Petit bonhomme de chemin

Jour161

Le 11/12/11, 22:02

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Comme aujourd’hui notre atelier pratique a lieu à Urubamba, nous avons loué pour l’occasion un minibus pour emmener tous notre petit monde sur place. Le « ramassage » prend bien plus de temps que prévu car, bien évidemment, il faut attendre les retardataires.

En route, nous croisons de nombreux groupes folkloriques. Quelque chose d’important se prépare à Cusco... Le pèlerinage annuel au sanctuaire du Señor de Qollyoriti vient d’être reconnu par l’Unesco patrimoine immatériel de l’humanité. Pour cette raison, tous les « pablitos » des différentes « Naciones », un genre de fraternités liées à ce culte, sont de sortie. Les « pablitos » sont considérés comme les intermédiaires entre le Señor de Qoylloriti et les hommes. Ce sont eux qui maintiennent la discipline durant le pèlerinage qui rassemble chaque année plus de 10000 personnes. Ils sont particulièrement reconnaissables à leur costume d’ours et leur cagoule. Aujourd’hui, tous affluent des quatre coins de la province de Cusco pour venir défiler en ville et participer à une bénédiction qui ouvrira une année de festivités sans précédent. A voir passer tous les camions qui emmènent les différents groupes, je regrette quelque peu de ne pas pouvoir assister à l’évènement.

Mais, au bout de quelques kilomètres, j’oublie vite ma déception pour un dur retour à la réalité assez choquant. A la sortie de Cachimayo un bus est dans le fossé et un corps gît sous une couverture à même l’asphalte. Les pantoufles de la victime qui ont atterri à quelques mètres du corps témoignent de la violence du choc. Il y a de grandes chances que le chauffeur du bus se soit endormi au volant. En raison de l’irrespect total des régulations en matière de temps de travail chez les conducteurs de transports, cela est monnaie courante ici.

Lorsque nous arrivons à Urubamba vers 10h30, il est plus que temps de se mettre au travail. Mabel explique aux participants comment nettoyer les différentes chambres mises à disposition pour le module de formation. Première étape, l’équipement de chacun. Gants, masque et charlotte obligatoires. Nous avons plus l’air d’étudiants en médecine que d’apprentis femme de ménage... Au moins, cette petite séance de déguisement met de la bonne humeur dans le groupe avant de s’atteler à la tâche, qui, personnellement, me semble particulièrement ingrate. Il est clair que les chambres n’ont pas vu torchons et serpillères depuis longtemps...





Vers 13h, c’est l’heure de « papas rellenas » bien méritées. Mais le travail n’est pas pour autant terminé pour nos bénéficiaires. Nous ne leur laissons pas une minute de répit puisque nous profitons de l’heure de table pour leur faire répondre à un questionnaire conçu par Waël afin d’identifier leurs besoins en eau chaude pour réaliser par la suite un prototype de système de chauffage de l’eau par énergie solaire.

La classe reprend pour aborder un point crucial : comment faire un lit. Et elle se termine par le pliage des serviettes des invités. La Señora Brigida est particulièrement douée à ce niveau. Sourire aux lèvres, elle m’explique qu’elle doit recevoir des membres de sa famille le mois prochain et qu’elle compte bien mettre en pratique ce dernier apprentissage pour leur en mettre plein la vue...


Nous nous réunissons ensuite avec tous les élèves pour régler quelques points pratiques concernant les prochains cours. C’est à ce moment que Beatriz prend la parole pour demander l’avis de ses « camarades de classe ». En effet, suite à la pasantía, elle a pris l’initiative d’écrire une lettre de remerciement à l’attention d’Aurelio et elle voudrait que tous les bénéficiaires la signent. Elle nous lit donc à haute voix la missive. A la fin de la lecture, tous acceptent d’apposer leur signature au bas du document. Certains semblent d’ailleurs un peu émus par le texte rédigé par Beatriz, et parmi eux, je suis probablement la plus touchée. Même si la lettre ne m’est pas directement adressée, c’est pour moi le plus beau des compliments que les bénéficiaires pouvaient me faire, la récompense ultime après avoir travaillé d’arrache-pied pendant ces cinq derniers mois.

Après toutes ces émotions, un peu de divertissement s’impose. Et c’est une partie effrénée de football qui s’improvise dans une ambiance bon enfant. Il y a-t-il meilleure façon de clôturer notre dernier cours de l’année ? Non, enfin presque... Après le match, certains réclament une petite chicha. Comment refuser ? Sur le chemin du retour, nous faisons donc une halte pour déguster une frutillada, de la chicha mélangée avec un peu de fraises. C’est la première que goûte Waël. Sa réaction est à peu près celle de ma première dégustation. Il ne semble guère convaincu par le breuvage. Mais nous faisons tous deux bonne figure, le verre nous a été offert de tellement bon cœur...

[ Voir les photos : Pérou - Cusco ]

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