Petit bonhomme de chemin

Jour 91

Le 30/09/11, 2:54

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Aujourd’hui, je reste au bureau pour boucler pas mal de dossiers. Et il ne faut pas que je traine car, en plus du cinéma que j’avais initialement prévu, j’ai finalement décidé d’aller boire un verre avec Lorenzo qui passe sa dernière soirée à Cusco avant de reprendre la route pour Puno puis la Bolivie.

Une fois de plus, le film diffusé au cinéclub Pukllasunchis est très poignant. Je deviens une vraie madeleine au cinéma: je sors de la salle les yeux tous rouges. Heureusement, j’ai une demi-heure avant de rejoindre Lorenzo et sa bande au Paddy’s Pub, The highest 100% Irish owned pub in the world (c’est leur slogan). Je flâne dans les rues pour me changer les idées et passe devant ce que j’appellerais « le mur des revendications ». Un mur de l’université où divers collectifs protestent ou défendent des causes au travers d’affiches. L’autre jour, il s’agissait d’une demande de libération du frère de l'actuel président Ollanta Humala, Antauro, qui purge actuellement une peine de prison suite à une prise d’otages qui a fait quatre morts. Aujourd’hui, les affiches interpellent les touristes sur l’impact environnemental de leur présence à Cusco. Comme quoi nous ne sommes pas les seuls à être préoccupés par ce sujet et, peu à peu, les gens se bougent.


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Jour 90

Le 29/09/11, 2:38

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Ce matin nous sommes priés de nous mettre sur notre 31 car nous avons un rendez-vous avec le coordinateur du projet Qhapaq Nan au ministère de la culture. C’est sans compter sur les petits aléas de la vie ici. Ce matin, il n’y a pas d’eau dans ma douche. «Pas de souci. Je vais t’arranger cela de suite », me dit le Señor Delfin en me proposant de l’accompagner sur le toit pour me montrer comment résoudre le problème s’il se présentait à nouveau. En effet, ce serait bien de ne pas avoir à dépendre de lui au moindre petit pépin mais je ne pensais pas que cela impliquerait que je m’improvise technicienne en panneaux solaires... Décidemment, ici, j’aurai vraiment fait de tout... Au final, le Señor Delfín était bien trop optimiste. Pour résoudre la panne, il faudra attendre l’arrivée de Miguel, un des ouvriers (maçon de son état mais, tant qu’à faire, on l’a aussi chargé de presque toute l’installation électrique du bâtiment. Raison pour laquelle, quelque mois après, on s’est rendu compte que nous n’étions pas aux normes et qu’il a fallu tout recommencer à zéro...). Quand l’eau coule enfin dans ma salle-de-bain, il est 8h50. Je n’ai plus le temps pour une douche. Tant pis, j’y vais comme ça. Pour l’occasion et pour la première fois depuis mon arrivée, j’ai sorti mes talons hauts, on va dire que cela compense mes cheveux gras...

Une fois sur place, je me rends compte que ces efforts je les ai fait pour rien. Le responsable n’est pas là et a délégué à une petite jeune, membre de son équipe, la tâche de nous recevoir. Erland est sur le point de sortir de ses gonds. Je ne l’avais rarement vu comme cela. Il est venu trois fois sur place pour préparer cette réunion et s’assurer que le coordinateur serait là. Comme on lui avait confirmé que ce serait le cas, il avait fait se déplacer toute l’équipe et Aurelio. Et nous voilà en face de cette demoiselle qui n’est évidemment pas en mesure de négocier un quelconque accord de partenariat. La seule chose qu’elle puisse faire est de nous fournir des informations que visiblement elle ne maitrise pas puisque qu’elle n’est capable de répondre à presque aucune de nos questions. De toute façon, nous nous rendons bien compte que leur projet n’est guère plus avancé que le nôtre. Et cerise sur le gâteau, lorsque la jeune fille qui s’occupe de nous veut nous remettre le peu de documents qu’elle a à sa disposition, sa collègue l’interrompt en lui signifiant que nous ne pouvons obtenir ces plans gratuitement. Le prix est exorbitant. Heureusement qu’il s’agit d’un service public... Ce fut là ma première véritable confrontation avec la tant décriée bureaucratie péruvienne. Pour ma part, je reste calme et me contente d’observer. Peut-être m’attendais-je à pire, en fait. Mais je comprends qu’à la longue cela doit user d’avoir affaire en permanence à ce genre de fonctionnaires. Mes collègues peinent à dissimuler leur rancœur envers cette administration lourde et totalement inefficace. Le pire est que, d’une façon ou d’une autre, nous devons travailler avec eux. Si nous nous permettons de faire une quelconque intervention sur le chemin Qhapaq Nan sans leur autorisation, nous nous exposons à de graves problèmes.

Histoire de nous remettre de notre déception, nous allons manger dans un petit restaurant. Quand l’appétit va, tout va. Et à ce niveau, mes deux collègues se défendent particulièrement bien. L’un comme l’autre sont maigres comme des clous mais qu’est-ce qu’ils mangent. Aujourd’hui, Erland a décidé de jouer (une fois de plus) les marieuses et d’essayer de me convaincre de devenir madame Goyo Mamani. Et le pire de tout, c’est que Goyo rentre dans son jeu. J’essaie de ne pas me laisser faire et répond à leurs allusions sur le ton de la blague. Mais lorsque je pique un phare, je ne suis guère crédible...

Cet après-midi Aurelio nous a convoqués pour une entrevue. Cela fait plus d’une heure qu’il parle et je n’ai toujours pas compris ni le sujet de la réunion ni la raison de notre présence. Les quelques idées que je dégage dans tout son bla-bla sont que le grand concurrent de CENPRODIC a essayé de copier voire de s’attribuer les mérites du projet de fruiticulture développé par notre association à Maras. Et cela met Aurelio hors de lui. Une fois de plus, je me rends compte que le milieu des ONG est loin d’être un monde de bisounours où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Ici aussi la concurrence fait rage. Apparemment, l’autre ONG aurait beaucoup de pouvoir en raison de nombreux appuis politiques. Plusieurs de ses membres ou de ses partisans assument une charge politique. Ce serait monnaie courante ici au Pérou. CENPRODIC, par contre, est apolitique et subit de nombreux boycottes pour cette raison. C’est du moins ce qu’Aurelio veut que je retienne. Penserait-il que j’ignore qu’il a été par le passé alcalde de Maras ? Il y a pourtant un mur avec une inscription en grand « votez pour Aurelio Mora » pour me le rappeler à chacun de mes passages à Cruzpata...

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Jour 89

Le 28/09/11, 2:23

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Ma soirée est à la limite du speed dating. J’ai rendez-vous à 19h30 pour aller dîner avec un jeune homme hongrois au prénom imprononçable. Ensuite, nous allons au meeting du Couch Surfing où sont censés me retrouver un Américain, un certain Ignacio et un éventuel futur coloc’. Enfin, cette deuxième rencontre me semble un peu compromise car depuis que je lui ai communiqué le prix du loyer, Alvaro ne donne plus de nouvelles...

Le dîner en compagnie de Tshabee (puisque telle est la version simplifiée de son prénom) est plutôt intéressant. J’avais répondu à sa proposition de rencontre parce que j’étais intriguée par son projet « Kiss the world for Red Cross » (www.kisstheword.net). En fait, Tshabee parcours le monde pendant six mois pendant lesquels il partage son expérience via un blog. Jusque-là, rien de bien exceptionnel... La particularité de son blog réside dans son fil conducteur, à chaque endroit visité, Tshabee se fait embrasser (sur la joue) par des locaux. Il espère que cette petite touche d’originalité rendra son blog populaire et lui permettra de récolter des fonds pour la Croix Rouge (si le blog te plait tu peux exprimer ta satisfaction en faisant un don à l’ONG). Tshabee déborde d’idées et est déjà en train d’envisager d’autres projets pour le futur, notamment un nouveau concept de guide de voyage online pour lequel il me propose presque un job. Si cela se fait, cela pourrait en effet m’intéresser. Mais ne nous emballons pas...

Après le repas, nous nous rendons à l’Indigo bar. Il n’y pas d’Ignacio, ni d’Alvaro. Ce n’est pas grave, ce ne sont pas les gens sympas et intéressants qui manquent. Il a, par exemple, Jeremy, cet écrivain free-lance américain. Après avoir travaillé pendant plus de huit ans pour un cabinet juridique, il s’est décidé à voyager et à enseigner l’anglais. Comme malheureusement, les cours d’anglais ne lui permettaient que de vivoter, il a fini par trouver une opportunité bien plus rentable. Il offre ses services à une compagnie qui propose à ses clients des textes susceptibles de leur donner un plus grand succès sur les sites de rencontre et de leur permettre d’obtenir davantage de rendez-vous. Je suis sûre qu’il doit en voir des vertes et des pas mûres dans son job...

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Jour 88

Le 27/09/11, 2:14

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Comme la veille, je passe ma journée au bureau. En début d’après-midi, je sors manger et tombe sur ce qui, au premier coup d’œil, me semble être une énième procession patronale. Il n’en est rien car il s’agit en fait d’un cortège funéraire. La dynamique est pourtant la même : un orchestre, beaucoup de couleurs en raison des nombreux pétales de fleur lancés sur le cercueil. Comme dans la plupart des pays du Sud que j’ai visités, j’ai l’impression que la mort est moins taboue que chez nous. Ici, elle fait partie de la vie.

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Jour 87

Le 26/09/11, 2:12

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La journée commence par une réunion de staff. Nous avons à préparer un entretien important avec un représentant du ministère de la culture. Réunion à laquelle Erland n’a pas trop envie de m’emmener, je crois. Quand je lui demande qui va y assister, il me répond qu’il ne faut pas être trop nombreux. Il pensait y emmener Goyo, le Señor Javier et Aurelio. Bref, tout le monde sauf moi. Mais le Señor Javier, avec ses gros sabots, vient à ma rescousse en décrétant que toute l’équipe devait être présente. Peut-être Erland a-t-il peur que je fasse un scandale en voyant que nous allons devoir légèrement « arroser » le fonctionnaire avec qui nous avons rendez-vous pour obtenir des informations et un éventuel accord de coopération. Comme quoi, les préjugés sont à double-sens. Parce que je viens de Belgique, je devrais forcément m’offusquer face à la corruption... Erland a une vision un peu trop idéaliste des pays européens. Evidemment, en y repensant à froid, oui, cela me dérange un peu de devoir soudoyer un fonctionnaire. Mais sur le coup, cela ne m’avait pas vraiment choquée. Après tout, on est au Pérou...

Ce soir j’ai rendez-vous avec un couple de Français qui font partie du petit groupe d’amis de Rachel à Shanghai et sont actuellement en plein tour du monde. Rachel ne m’avait pas menti : ils sont très sympas. Nous discutons de mon travail, de leur voyage. Ce qui ressort notamment de la conversation est que, selon eux, des 5000 Français qui entreprennent chaque année un tour du monde, beaucoup le font en touchant les ASSEDIC. Je ne suis pas contribuable française, mais je trouve cela grave quand même.

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Jour 85

Le 24/09/11, 2:03

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Aujourd’hui a lieu notre première séance de planification participative. Nous allons faire avec la communauté de Mullakas-Misminay son plan de développement touristique. Comme c’est la première fois, j’appréhende un peu et me demande comment nous allons nous «dépatouiller » avec cette nouvelle méthodologie. Cependant, la plus grande difficulté à laquelle nous nous frottons aujourd’hui ne sera peut-être pas notre nouvel outil sinon l’hétérogénéité du groupe avec lequel nous travaillons. Ils ne sont que trois mais deux générations les séparent. D’un côté, il y a Buenaventura, leader charismatique déjà sensibilisé aux problématiques environnementales et aux bénéfices potentiels d’un tourisme durable. De l’autre, on a deux petits jeunes à qui on a enseigné depuis toujours le respect des ainés. La conséquence en est que, sans même le vouloir, Buenaventura impose sa vision des choses aux deux autres participants qui se contentent d’opiner du chef. Difficile de faire un travail participatif dans de telles conditions. Erland et moi-même essayons de favoriser la prise de parole des deux adolescents sans pour autant mettre Buenaventura de côté mais la tâche est ardue. Alors que Buenaventura monopolise le crachoir, il faut arracher les mots de la bouche aux deux autres.

En outre, nous remarquons que les membres de la communauté utilisent parfois des concepts qui s’avèrent, au final, vides de sens pour eux. Par exemple, ils nous disent qu’ils espèrent que l’activité touristique leur permettra d’avoir une maison plus confortable. Mais lorsque nous leur demandons ce que signifie pour eux plus de confort, ils ont l’air un peu désarçonnés par la question et ne savent pas vraiment nous donner d’explication. La vigilance est donc de mise. Nous devons les accompagner à chaque étape du processus pour être sûrs qu’ils expriment bien leur vision du projet et que, pour notre part, nous ayons bien compris ce qu’ils voulaient nous signifier.

Nous finissons notre travail en début d’après-midi. C’est parfait, cela me laisse quelques heures pour vaquer à mes occupations et je me réjouis d’avoir un peu de temps pour moi. Mais c’était sans compter sur le Señor Javier qui joue les guides et veut nous faire passer par un raccourci. Les raccourcis du Señor Javier, on commence à les connaître. En général, ils nous rallongent le chemin de moitié. Et à chaque fois, il nous sort la même excuse « oui, mais par ici, la vue est tellement plus belle... ». Comme Buenaventura semble soutenir la proposition, nous nous laissons convaincre une fois de plus. Après quarante minutes de trajet, il faut nous rendre à l’évidence : le Señor Javier et Buenaventura font la paire. Une fois de plus, nous nous retrouvons à chercher notre chemin au milieu de la pampa. Nous nous faisons la promesse de ne plus suivrela proposition du les conseils de notre collègue en matière d’itinéraire. A sa décharge, il n’est pas facile de s’orienter sur les pistes qui relient les différentes communautés où la signalisation est tout à fait inexistante.

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Jour 84

Le 23/09/11, 3:18

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De bonne heure, nous nous mettons en route pour Urubamba où nous devons passer prendre Goyo. Une arrivée matinale à Urubamba suppose évidemment un passage par le marché pour un petit déjeuner. C’est presque devenu une tradition. En retournant à la voiture, nous remarquons qu’un défilé se prépare. Encore un... La particularité de celui-ci est que seuls les enfants y participent. En effet, quelques jours après le 21 septembre, qui correspond ici au premier jour du printemps, on célèbre la fiesta de la juventud (la fête de la jeunesse). A cette occasion, les écoliers prennent part à un cortège ou à des activités récréatives. Les étudiants, eux, se consacrent à ce que beaucoup d’entre eux savent mieux faire, picoler.



Mais nous ne pouvons pas trop nous attarder. Notre programme de la journée est relativement chargé. Aujourd’hui, nous repérons des endroits pour organiser la pasantía de nos bénéficiaires. La pasantía n’est autre qu’une excursion organisée pour des étudiants en fin de formation. C’est un élément de motivation particulièrement important qu’on ne peut négliger. Les participants à notre projet ne parlent déjà que de cela. Seul petit hic, ils pensent que nous allons les emmener à Puno à presque 400 km d’ici alors que nous voulons nous contenter du Valle Sagrado, à 40 km de Cusco.

Notre premier arrêt se fait dans les environs de Pisac, dans un petit village qui vient à peine de se lancer dans l’activité touristique. Tout est fin prêt. Les habitants ont reçu une formation et les maisons ont été embellies. Tout, ou presque, a été fait avec les moyens du bord et c’est plutôt réussi. Le cadre des lits des visiteurs, par exemple, a été fait en un mélange de terre et de ciment. Lorsque j’en demande aux garçons le principal avantage, Goyo me répond qu’il s’agit d’un matériau local et peu onéreux. Mais aux yeux d’Erland l’avantage est autre : ce genre de lit, quoi que tu y fasses, ne grince jamais. Comme quoi, tout est une question de point de vue... Il y a aussi un atelier de bijouterie en argile prévu pour les visiteurs. La seule chose qui manque maintenant sont les touristes. La question du flux est tout sauf un détail insignifiant. Dans notre projet, nous allons devoir nous atteler sérieusement.








Nous prenons ensuite le chemin du Parque de la papa (le parc de la pomme-de-terre), une aire dédiée à la conservation de variétés indigènes de pommes-de-terre andines. Mais nous trouvons porte close car nous avons omis d’aviser de notre visite l’ONG qui gère le site. En effet, même si la publicité du parc vante l’implication de 6 communautés quechuas dans cette initiative, il est clair que c’est l’ONG qui a la main mise sur le projet. Les quelques villageoises qui travaillent sur place à empaqueter du mate de coca sont de la simple main d’œuvre. C’est l’ONG qui décide de tout. Ce petit détail n’a pas échappé à Goyo qui enfonce le clou en m’expliquant qu’il a vu à plusieurs reprises des ONG qui refusaient de se désengager d’un projet et de laisser les rennes à la communauté locale parce que l’initiative touristique s’était finalement révélée particulièrement rentable.

Goyo est le président d’un réseau local de tourisme rural. Ce réseau regroupe des particuliers qui se sont lancés de leur propre chef dans le tourisme rural. Il n’y a donc aucun apport de fonds extérieurs et l’organisation est 100% autochtone. L’organisation encourage l’utilisation de matériaux locaux et priorise l’amélioration des conditions de vie sur le développement de l’activité économique. En gros, l’association invite ses membres à améliorer leur maison d’abord pour accroitre leur propre confort avant de penser à la réception de touristes. Le premier projet que nous avons visité en est un bon exemple. Il n’y a pas de touriste mais la maison a déjà été remise à neuf. Le partage avec le visiteur est aussi mis en avant. Contrairement à ce que nous avions vu à Misminay où les vacanciers mangent à table et la famille hôte dans un recoin de la cuisine, tous les membres de l’organisme partagent leur repas avec les voyageurs de passage chez eux. Evidemment, Goyo prêche pour sa chapelle. Mais je trouve la démarche du réseau bien meilleure que certains projets d’ONG portés à ma connaissance. Et puis, il me semble vraiment intéressant que les membres se soient organisés sans chercher aucun appui étranger.

Après avoir visité d’autres gîtes ruraux à Lamay et Chumpe et après un obligatoire arrêt « ravitaillement » à Urubamba, nous nous rendons à Ollantaytambo pour visiter le musée de la biodiversité. Une fois de plus, il s’agit d’une initiative privée lancée par une jeune dame, Anabel, et son compagnon. Evidemment, la pomme-de-terre native est la star de l’exposition mais on ne parle pas que de tubercules. Il y a toute une section consacrée aux offrandes à la Pacha Mama. De fait, faire une offrande n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire. Il s’agit d’un art très codifiée. Le don varie en fonction des bienfaits que l’on veut recevoir. Ainsi, si l’on veut que la mère terre favorise les récoltes, l’offrande emballée dans un paquet cadeau que l’on brûlera sur un bûcher contiendra de nombreuses feuilles de coca. S’il s’agit par contre d’apporter prospérité à une nouvelle entreprise commerciale, on y glissera quelques billets. La visite se termine par un petit mate de muña (la menthe andine) dans une cuisine cusquénienne traditionnelle reconstitué dans le fond du musée. Il commence à se faire tard et la température est tombée, un thé bien chaud n’est pas de refus.

Comme Goyo vit à deux pas du musée, il nous propose de venir prendre un dernier café chez lui avant de prendre le chemin du retour. C’est l’occasion de rencontrer sa maman. Ce qui étonne Erland, c’est l’âge de cette dame qu’il imaginait bien moins jeune. Ce qui me frappe, moi, c’est son caractère et son énergie entièrement dévouée au tourisme viventiel et à l’artisanat. Elle ne parle que de cela. Pas étonnant que Goyo soit devenu le président d’un réseau de tourisme rural. Il a dû tomber dedans quand il était petit. Le seul moment où la maîtresse de maison change de sujet de conversation c’est pour me demander si je suis célibataire. Ah, les mamans et leur fiston, toutes les mêmes... Je réponds que oui mais que je ne sais pas peler la papa de la suegra. C’est un truc que je viens d’apprendre au musée. Traditionnellement, lorsqu’une jeune fille voulait se marier, elle devait se soumettre à cette épreuve et peler une pomme-de-terre complètement difforme appelée papa de la suegra (pomme-de-terre de la belle-mère) en veillant à ne faire qu’une seule pelure qu’elle devait ensuite remettre à sa future belle-mère. Goyo rétorque que c’est juste une question d’entrainement et que je peux y arriver. Il ne sait pas à quel point mon cas est désespéré. Et puis, qui a dit que je voulais me marier ? Ils vont me lâcher les baskets tous ces apprentis agents matrimoniaux péruviens...

Il est grand temps de se remettre en route. Nous avons encore près d’une heure et demie de trajet. Je viens de recevoir un appel de Juan qui s’inquiétait de ne pas me voir rentrer. En fait, il sera plus de 21h lorsque nous arriverons à Sta Ana. C’est ce qu’on appelle une bonne journée de travail.

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Jour 83

Le 22/09/11, 4:30

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Vers 14h30, j’ai rendez-vous en ville avec Lorenzo pour faire un « truc ». Comme n’y l’un ni l’autre n’a un budget illimité, nous nous contentons d’un petit resto bon marché et d’une visite (gratuite) au musée du chocolat. Il est clair qu’avec Lorenzo, on ne passe pas inaperçus. Premièrement, c’est une sacrée pièce d’homme(surtout en comparaison avec les Cusquénien) et puis il n’a pas sa langue dans sa poche. A peine sommes-nous arrivés au musée, qu’il « informe » notre steward que, nous, nous sommes Belges et que donc, en matière de chocolat, on ne nous la fait pas...

Mais ce genre de petites extravagances n’en rendent pas Lorenzo moins intéressant. Nous discutons beaucoup. Il me raconte comment il a tout abandonné pour se lancer dans son voyage autour du monde. Il m’explique aussi les difficultés rencontrées avec les autorités belges qui ont fini par le déclarer sans domicile fixe puisqu’il n’occupe pas effectivement son petit appartement en Belgique. Il me donne également son avis sur les relations entre Péruviens et Occidentaux. Et me fait remarquer qu’alors que, pour une fille, il est très facile d’avoir une aventure sans trop d’implication avec un Péruvien, pour un garçon, c’est un peu plus compliqué. « Les Péruviennes, il faut les payer ou les marier ». Il n’a peut-être pas tort.

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Jour 80

Le 19/09/11, 4:26

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En fin de journée, j’ai rendez-vous avec Carlos, le petit jeune, celui que j’ai rencontré au concert de Calle 13. Comme il travaille dans le domaine culturel, je lui ai proposé d’aller boire un verre pour qu’il me parle un peu plus de son travail. La demande est intéressée car j’espère qu’il va pouvoir m’apporter des éclairages utiles pour mon boulot. En fait, je cherche des gens qui puissent me guider un peu par rapport au thème de la préservation de l’identité culturelle car au sein de CENPRODIC ce n’est la spécialité de personne. Malheureusement, ce n’est pas non plus le domaine de Carlos. Tant pis, la discussion est quand même intéressante. En plus, avec quelques jours de retard, il m’offre quelques chocolats pour mon anniversaire mais aussi un livre dont il est l’auteur. C’est toujours la firme de connaitre l’auteur de ce que tu lis...

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Jour 79

Le 18/09/11, 4:24

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Comme bien souvent, c’est un dimanche de congé peu productif. En fin de journée, je reçois un SMS d’Anabel qui boit un verre en compagnie de quelques Couch Surfers au Paddy’s. Il est temps de se bouger un peu... Lorenzo, le compatriote belge que j’avais rencontré la veille, est présent avec toute sa clique : ces deux compagnons de voyages, Marie et Stefan, mais aussi deux autres petits jeunes qui voyagent également en van et les ont rejoints aujourd’hui, Arturo, le Liméen et Mateo, le Brésilien. Il est déjà tard et nos estomacs crient famine. Lorenzo et Arturo nous invitent tous (ou plutôt toutes car parmi ceux qui ne voyagent pas dans un des deux vans, il n’y a que des filles) à manger « chez eux ». Cela sent le plan foireux mais je suis trop curieuse, je veux voir ce qui est depuis plus de cinq ans la maison de Lorenzo. Il nous montre « la bête » devant laquelle il pose fièrement pour la photo. C’est à ce moment que je me rends compte qu’il a un peu des airs de François l’Embrouille.



Arrivés sur le parking de la station essence, c’est un peu le règne de la débrouille. Il faut trouver des sièges pour tout le monde, faire cuire des pâtes pour une dizaine de personnes sur un petit réchaud à gaz dans une casserole minuscule. Au final, c’est surtout drôle. Lorenzo emmitoufle toutes les filles dans des couvertures ou de grands ponchos, Arturo et Mateo assurent la sono. Le patron de la station râle un peu mais on s’en fout. Je crois que j’ai rarement mangé des pâtes aussi mauvaises, cela ne vaut pas les macaronis au Pélardon de l’Ardêche. Mais cela fait partie du trip et je pense que je me souviendrai longtemps de cette soirée en compagnie de ces fous du volant.


Après cela, nous décidons de redescendre au London Town où a lieu un concert. Nous entrons dans le bar avec notre propre bouteille de bière. Arturo file quelques pièces à la serveuse pour qu’elle nous fournisse quelques verres. En Belgique, on se serait déjà fait jeter il y a longtemps. Le groupe n’est franchement pas terrible. Le chanteur, surtout, laisse à désirer.

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