blog d'un Lusisien en Vadrouille

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Le 14/10/12, 9:41

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Buenos dias à toutes et à tous,

Pour affronter le long trajet de nuit qui va m'emmener à Sucre, je m'offre un quadruple de chez burger king, unique survivant de la malbouffe occidentale, peu appréciée en Bolivie. Même KFC n'arrive pas à s'implanter ici, alors que des millions de poulets sont assassinés chaque jour.
Sucre, la capitale constitutionnelle du pays, sera une étape reposante. C'est une jolie petite ville tranquille, pas beaucoup de monde, pas beaucoup de voitures. Je vais pouvoir flâner de ci de là dans les rues flanquées de bâtisses blanches. Je vais même déambuler dans le cimetière arboré dont l'office de tourisme dit que c'est le plus beau du pays. C'est vrai que certains caveaux ressemblent à des temples grecs. Et ils ont même un petit parc des tuileries avec une mini tour eiffel.
Ensuite, direction Potosi, la ville la plus haute du monde, 4067 mètres.
Anciennement aussi la capitale du monde, quand au 16° siècle fut découvert la montagne d'argent qui alimentera les caisses du royaume d'Espagne très très longtemps. La mine s'est tarie, plus rentable de nos jours, l'état s'est désengagé et il reste 2000 mineurs regroupés en coopératives qui s'acharnent à extraire le peu de minerai restant.
Mais mineur, à Potosi et ailleurs en Bolivie, c'est encore le métier le plus lucratif du pays. Ils ont même droit à une retraite, sauf que quasiment tous vont mourir avant, de la silicose ou autre saloperie respirée à pleins poumons.
C'est aussi peut-être pour cela qu'il y a étonnamment autant d'avocats dans cette ville. Et autant de pizzérias, très chères, spécialité du pays apparemment, et des pharmacies, des papeteries,...
Eh, monsieur, où que je pourrais avoir un bon pollo con arroz s'il te plait ?
Je vais visiter la maison de la monnaie, intéressant musée avec fourneaux, laminoirs, presses pour transformer les lingots d'argent en pièces. Maintenant la Bolivie sous-traite la fabrication de sa monnaie 100% à l'étranger, dont la France, spécialisée dans les billets difficiles à falsifier. Utile par ici.
Puis vient l'heure de jouer les Etienne Lantier. On est 6 à partir avec Wilson, un ancien mineur, qui fait visiter sa mine aux touristes en quête de frissons. C'est qu'on signe une décharge de responsabilité, ce n'est pas un tour à la disneyland.
Tiens, c'était où déjà que des mineurs sont restés bloqués sous terre pendant des semaines ? J'sais plus, passons.
On enfile une légère combinaison de protection ainsi que des bottes pour pas se salir et ressortir tout propre (sauf les poumons).
Et un vrai casque de mineur qui va se révéler fort utile.
On passe d'abord au marché spécialisé, pour faire des cadeaux aux travailleurs que nous allons croiser.
En numéro 1, des sachets de feuilles de coca. Les mineurs ne mangent pas sous terre (because pas de toilettes), ils chiquent à en être vraiment dépendants. Une vraie drogue.
En numéro 2, boisson sucrée, eau ou alcool à 96°. Autre petit breuvage qui aide à tenir. On a testé, ça décoiffe!
Pour 3 euros, j'ai aussi acheté un kit dynamite, détonateur et mèche. En vente libre ici, sauf au moins de 4 ans, faut pas exagérer.
Ensuite on se fait avaler par une grande bouche noire et c'est parti pour plusieurs heures sous terre. C'est bas de plafond, merci le casque. On est à 4400 mètres, il est difficile de respirer et quand on prend une photo au flash, on voit bien toutes les poussières qui flottent. Les galeries sont étroites, vite, demi-tour, on doit courir accroupis (sauf pour la japonaise de 1,30m devant moi) pour laisser passer un lourd wagonnet de minerai.
2 hommes devant, 2 hommes derrière. Version officielle. Les 2 premiers n'ont pas 16 ans, c'est sûr.
Ils accueillent eau et coca avec soulagement, quelques paroles échangées puis les 4 mules des temps modernes repartent.
On crapahute nous aussi, on est essoufflés, certains endroits sont toxiques. Travailler ici est un enfer.
Transposons notre bolivien dans un bouchon de l'A31, dans sa voiture climatisée toutes options, à la cantine qu'elle est pas bonne, assis devant un ordinateur qui rame un peu. Il dirait quoi?
Wilson nous fait une longue pause devant l'oncle el tio, une divinité bienfaitrice (dieu n'existe pas ici) a qui on fait des offrandes, une fois pour demander, une fois pour remercier. Il nous raconte la vie de la mine, la dure vie en Bolivie et on comprends pourquoi les hommes se sacrifient ici (les femmes sont interdites).
On arrive au bout du tunnel, du soleil, de l'air frais enfin. Une potosina, la bière la plus haute du monde pour se rincer le gosier et un steak de lama, adresse conseillée par notre guide. C'est dure la vie de touriste-mineur.
Comme tout le monde va à Uyuni pour visiter le salar d'Uyuni (logique), je décide d'aller à Tupiza car je veux inclure l'ascension d'un volcan.
Mais d'abord il faut échapper à la spécialité locale, j'ai nommé le bloquéo.
Les mineurs sont tout-puissants ici et ils bloquent la ville pour un rien.
Notre bus mettra 1h30 à trouver une voie de sortie.
Tupiza est une petite bourgade charmante, tranquille. C'est la fin de la saison, moins de touristes et je vais devoir attendre 2 jours que trois autres personnes veulent bien faire aussi le même volcan que moi en plus du tour normal. Un peu d'obstination, un argument imparable "j'ai 90 chaines dans ma chambre", et je finis par convaincre un jeune couple espagnol puis un jeune italien, guide sur l'etna, de m'accompagner.
Un beau land cruiser V8 va nous trimbaler pendant 5 jours au travers de paysages tous plus beaux les uns que les autres. Avec cet engin, ces pistes, mon road trip en Australie me revient en mémoire. Sous un soleil brûlant, perdus dans l'immensité du sud Lipez, on soulève des nuages de poussières. C'est grandiose.
A la fin de la première journée, on arrive au pied de mon volcan. La nuit tombe vite, mais ce n'est rien en comparaison du froid de ce désert. Ma veste de ski en goretex qui n'avait pas pris l'air depuis belle lurette fait son retour. On ira se coucher tôt sous plusieurs couches de couverture.
4 heures du mat, 10°C dans la chambre, notre chauffeur-guide nous réveille. Notre cuisinière nous a préparé un petit-dej costaud ainsi qu'une boisson chaude spéciale altitude, avec des trucs dedans, dont des sortes de bouquets de brocolis que je me demande comment ils ont fait pour rentrer dans la bouteille. Et encore, ce n'est que bien plus tard qu'on verra qu'un des ingrédients est une grosse mouche.
Javier, notre guide, nous conduit le plus haut possible avec la jeep, jusqu'à être bloqués par une plaque de glace. 5400 mètres quand même.
On attaque la montée. Il connait son affaire le ravier, il nous fait des pauses de 1 minute maxi, il recharge sa bouche de feuilles de coca et il repart, tranquilo.
5800 mètres. On est cueillis à chaud par un fort vent glacial, situation qu'on voulait éviter avec notre départ si matinal. On ne s'arrêtera plus jusqu'au sommet du fameux Uturuncu. 6008 mètres !!!
Le plus haut volcan du sud de la Bolivie.
On repartira par l'autre face, plus long mais à l'abri du vent. C'est comme descendre une piste noire avec de la poudreuse sur des patinettes. Tu plantes ton talon et tu glisses sur les éboulis. C'est rigolo, c'est sportif mais gare à la chute.
Les 2 jours suivants vont voir se succéder des panoramas incroyables, une succession de lagunes de toutes les couleurs, des flamands roses d'une seule couleur, le petit salar de Chalviri en attendant le grand, le vrai, une petite piscine naturelle à 35°C très relaxante après 3 jours à se débarbouiller à l'eau glaciale. On visite aussi un petit geyser auprès duquel gargouillent de gros bains de boue.
Une énorme plaque monte en l'air et retombe par chance sur...l' épaule de notre ami italien.
1er temps, un regard de surprise sur cet objet tombe du ciel.
2eme temps, il crie et retire précipitamment son sweat. Eh oui, la boue jaillit à plus de 85°C quand même. A 10 cm près, il aurait pu jouer double-face dans batman.
Le soir on va dormir dans un hôtel de sel. Ils sont maintenant tous en bordure du Salar car jugés trop polluants.
Murs, tables, chaises, lits, tout est fait d'un mélange de cristaux de sel agglomérés avec de la colle a bois. Enurétiques s'abstenir!
Notre guide est inquiet, l'hôtel est pratiquement désert, toutes les jeeps venant d'Uyuni n'ont pas pu franchir la mer de sel à cause d'une forte pluie locale.
Mais le lendemain il fait beau à nouveau, quoique des nuages résiduels vont nous gâcher le lever de soleil alors qu'on s'était pourtant levés à 4h00 du matin.
Tant pis, le salar reste le salar, une énorme feuille blanche qui vous éblouis! Simplicité, limpidité, efficacité.
Pour finir, on fait un petit crochet par le cimetière des trains avant d'atteindre Uyuni, la ville fleurie, comme se plaisent à ironiser les habitants de Tupiza. En effet, chaque arbuste arbore un ou plusieurs sacs plastiques. Ici c'est le vent qui ramasse les déchets dans les rues (avec l'aide des chiens).
Mes 3 compagnons repartent dans la foulée vers le nord. Quant à moi, à voir la tête du guichetier de la SNCF locale, il semblerait que j'ai encore choisi la bonne option pour me rendre au Chili. Mais j'ai de la chance, le train ne part que dans 3 jours seulement, la ville est moche et sale, il y a des tas de pizzérias, le wi-fi est une technologie inconnue dans cette contrée et le meilleur cyber-café possède 2 PC à modem 56k et port usb bloqués.
Après 2 tentatives, je déniche un hôtel dont la télé diffuse plus que une chaine.
Tout va bien, on se détend.

A+ pour de nouvelles aventures

S.

[ Voir les photos : Bolivie - Sucre ]

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