Petit bonhomme de chemin

Jour 104

Le 13/10/11, 7:20

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Comme tous les jours de cette semaine, je me lève tôt pour me mettre au boulot. L’idée est de boucler mon programme au plus vite pour pouvoir assister à une conférence organisée dans le cadre de CineSuyu, le festival du film régional péruvien. Les étudiants de la faculté d’anthropologie de l’UNSAAC sont conviés à échanger sur le thème de l’anthropologie visuelle avec le réalisateur cusquénien Federico García Hurtado ainsi que sa plus fidèle productrice Pilar Roca.

La rencontre commence par la diffusion de quelques scènes de l’œuvre phare de leur filmographie, le film Tupac Amaru. Celui-ci retrace la rébellion contre les colons espagnols de José Gabriel Condocanqui Nogera, figure mythique de la lutte péruvienne pour l'indépendance et pour la reconnaissance des droits des indigènes.

Les deux invités principaux prennent ensuite la parole pour nous faire part de leur expérience de près de quarante ans dans le cinéma. Motivés par l’ambition de montrer la réalité nationale d’un pays multi-ethnique où aucune culture ne devrait prévaloir sur les autres, ils nous racontent comment, à leurs débuts, ils ont fait l’objet de beaucoup de pressions mais aussi de censure pour avoir montré à l’écran des indigènes. Lorsque leurs films n’étaient pas tout bonnement interdits à la diffusion, ils étaient défendus aux moins de dix-huit ans. Ils n’hésitent pas à commenter que, de nos jours, même si la répression n’est plus aussi radicale, ils la côtoient toujours sous des formes plus subtiles.

Les deux intervenants expliquent ensuite leurs méthodes de tournage avec des communautés indigènes. Pour eux, toute la difficulté résidait dans le fait de diriger, pour faire jouer de façon naturelle, ces acteurs non-professionnels et ne parlant que le Quechua. Pour atteindre cet objectif, il fallait installer toute une dynamique de groupe où les membres de la communauté, loin de jouer un rôle sur base d’un scénario, étaient amenés à reproduire leur histoire à l’écran, quitte à filmer parfois en caméra cachée. S’ensuit une séance de questions-réponses entre les deux cinéastes et les étudiants.

L’après-midi, mon travail avance bien plus vite que prévu. Je décide donc de m’accorder une petite soirée ciné à l’occasion du festival. J’opte pour une projection de courts-métrages de réalisateurs cusquéniens. Le tournage de certaines œuvres frise parfois un peu l’artisanat mais c’est toujours intéressant, et à la fois un peu déroutant, de voir sur grand écran les rues que l’on fréquente quotidiennement.

Parmi les films programmés, se détache le reportage du réalisateur Luis Figueroa « rituales guerreros : el Tupay en Chiaraje ». Il a été tourné au cours de batailles rituelles qui ont lieu chaque année dans la région de Cusco et pendant lesquelles quelques six cents guerriers s’affrontent à coups de pierres. Les images sont impressionnantes, le combat est loin d’être feint. Chaque goutte de sang versé est considérée par les communautés participantes comme un don à la pachamama qui garantira une année agricole fructueuse. Il n'est pas étonnant que tous les ans, l’issue du combat soit fatale pour certains.

[ Voir les photos : Pérou - Cusco ]

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