Petit bonhomme de chemin

Jour 145

Le 25/11/11, 23:43

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Cet après-midi, je me rends dans le coin de l’aéroport pour rendre une petite visite à Eduardo qui veut me faire connaitre un peu mieux le travail de son ONG. J’arrive comme prévu à l’arrêt de bus «Kiosko » et, selon les instructions d’Eduardo, j’attends que quelqu’un vienne me chercher. Un quart d’heure plus tard une toute jeune fille se présente à moi en tant que l’envoyée d’ « Edu » et m’invite à la suivre jusqu’à Tankarpata, une communauté en périphérie de la ville. Après une petite marche de 15 minutes à peine qui nous fait traverser cette zone étrange qu’est la ceinture péri urbaine où le bétail broute sous les réverbères, nous changeons totalement de paysage. En dépit de se trouver aux portes de la ville, avec ses chemins de terre battue et ses maisons en adobe, Tankarpata ressemble à n’importe quel autre village de la montagne.

Je rejoins Eduardo dans le petit local aménagé par son ONG. Je n’ai même pas fait deux pas dans la pièce qu’un gamin, Clemente, me saute dans les bras avec un naturel déconcertant. C’est comme si on se connaissait depuis toujours. Aujourd’hui, « Edu » est seul à travailler avec les enfants et est visiblement débordé. Il me demande de lui donner un coup de main en m’occupant d’un groupe d’enfants pendant que lui se charge de terminer les devoirs avec les plus grands. Plus facile à dire qu’à faire. Cela fait à peine cinq minutes que je suis arrivée et mes lunettes sont déjà sur le nez d’une petite fille, ma montre au poignet d’une autre. Plus habitués à la manière forte qu’à la diplomatie, ces enfants sont presque ingérables. Ils n’en font qu’à leur tête et n’arrêtent pas de se disputer. Ils sont pourtant loin d’être méchants. C’est juste qu’ils feraient n’importe quoi pour se faire remarquer. En effet, pas besoin d’être un grand spécialiste pour se rendre compte ce que la plupart réclame avant tout est de l’attention.

Vers 18h30, il est temps de remballer le matériel et de faire se brosser les dents à tout ce petit monde. La journée est finie. Eduardo et moi sommes sur les genoux. Pourtant, les enfants ne veulent pas rentrer chez eux. Nous devons presque les mettre à la porte. Et apparemment, c’est comme cela tous les soirs. Sur le chemin du retour, Eduardo m’explique un peu mieux la situation de ces mômes à qui il consacre presque tout son temps depuis près d’un an et demi. Les principaux problèmes qu’ils rencontrent au quotidien sont liés à la santé et l’éducation. En effet, l’école du village est loin de jouer son rôle et beaucoup d’écoliers ne savent pas lire à la fin de leur parcours primaire. Eduardo et ses partenaires essaient comme ils le peuvent de palier le problème. De même, ils tentent de sensibiliser les parents de la communauté au fait que l’eau que consomment leurs enfants est contaminée et source de nombreuses maladies. Mais, même si les avancées en la matière sont tangibles, il reste encore pas mal de chemin à parcourir pour préserver les petits des nombreuses affections qui les menacent.

Les gamins nous ont épuisés et pourtant, la journée est loin d’être finie. Le but de ma visite était avant tout de donner un petit coup de pouce à Eduardo dans la promotion de son travail afin de trouver des volontaires qui pourraient s’engager quelques temps dans le projet. Et en effet, un peu d’aide ne serait pas du luxe. Eduardo m’emmène donc dans l’appartement qui tient lieu à la fois de maison des volontaires et de logement pour les touristes de passage. L’endroit ne ressemble pas vraiment à un hôtel. Au niveau de l’infrastructure, notre hospedaje est bien plus élaboré. Par contre, l’auberge de cooperarperu est tout à fait opérative, contrairement à la nôtre. Il y a du personnel pour servir les clients, leur faire à manger, leur ouvrir la porte. Et cela, ça fait toute la différence. Si seulement, les responsables de CENPRODIC pouvaient comprendre ce point...

Vers 21h, Eduardo reçoit un message de Lisa, sa prof d’anglais qui, en toute bonne Américaine, célèbre ce soir Thanks Giving. Nous avons tous les deux très faim. L’invitation ne se refuse pas. Sur place, je retrouve quelques visages connus : Frankie, Ricardo et son ami. En fait, Ricardo et son ami son deux des musiciens que j’avais interrogés pour the Busking Project. Les autres convives sont le colocataire italien de Lisa et quelques amis péruviens.

Dans un premier temps, je me joints à la conversation pseudo-intellectuelle de mes voisins de gauche. Cela parle de phénomènes de société, de politique, etc. C’est un peu à qui étalera le plus ses connaissances. Dans ce cas, l’adage selon lequel « la culture c’est comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale... » s’applique peut-être... L’un des invités tente de m’instruire en matière de tourisme alternatif. Il n’a même pas pris la peine de me demander ce que je faisais dans la vie et ignore que, même si je ne suis pas encore une experte, le sujet ne m’est pas tout à fait inconnu. Je décide d’éviter pour une fois le « rentre-dedans » qui me caractérise en général dans mes relations avec les Péruviens et me contente de hocher poliment de la tête de temps à autre. Si ce type savait...

Apparemment, la conversation ennuie l’autre partie de la tablée qui finit par lancer une partie d’UNO. Ce changement de programme n’est pas pour me déplaire. D’ailleurs, nous jouerons jusqu’à la fin de la soirée.

[ Voir les photos : Pérou - Cusco ]

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