blog de Famille St ella en Amérique du Nord

Voyage entre Washington et Philadelphie :

Le 31/08/11, 14:29

-79.39156468181836.1001563

Le voyage entre Washington et Philadelphie fût assez rapide car ces deux villes ne sont distantes que de moins de 200 kms. Nous quittons donc le District of Columbia pour entrer dans le Maryland et traverser Baltimore qui en est la ville la plus importante, alors que c’est Annapolis qui est la capitale de cet état. Baltimore (du nom de Lord Baltimore, seul catholique dans l’univers protestant des colonies anglaises) ressemble à toutes les villes américaines: des autoroutes, un centre-ville (down-town) avec des buildings, des secteurs résidentiels et des zones industrielles. Vous me direz que cela ne change pas beaucoup de la France... Ce qui peut surprendre ici c’est que tout est relativement mélangé et que l’on passe sans cesse de l’un à l’autre. Tout est relié par un réseau routier très développé (bordé d’un nombre incroyable de zones commerciales associant fast-food et motels, mais peu de magasin d’alimentation en proportion...), avec des limitations de vitesse qui sont relativement bien respectées, des feux synchronisés, des passages piétons en pont ou sous-terrain. De toute façon personne ne s’aviserait de refuser la priorité à un piéton... Parfois même quand nous voulons tourner à gauche (on passe devant et non derrière notre vis-à-vis, c’est tout de même plus pratique) et que nous attendons notre tour, l’automobiliste en face ralentit et nous fait signe de passer !!! Tout ceci est absolument impensable en France... Ainsi que les grands ponts routiers urbains à fort trafic qui possèdent souvent 2 tabliers, chacun étant affecté à la circulation dans un sens. Plus de fluidité et moins de risque d’accident... Résultat : même à un horaire « de pointe », la circulation se passe bien... Pourquoi n’avons-nous pas cela en France ? Je commence à croire que la politique de la route en France n’est pas de faciliter et fluidifier la circulation pour la rendre plus sécuritaire, mais bien de l’entraver pour inciter la population à choisir un autre mode de transport... ?




Philadelphie, bien que la ville la plus importante de la Pennsylvanie n’en est pas non plus la capitale. C’est Harrisburg, en position plus centrale pour ce très grand état, qui assume cette fonction. Et pourtant, Philly, comme la surnomme les Américains, se targue d’être le berceau de la démocratie américaine. Cette ancienne colonie de 120 000 km² fut donnée par Charles II d’Angleterre à William Penn, en remboursement de dettes considérables dues à son père. Pour la petite histoire le nom de la Pennsylvanie vient de cet héritage... Le premier nom prévu était Nouvelles-Galles du fait du paysage, mais le Ministre des Colonies de l’époque, d’origine galloise, refusa d’associer le pays de Galles à une région peuplée de Quakers (considérés comme appartenant à une secte à l’époque)... Et la forêt de Penn devint la Penn’s Sylvania... William Penn, chef de file des quakers anglais persécutés par la religion anglicane officielle, voit dans cette région une sorte de Terre Promise, et va pouvoir y installer un gouvernement avant-gardiste, basé sur la liberté de conscience, pacifisme, souveraineté du peuple, non-violence et tolérance qui sont les doctrines des quakers. William Penn va également appliquer ces règles avec les Indiens et signer en 1701 un traité d’amitié reposant sur la confiance mutuelle et l’égalité entre indiens et européens. La légitime défense est proscrite à cause du cycle de représailles que cela suppose... Du jamais vu ailleurs dans le territoire nord-américain (ni même en Europe, je suppose...).

La Pennsylvanie se fonde donc comme un état non-conformiste, sans armée ni forteresse (et sans crime de sang pendant 75 ans...) dont Philadelphie est la « Cité de l’amour fraternel ». Cette «Holy Experiment = Expérience sacrée», basée sur l’égalité et les droits de l’Homme déclinera malheureusement progressivement après la mort de William Penn à l’âge de 72 ans. Mais au fait,... vous connaissez forcement Willian Penn... Sa tête orne tous les paquets de flocons d’avoine de la célèbre marque Quaker Oats... (qui d’ailleurs ne fait pas que des flocons d’avoine, comme nous voyons ici en faisant les courses...).




Preuve du changement d’ère par rapport à William Penn: les péages. Ici, tous les ponts sont à péage... Et nous n’y échappons pas pour aller jusqu’à notre hôtel situé en Maryland de l’autre côté de la Delaware River. Par contre le lendemain matin, quand nous partons pour notre journée de découverte de la ville et de visites, nous réalisons que l’on ne paye que dans un seul sens... C’est déjà cela ! Malgré le fait que Philly regorge elle aussi de musées importants et bien « côtés », nous décidons de ne visiter que le Philadelphia Museum of Art. Non pas parce qu’il présente une exposition temporaire consacrée à Rembrandt, mais parce qu’il faut varier, et que nous n’avons pas souvent l’occasion de conduire nos enfants dans un tel musée (le Louvre mis à part). Ce musée est immense et pour éviter de les décourager, nous sélectionnons l’art européen de 1500 jusqu’à l’art contemporain, en insistant sur l’impressionnisme. Pas de guide en français malheureusement, et nous essayons de notre mieux, Salva et moi, de leur montrer l’évolution de la peinture... même si nos connaissances sont relativement limitées dans ce domaine... (désolée, pas de photos des œuvres bien évidemment...)






Cette visite nous a bien sur mis en appétit... et nous décidons de trouver un petit restaurant dont mon ami routard m’a vanté les mérites... Philadelphie est une ville assez facile pour circuler et présente de nombreux bâtiments sympathiques, telle cette basilique Saint Pierre et Saint Paul qui fait face au Museum of Art sue la Benjamin Franklin Parkway surnommée «Parkway’s Cultural Corridor». Au fait ... ne faîtes pas la même erreur que moi au début : parkway ne signifie pas du tout parking ou voie de parking... NON, ce serait trop simple... Cela désigne une grande avenue à plusieurs voies...






La ville de Philadelphie, tout comme la Pennsylvanie voue un intérêt tout particulier à la France et cela depuis toute son histoire. Rêve et refuge : double attirance, en premier lieu parce que cette ville fut très longtemps (avant New York) la vraie porte d’entrée des Etats-Unis. Et c’est donc ici que les voyageurs de la Vieille Europe encaissent le choc avec le Nouveau Monde. Philadelphie voit ainsi passer une ribambelle de voyageurs tels Chateaubriand, Tocqueville, Joseph Bonaparte (frère de Napoléon), Talleyrand, et même le futur roi Louis-Philippe qui passa ici la première année de son exil. Autres noms célèbres : Stephen Girard (eh oui Bruno! De petit capitaine, il est devenu le plus grand armateur de tous les temps selon le Routard...), Michael Bouvier (arrière-arrière-grand-père de Jacqueline Bouvier-Kennedy... la célèbre Jackie... qui devint First Lady), et Antoine Benezet (son nom ne nous dit rien en France, mais il a même une rue ici... pionnier de l’égalité raciale, il s’insurgea contre l’esclavage, fonda l’African School et ce sont ses écrits qui influencèrent Thomas Clarkson à l’origine du vote de l’abolition de la traite des noirs par le Parlement britannique en 1807). Nous sommes toutefois un peu plus surpris de découvrir une statue de notre Jeanne ou beau milieu de cette avenue qui concentre un maximum de musée (dont un important dédié à Rodin)...




Sans doute les américains ont toujours apprécié l’esprit frondeur et révolutionnaire français. Et puis une femme qui «boute les anglois hors de France», cela ne peut que leur rappeler des bonnes choses...

Je découvre d’ailleurs (toujours grâce à mon copain routard...) que la constitution américaine est inspirée de la Constitution Corse de 1755 écrite par Pasquale Paoli (basée sur la séparation des pouvoirs et le suffrage universel). C’est cet écrit qui inspira les rédacteurs autour de Thomas Jefferson et de nombreuses villes américaines portent le nom de Paoli ou Corsica en souvenir...

Nous découvrons enfin, au bout d’une petite rue comme il est difficile de s’en imaginer une au milieu d’un Down Town américain, le fruit de nos recherches, à savoir le restaurant chez Yonny’s. Cela surprend même un peu au début, et Salva a quelques hésitations...






Mais l’accueil est très chaleureux malgré l’heure tardive (20 min avant l’heure prévue de la fermeture...), le décor très agréable, et surtout la nourriture délicieuse... Réellement une bonne adresse...




La panse bien remplie, nous reprenons notre promenade en voiture à travers les rues de Philadelphie et trouvons le Independance Hall, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est dans le bâtiment de brique rouge construit vers 1750 que furent adoptées la Déclaration d’Indépendance en 1776 et la Constitution Américaine en 1787... Vous comprendrez aisément que pour les Américains, dont le patriotisme atteint un niveau insoupçonnable en France, c’est un haut lieu de pèlerinage... Autour, dans le Independance national City Park, nous pourrions voir également le Old City Hall, le Congress Hall (du temps où Philadelphie était capitale et quand il n’y avait que 13 états... de 1790 à 1800). Autre symbole important pour les Américains : le Liberty Bell Center qui abrite la célèbre cloche qui a sonné la première fois à l’occasion de la Déclaration d’Indépendance, puis pour rameuter les citoyens pour les évènements majeurs...



Le nouveau City Hall est lui d’un tout autre genre que les anciens bâtiments de brique rouge... Il faut dire que Philadelphie est devenue une riche ville très commerçante... Encore un clin d’œil à la France avec cette façade de style néo-renaissance française...




Une dernière chose très particulière à Philadelphie, c’est l’art sur les murs... The Mural Arts Program... ce programme qui a débuté en 1984 sous la forme d’une lutte antigraffitis, est devenu un projet artistique constructif, dépassant le simple projet municipal, luttant contre l’exclusion sociale, en embellissant les quartiers et prenant part à la vie de la communauté, qui s’exporte dans le monde... (les villes de Bagnolet, Bondy ou Villiers le Bel en région parisienne profitent déjà de cette expérience réussie...)






Un dernier petit clin d’œil à la France... Celle-là, nous ne pouvions pas ne pas vous la montrer... Quand je vous dis que Philadelphie est la plus française des villes américaines (pour celles que nous avons vues en tous cas...)




Bises à tous et à bientôt... Sous le soleil de la Floride, je vais essayer de ratrapper à nouveau mon retard, avant notre retour sur le sol français... Après, je crains de ne plus avoir le cœur de m’y remettre...

Agnès

[ Voir les photos : USA - Philadelphie ]

Famille Stella
Blogs de voyages - © Copyright www.enroutes.com 2021 - Contact
Referencement et création de site : www.trafimedia.fr