulle part.

Voilà! Je vais aller errer devant l'hôtel qui est devant le chantier encore une fois pour envoyer ce message sur la toile : je capte leur wifi... Ils vont commencer a de demander ce que je fais, tous les soirs devant chez eux!


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Après avoir pris l'avion puis le train, j'ai retrouvé Frédéric à Glasgow, pour la dernière étape du voyage : train jusqu'à Arisaig, dans le Nord Ouest de l'Ecosse.

J'ai rencontré 3 personnes dans la file des passeports, qui m'ont abordés en voyant mon ciré : "vous allez naviguer?"
On a un peu discuté, mais pas beaucoup, je n'avais pas vraiment envie sur le moment... Et dans le train, ils sont passés nous voir, car ils allaient dans la même direction et étaient intrigués de notre destination...

Et voilà que Alain et Frédéric s'engagent dans une conversation de 2h :
" Mais on s'est rencontrés l'année dernière!
Et je suis allé la, et toi aussi? Et tu connais peut être machin? Mais oui c'est mon meilleur pote!
Et lui ils nous a donné toutes des cartes!
Et bidule, mais bien sur, on ne connait que lui dans le Nord!"

Bref, vous avez compris : le monde des navigateurs dans le Nord est petit.

Et pour en rajouter une couche, le même Alain est médecin!

Voilà, donc deux premières heures de train très sympathiques!

La suite a été un peu longue, faut dire que 6h de train après toute une journée d'avions et de bus, c'est long.
Mais les paysages étaient très jolis, et nous avons circulé sur la ligne du train d'Harry Potter!
Enfin il commençait a faire sombre, je n'ai pas bien vu.

Arrivés à Arisaig, une passagère du train nous a déposés en voiture au chantier, qui était a une vingtaine de minutes a pied... Donc sympa!

On a débarrassé les couchettes vite fait, puis on s'est couchés vers minuit et demie.

Ce matin, lever 7h... 7h20 pour moi, j'ai un peu traîné!
Et au boulot!

En vrac, on a : rangé toutes nos affaires, fait quelques courses, gonflé l'annexe, installé l'éolienne, ramené quelques bidons d'eau (on est trop loin du robinet...), mis un nouvel antifouling sur la coque, installé la voile d'artimon - et je suis montée jusqu'au milieu du mat pour y mettre les lazyjacks! , préparé le mat, installé les lignes de vie...

Bref, a partir de 16-17h, j'étais E-PUI-SÉE !!!

Enfin, la journée s'est finie doucement, on a enfin mangé un vrai repas : ça fait du bien!
Et surtout... On s'est douchés, et ça aussi ça fait du bien!
La douche du bateau est pas mal, enfin surtout tant qu'on est au chantier et que l'on n'est limités ni en eau ni en électricité.

Et voilà... Je vais aller me coucher, alors qu'il fait encore jour! J'imagine que je peux commencer a m'habituer...

Le programme de demain : installation du mât le matin, révision du moteur l'après midi. Et sûrement mille autres petites choses.

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