blog d'un Lusisien en Vadrouille

Newsletter 32

Le 05/12/12, 9:57

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous

C'est vers midi que j'arrive à Buenos Aires. Pour me réhabituer à aller au travail et me ré-acclimater en douceur, les argentins ont organisé un gentil bouchon sur le périphérique et dans toutes les rues qui mènent à la gare routière. Merci, fallait pas.
De mon perchoir je remarque qu'il y a beaucoup de gens qui font la manche aux carrefours, des sans-abris dorment sur des cartons, enroulés dans des couvertures miteuses. L'économie argentine laisse beaucoup de monde sur le carreau. On verra d'ailleurs pas mal de sdf dormant à l'abri des édifices publics du centre. Sur ce point, les autorités sont tolérantes, elles ne cachent pas la misère comme on le fait chez nous.
Je trouve une AJ bien placée au centre, 4 McDo et 3 burger king dans un rayon de 500 mètres. On est bien au pays de la viande. Dans un souci d'équité, je teste le tripleMac et le triple whopper. Match nul, fast food façon tranquilo, tu commandes et ton plat arrive au moins 10 minutes plus tard. Tiens, cela me rappelle que 2 des chiens de mon gaucho avaient la maladie de la vache folle, contaminés par des croquettes à base de vache. Miam miam.
Le lendemain, je prends le subte, le plus vieux métro de l'hémisphère sud, pour aller dans un parc où les argentins aiment à flâner le weekend. Il fait grand beau, 30°C . Il y a des tas de jolies filles qui font du roller...il fait chaud à BA.
En face de la floralis générica, je rentre me mettre au frais dans le musée des beaux-arts dont on dit qu'il est exceptionnel.
Y'avait une expo d'un dénommé Caravaggio, œuvres prêtées par Rome, des statues d'un certain Rodin, des gouaches de van gogh, degas, gauguin, manet, monet, picasso, pissarro, rembrandt, renoir, rubens, et autres inconnus.
On se fout de nous, des gens qui ne sont même pas sur facebook. J'aurais du m'en douter, l'entrée était gratuite. Par contre j'ai pas compris pourquoi y'avait autant de gardiens?
Dimanche. Je retrouve M. à la gare. On finit le voyage ensemble, comme il avait commencé. En chemin, effet capitale oblige, on me fait le coup de la moutarde en aspergeant mon sac d'une pâte verte malodorante et en espérant que je le lâche pour l'essuyer. Un gentil commerçant me prévient et je rentre dans sa boutique constater les dégâts. Beurk, plus t'en mets, moins t'en as! Y'a que les chiens qui me reniflent.
On arrive à Puerto Iguazu de bonne heure car on enchaîne de suite avec la visite des chutes coté brésilien. En plus on est super excités à l'idée de rajouter un nouveau tampon sur notre passeport déjà bien rempli.
Tampon argentin de sortie, arrivée à la frontière brésilienne, le chauffeur du bus fait coucou de la main au douanier et ... c'est tout?
Déception, c'est quoi cette arnaque, une passoire cette frontière!
La balade coté brésilien est assez courte, mais l'espace occupé par les chutes reste impressionnant. C'est une merveille naturelle, protégée par l'unesco, et mis à part quelques passerelles qui permettent de s'approcher des chutes, l'endroit est bien préservé. Revoyez le film "Mission" pour vous plonger dans l'ambiance.
Le coté argentin est mieux aménagé, avec différents points de vue, loin, près, en bas, en haut. Le plus impressionnant bien sur c'est l'arrivée au dessus de la gorge du diable. On croise des gens qui en reviennent ruisselants et M. tente de protéger son gros nikon au mieux. Arrivés à l'aplomb de la gorge, un énorme brouillard de gouttelettes nous enveloppe dans un vacarme assourdissant. La pluie vient d'en bas. Le spectacle est grandiose mais on ne peut pas s'attarder sous peine de finir trempés. Quoique 36°C ça vous sèche un homme rapidement.
On se fait un bon resto le soir, genre brique de viande fondante de 5cm d'épaisseur avec une p'tiote boutanche de vin rouge. C'est le plat typique ici et c'est pas fait pour me déplaire.
Après une nuit difficile occupée à améliorer ma collection de boutons de moustiques, on repartira à BA pour notre dernier trajet en bus de nuit.
Dans cette grande ville moderne, avec ses grandes artères bordées de boutiques à la mode, M. se sent redevenir femme. C'est irrépressible, il lui faut une jupe et des chaussures assorties. Vœu exaucé en à peine 300 minutes. C'est que pour notre dernière soirée, nous avons réservé un diner spectacle avec show de tango.
On se retrouve dans une petite salle intime richement décorée de photos du BA du début du siècle, avec des portraits de Carlos Gardel. Au son des bandonéons, 4 couples nous émerveillent de leurs pas rapides. Si t'essayes de faire pareil tu te retrouves par terre en moins de deux.
On retrouve aussi des performers dans les rues passantes, artistes sans contrat qui demandent une petite propina en échange d'une petite démonstration. C'est très vivant les rues de BA.
Il est temps de faire son sac pour la dernière fois. J'organise celui de M. qui, une fois optimisé et rempli d'un tas de choses inutiles, atteint la bagatelle de 27 kilos à l'arraché! L’hôtesse du check-in nous fait les gros yeux. Avec mon regard de cocker battu, je lui qu'à nous deux on est dans la moyenne et ça passe.
Je rattrape un peu de mon retard cinématographique dans l'avion. Correspondance éclair londres-luxembourg et hop, me revoilà dans...le temps pourri du nord-est de la France en hiver.
Retrouvailles émouvantes avec toute la famille venue m'accueillir.
C'est bon aussi d'être chez soi entouré par l'amour des siens.


A+ pour le clap de fin

S.

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Posté par ceeeeb

Newsletter 31

Le 24/11/12, 17:09

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

Dans ma folle descente vers le bout du monde, je vais faire un changement de bus assez déconcertant, mon bus qui va à Punto Arenas va croiser celui qui en vient et qui va lui en Argentine. Les deux bus s'arrêtent au milieu de la route, s'échangent les passagers et repartent. Puis c'est une longue route à travers les étendues désertiques de la patagonie, vastes plaines plates où seuls de petits buissons poussent, de quoi sustenter les troupeaux de moutons des nombreux ranchs chiliens. C'est d'ailleurs ce qui me dérange le plus ici, l'omniprésence de barbelés, même jusque dans les parcs nationaux privatisés en partie.
Le bus s'arrête, tout le monde descend pour prendre un ferry. On franchit le détroit de Magellan pour entrer sur l'île de la terre de feu. Autant de lieux évocateurs, on ne peut s'empêcher de penser à tous ces explorateurs venus s'échiner ici pour cartographier la région. Je passe la frontière, l'île est partagée en deux entre Chili et Argentine.
Tin tin tin, tin tin vous vous rappelez du générique ?
Séquence boutdumondation avec l'entrée dand Ushuaïa, terminus de la descente. Là-bas, pas très loin, au delà du canal de Beagle, c'est le mythique Cap Horn. Il n'y a plus ...QUOI? On nous aurait menti à l'insu de notre plein gré? Il y a une ville plus au sud, Puerto Williams, coté chilien. Ouais, mais Puerto Williams, comme le dit Nicolas H. c'est moins accrocheur comme titre d'émission. Et comme la courte traversée en canot pneumatique coûte la bagatelle de 200$, et bien on y va pas et on oublie.
Séquence enferetdamnation avec le message "Initialisation en cours, formattage de la carte SD" au démarrage de ma tablette. C'est cool, je me retrouve au bout du monde avec un bidule vierge de toutes données, sans application, utile comme un dessous de plat. Je vais me lever tôt demain, aidé en cela par ma malédiction "gros ronfleur dans le dortoir", et je vais faire des emplettes sur l'android market pour réparer tout cela.
Et devinez qui je retrouve ici? Casimir? Non, ma petite M.
Forcement, Ushuaia, c'est un cul de sac.
Elle m'apprend le rythme argentin, lever au mieux à 9h30, pause déjeuner (les magasins ferment de 12h à 15h voire 17h) puis diner mais pas avant 22 ou 23 heures. Elle m'apprend aussi les mauvaises nouvelles, que l'Argentine va nous coûter une petite fortune, faute à une inflation galopante qui atteint parfois 100% en une année sur certains produits. Sans parler des transports en bus qu'on croirait que t'achètes un billet TGV 1ere classe à chaque fois. Coté logement, c'est direction le dortoir d'office, avec option boules quies pour moi. Un conseil, n'investissez pas en Argentine, elle court droit vers la banqueroute. C'est même malheureux car elle fait fuir les backpackers désargentés.
On va quand même investir dans une sortie culturelle pour visiter le musée du bout du monde, histoire d'en apprendre plus sur les indiens indigènes qui ont été lentement désintégrés dans la société moderne ou encore sur le bagne qui a fait vivre la ville avant l'arrivée des touristes.
Le lendemain c'est jour de rando pour redonner du rythme à M. qui s'en va faire le trek du W toute seule.
En ce qui me concerne, je remonte sur El Calafate, en avion, vu que pour le même prix tu évites les 30 heures de bus et les multiples pénibles passages en douane.
Comme le monde il est petit! A El Calafate, je croise en ville Anissa et Pauline, deux jeunes grimpeuses des alpes avec qui j'ai co-randonné dans les torres.
Malheureusement, aucune des deux ne peut se payer le trekking sur glacier, une société ayant acquis, honnêtement c'est sûr, le monopole sur cette activité sur le périto moréno.
Je m'en vais seul, je commence à en avoir l'habitude, voir ce glaçon vivant.
Après deux heures de marche crampons aux pieds et après le verre de l'amistad, on aura le loisir d'aller observer le gigantesque mur de glace duquel sortent des craquements sourds.
Et soudain, dans un grand fracas, une petite tour de glace bleutée s'effondre dans le lac d'argentine. Du grand spectacle.
Comme je suis dans le coin, je pousse jusqu'au parc des glaciers pour 3 autres jours de trekking. A l'entrée (je mentionne la gratuité sinon on va dire que je suis mauvaise langue), un ranger annonce "fenêtre de beau temps de 5 jours".
Au 1er campement où je me réfugie grelotant, en pleine tempête de neige, j'ai tout le loisir de repenser à la pertinence de ses propos.
Le lendemain, après une nuit un peu fraiche, je le vois enfin, le fameux pic tant redouté des grimpeurs, j'ai nommé le Fitz Roy ( je mentionne aussi qu'il y a du soleil).
Après 3 jours, je regagne El Calafate pour un repos bien mérité mais le sommeil tarde à venir malgré la fatigue. Une question me tarabuste, toujours mon coté scientifique. Qui fait le plus de décibels? 10 verrats ou le goret qui dort dans le lit voisin?

Il y a mille et une façons de visiter et d'apprécier un pays. Mes jours (de vacances je précise) sont maintenant comptés. J'aligne les chiffres, les heures de bus, les pesos, et le résultat ne me plait guère. Je ne veux pas courir l'Argentine, j'ai envie d'autres choses. C'est sans doute tous ces ranchs entrevus qui font que je me porte volontaire pour aider un gaucho perdu dans le nord de la patagonie. Au programme, nuits sous tente à coté d'une baraque en terre, sans eau, sans électricité. Pas une estancia à touristes, non, une semaine authentique dans la plus grande simplicité. J’atterris à El Cholar après avoir enchainé 40 heures de bus. J'y rencontre Jorge, 46 ans, mon gaucho qui vient me chercher dans un antique pickup ford des années 50. La 2eme vitesse coince, refuse de passer. Il ne comprend pas pourquoi vu qu'hier cela marchait bien. M'enfin...
20 minutes plus tard, on arrive sur son campo, 5000 hectares de broussailles caillouteuses parcourues par une rivière. Je vais y vivre avec ses 14 chevaux criollos, ses 40 vaches à viande, ses chèvres, ses poules, son chat et ses 4 chiens dont le petit dernier, un dogue d'un mois et demi dit le pirate, me machouillera les mains avec ses petites dents toutes neuves.
Pour l'accompagner dans les chevauchées, il m'attribue Ornero, un jeune mâle noir qui ne connait pas le trot. Il marche ou il galope. Avec son fils Nicolas venu pour le week-end on fait le tour du propriétaire et on s'arrête pour entreprendre des fouilles sur les anciens sites des indiens mapuche.
On ira ensuite ferrer un cheval chez son ami Ricardo, un autre gaucho.
Ils s'appellent tio (oncle) entre eux, pour signifier qu'ils appartiennent à la même famille, comme une fratrie. On reviendra pour marquer 100 chevrettes. Le marquage consiste à entailler les oreilles en faisant 5 encoches. Ça saigne, ça crie. Après avoir prouvé mon inefficacité au lasso, je passe au poste plaquage de la bête pour la taille. Je tiens la tête, j'ai le sang d'une centaine de chèvres aux yeux bleus sur les mains. En plus, la centième aura souffert inutilement puisque Ricardo va l'égorger, la dépecer et mettre la moitié dans son four à gaz rudimentaire.
On rentrera à minuit, après une soirée arrosée. Faire du cheval dans ces conditions est, je l' avoue, assez stressant. J'y vois rien, mon cheval est nerveux et pressé de rentrer mais je tallonne Jorge qui connait le chemin.
Ou plutôt son cheval connait le chemin car Jorge a un peu abusé du vino.
Chez un autre gaucho, j'irais donner un biberon de 3 litres de lait à un veau. Il engloutit le tout en 1 minute, le goinfre, et me suit partout ensuite, me prenant pour sa mère.
Je nage en plein far-west, on passe la matinée à rassembler les troupeaux de vaches, on fait la sieste traditionnelle sous le soleil de midi en faisant cuire des côtelettes (plus que 98 chevrettes). Au soir, Jorge sort sa guitare pour nous jouer des airs de cuenca, musique folklorique loin du tango des citadins.
Je quitte à regrets ce petit coin de paradis, je retourne en terre civilisée, faire une action inconnue de ces cow-boys : consulter mes mails.

A+ pour la fin des aventures

S.

PS: séquence rentralamaison : mon appareil photo est HS.

Voir les photos : Argentine - Ushuaia ]

Posté par ceeeeb

Newsletter 30

Le 11/11/12, 16:40

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous

Le Chili, c'est bien connu, c'est tout en longueur. Et en plus, arrivé au nord de la Patagonie, c'est le drame, y'a plus de route. 3 solutions sont possibles pour les voyageurs que nous sommes: la croisière de quatre jours à travers les fjords, le bus de trente heures qui passe par l'Argentine ou le saut de puce en avion.
Hé hé, avec toutes ces nuits froides passées sous ma tente, j'ai les moyens de me payer un trajet en aéronef, comme les survivants.
Et hop, direction Puerto Natales en passant par Punto Arenas.
Dans cette ville basée sur l'activité touristique, ma guesthouse est assez chère mais en contre-partie le petit dej est royal. Après avoir pantagruelisé de bon matin, je mets le nez dehors pour me balader dans une ville déserte. Quasiment tout est fermé, chose très rare, et les chiliens s'échauffent les esprits pour les élections municipales dimanche prochain.
J'entends quand même quelques bruits caractéristiques un peu oubliés chez nous, celui des pneus à clous, preuve d'un climat assez rude.

Même motif, même punition. J'apprends de la bouche d'un guide que la grande boucle est fermée. On est trop tôt dans la saison et la passe Gardner est encore enneigée.
Mais c'est quoi cette boucle, c'est quoi une passe, c'est qui ce Gardner? Help!
Okay, bon, pour les quelques personnes qui auraient oublié, je rappelle que Puerto Natales est célèbre pour son parc national des torres del paine avec l'un des treks les plus connus dans le monde, celui du W.
Comme M. est super motivée pour faire ce trek avec bibi et qu'elle ne viendra que dans 6 jours, je m'en vais faire un peu d'échauffement dans le sud du parc à défaut de pouvoir faire le grand tour.
Et en plus j'aurais la chance de tout payer au tarif pleine saison, le bus, l’hôtel, l'entrée du parc. Là, la neige, elle a pas gelé les prix.
L'administration qui s'occupe des parcs au Chili s'appelle le conaf, ce qui fait déjà 4 lettres en commun avec le qualificatif qui leur sied le mieux.
L'un dit "ouvert", l'autre dit "fermé", un autre " vas-y et si c'est fermé tu reviens." Des pros!
Je vais donc prendre des chemins sûrs pour éviter de marcher deux jours pour des prunes.
1er jour sous le soleil mais un vent de face à vous rendre fou. A tel point que je mets mon joli bonnet, cadeau ô combien utile de ma sœurette.
Musique, bonnet, je chemine dans cette partie sud totalement déserte et j'arrive au premier campement que j'ai pour moi tout seul.
Réveil sous la pluie, qui me fera l'honneur de m'accompagner pendant les 4 prochains jours.
Oh le menteur, même pas vrai, j'ai eu quelques éclaircies à la fin pour compenser des averses de neige et de grêle que j'ai affrontées vers le glacier grey.
Au troisième jour, je campe carrément sur un lit de boue. Avec mon matelas pneumatique, je trouve cela finalement assez confort. Mais à remballer la tente, c'est un peu dégeu surtout avec les doigts engourdis par le froid!
Au détour d'un chemin, je vais surprendre un lapin. Un petit, mais avec un ENORME manteau de fourrure. Pas bête le lapinou!
C'est comme le guanaco, le lama patagonien, très poilu, ou encore le nandu, un petit émeu très...plumeux?
Sous le rare soleil, les paysages sont magnifiques, les couleurs incroyables. Le glacier produit de magnifiques icebergs bleutés.
Malheureusement, mon appareil photo est devenu hyper récalcitrant. Sable fin du Pérou + humidité ambiante = c'est la cata.
Il refuse parfois de s'ouvrir, de faire le focus, de se fermer, de zoomer. C'est un peu galère, rageant, je peux oublier les photos instantannées.
J'ai même raté de superbes images d'un oiseau assez rare dans le parc d'après le guide, le carpintero patagonico à tête rouge. GRrrrr....
Et encore, je vous dis pas que ma batterie de secours s'est mise en court-circuit et a grillé.

Me voila bien échaudé, je peux rentrer à Puerto Natales pour accueillir M. avec un petit cadeau pour elle qui collectionne les sables de ce tour du monde: un petit sachet de cendres tout droit sorti du volcan puyehue.
Un truc que j'aime bien chez les filles, c'est le coté imprévisible, non rationnel parfois, avec un sens pratique hors du commun. C'est vrai, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, voire très compliqué. Résultat, d'un transfert que des centaines de milliers de touristes font par an pour aller aux torres, M. a voulu inaugurer une nouvelle voie et se retrouve dans la galère des transports argentins et de sa route 40, dans l'incapacité de me rejoindre avant plusieurs jours.
Tant pis, je profite de ma nouvelle popularité à la guesthouse (celui qui revient de 5 jours d'enfer et qui y retourne) pour aider la gente féminine cosmopolite à préparer le trek du W.
Elles appréhendent la météo et je leur cite le panneau philosophique dans le parc "Ne nous demandez pas le temps qu'il va faire, on ne sait pas".
Après un jour de repos et un réapprovisionnement substantiel en victuailles réconfortantes (des pâtes), je retourne au parc sous un franc soleil et une légère brise, genre 160km/h en pointe. Parfois il est impossible d'avancer, faut se planter dans le sol pour résister. J'ai même vu des gens être renversés avec la prise au vent du sac. Bref, encore du bonheur. Je progresse, mon crane d'oeuf pourfendant la bise. Je touche presque au but, voir les tours de granit, les trois soeurs torres.
Quoi? L'accès est fermé! Pour cause de fort vent sur la crête!
Faut se replier au camping en contre-bas.
6h30 du matin, je me faufile entre les lignes ennemies des parc-rangers.
Il y a moins de vent mais le haut du chemin est tout verglacé de si bon matin. Mais j'y suis, les 3 tours sont là, majestueuses dans le soleil levant. 3 gros cailloux quasi éternels, géants de pierre qui contemplent les millions de petits humains venus immortaliser leurs instants.
J'attaque ensuite la branche centrale du W, où je vais croiser Poh, ma malaysienne. C'est une branche européenne, on va du camp italiano au camp britanico pour parcourir la vallée des français. La vallée se termine en cul-de-sac par un spectaculaire cirque rocheux. C'est là que je vais croiser une autre de mes groupies, que j'appelle Colorado car elle vient de Leadville (CO).
Comme j'ai déjà fait la branche du glacier, je me dirige à nouveau vers le camping désert du premier soir. Je suis content, il n'a pas plu, je vais pouvoir remballer ma tente toute sèche.
Pluie et vent toute la nuit vont noyer cet espoir. A mon retour à Puerto Natales, je noyerai à mon tour mon désespoir dans quelques pintes. Non mais!
Voila, 10 jours de trek patagoniens mémorables. J'étais devenu une machine à marcher, 25-30 kilomètres quotidiens avec un lourd sac à dos sans rien ressentir, aucune douleur ni gène. Je vais la mettre sur off.
Demain je me lève à 6h00 du mat pour aller encore plus au sud et je vais faire un max de bruit, histoire de réveiller les deux autres gars bruyants et mal-élevés du dortoir qui sont rentrés à 2h00 du mat à moitié bourrés.
Tiens, faudra aussi que je mette sur off mon coté rancunier. Plus tard...

A+ pour de nouvelles aventures

S.

Voir les photos : Chili - San Pedro ]

Posté par ceeeeb

Newsletter 29

Le 15/10/12, 9:34

28.2611197259.21527828125

Buenas dias à toutes et à tous,

32. C'est le coût en bolivianos de mon transfert en train vers la frontière. Les agences proposent le trajet vers San Pedro de Atacama pour dix fois plus cher, le prix de la facilité.
Pourquoi l'unique train de la semaine sur cette ligne part à 3h30 du matin? Mystère. Peut-être pour éviter que les gens s'aperçoivent que 32, c'est aussi la vitesse de pointe du train. Ça saute, ça secoue, y'a pas de lumière, y'a pas de chauffage, on grelotte. Il avait prévenu le lonely planet, seulement pour les accrocs.
Arrivé au petit jour dans un village minier perdu au milieu du désert, l'unique locotracteur fait des manœuvres interminables pour raccrocher 2 wagons de plus.
On arrive à Avaroa, fin de la voie coté bolivien avec seulement 2 heures de retard. 20 baraques, dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Ça doit faire longtemps qu'ils n'ont pas vu un blanc-bec venir par le chemin de fer. Je traverse à pieds un no man's land de plusieurs kilomètres pour arriver à Ollague, 30 baraques. Dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Car il me dit que le bus est parti il y a une heure, que le prochain est dans 2 jours et qu'il y a belle lurette que le train coté chilien ne prends plus de voyageurs.
Pas de panique, passons au plan B. Euh, c'est quoi déjà le plan B ?
Une équipe de reporters irlandais est justement présente à cette douane pour faire un documentaire sur mon tortillard de train ! Je peux pas avoir tout faux quand même. Leur chauffeur repart à vide. Re-coup de chance, il habite à San Pedro, là où je me rends. Merci le dieu des trains.
Et voila, c'était fastoche. Coût record de l'opération : 32.
L'arrivée à San Pedro par la route est de toute beauté avec le coucher de soleil: vallée des dinosaures, vallée de la mort, vallée de la lune, et une petite ville arborée nichée au creux du désert.
Argh, enfer et damnation, c'est gringoland ici, que des touristes ! Et bien sûr, son cortège de prix trop chers, hôtels, restos, même la place de camping est exorbitante. Cela me déplait fortement. Au Chili, les gens ne sont quasiment pas typés, avec mon teint halé je peux aisément passer pour un local, mais ici je me sens comme un pigeon qu'on s'apprête à plumer.
Tant que je suis dans le chapitre anatomique, mon esprit scientifique a remarqué une proportion plus qu’intéressante de jolies filles, beautés naturelles sans artifices ostentatoires. Cela change des 3 pays précédents et je sens que je vais fatiguer du globe oculaire moi.
Je vais quand même me délester de quelques pesos pour aller voir la vallée de la lune et ses environs, un tour avec une bande de jeunes chiliens de Santiago un peu éméchés, dont un qui va se faire une entorse du genou dès le début en faisant le zouave. Mais l'ambiance était sympa, avec une grosse glacière remplie de canettes dans le van.
Le lendemain matin à 4 heures, tour un peu plus sérieux, avec des vieux, oh pardon, des personnes plus âgées, pour voir les geysers de Tatio.
On arrive de nuit sur le champ, il fait -15°C. Ça fume de çi, de là. Mais les geysers se réveillent avec l'aube et des panaches s'élèvent de partout.
Ce sont plus des fumerolles que des geysers car seuls quelques trous crachotent de l'eau. Rien à voir avec Yellowstone. 1 heure plus tard, extinction des feux.
Je fais escale à Calama, je crois qu'avec tous ces chauds et froids je me suis chopé une grippe...espagnole. 2 jours de repos dans une ville où j'ai du mal à trouver un logement décent pour pas cher. C'est qu'il y a ici la plus grande mine de cuivre du monde à ciel ouvert: Chuquicamata. L'exploitant fait même visiter gratuitement sa mine. Tout d'abord passage par la ville fantôme de chuquicamata. Une petite ville entière pour 20000 habitants, avec hospital et écoles, des commerces et pas une âme. Sensation étrange.
C'est pas que la mine est nocive, non, c'est juste une question de normes, c'est trop près. Visite du musée, explication sur les procédés de production, puis on remonte dans le bus, interdiction de se balader ni de toucher quoique ce soit. Sortie de nulle part toutes sirènes hurlantes, une jeep de la sécurité va rappeler à l'ordre 2 enfants qui se dirigeaient vers les balançoires.
Puis on rentre sur le site. D'énormes camions de 400 tonnes font la navette en spirale vers le fond. 3 litres de diesel à la minute le bestiau!
Notre ridicule petit bus monte jusqu'à un mirador qui permet d'apprécier l'ampleur de cette mine. Bientôt elle deviendra souterraine. C'est vrai que le Chili aime bien ensevelir ses mineurs. Encore 100 ans d'exploitation estimés, dont 45% ira vers la Chine technologique. Eh oui, ouvre ton ipad chinois et tu y verras le cuivre chilien.
Pourquoi il faut avoir obligatoirement un pantalon long, des manches longues, porter un casque, ne strictement toucher à rien, ne pas s'approcher à moins de deux mètres de ce tas de gravats? Pourquoi le guide nous encourage à faire un don à l'hospital des enfants qui souffrent de manière totalement incompréhensible d'un taux anormal de maladies et malformations? Parce que le monsieur il a dit que la mine est sans danger !
Convalescent, je me fais une toile, un film hautement intellectuel, resident evil 5 en 3D svp. Même en castillan, tu comprends aisément la teneur des riches dialogues de ce film.
Dans cette ville aisée, la place est quasiment aussi chère qu'en France. Le Chili, comme sa voisine l'Argentine, est un pays riche d’Amérique du sud. A part les spécificités locales, ils ne sont pas très loin selon moi du standing des petites villes de l'ouest des USA.
Dans ma longue route vers le sud, je fais escale à La Serena. Je suis accueilli par Maria, une gentille mamie un peu sourde qui tient une guesthouse avec ses 2 fils. Café du matin, rejoins par 3 jeunes filles qui viennent d'arriver aussi. On papotte, on papotte et on décide d'aller faire une virée bucolique dans les vignobles de Pisco. Visite d'une distillerie, dégustation et retour par une jolie vallée. Hic, elle était bien plaisante cette virée alcoolique.
Avant d'attaquer un énième long trajet vers Valparaiso, je fais un tour à la plage pour admirer 2 apprentis surfeurs se vautrer lamentablement. Au retour, je fais copain-copain avec le gardien du garage chevrolet qui va me laisser entrer pour toucher du doigt un rêve.
Je continue ma descente dans ce long pays. Arrivée dans la ville côtière de Valpo pour les intimes. C'est à la fois une ville et des villages. La ville est en bas, étalée le long de la mer avec un énorme port militaire et marchand à une extrémité. Ensuite, il y a des dizaines de collines, quartiers historiques accessibles par de raides ruelles ou escaliers, mais surtout par d'antiques funiculaires. Des quartiers paisibles, bohèmes, où les artistes en tout genre sont venus exercer leurs talents sur les façades des guesthouses. Le bas de la ville n'est pas en reste car il y circule quotidiennement des tramways des années 50.
Puis de nouveau une longue étape vers Pucon pour voir de mes yeux le volcan Villarrica dont on dit qu'il pète le feu. Cette petite ville est comme une carte postale, les principaux édifices sont en bois, des petits restaurants accueillants, de l'artisanat, et un petit lac. Vraiment, un endroit rêvé pour louer un chalet et passer ses vacances. Comme dans "le pic de dante", Pucon peut prétendre au titre de la reine des destinations loisirs. C'est cool, en plus ils ont même un gros volcan actif tout blanc, tout proche...
Pas de touristes, rien, nada. Impossible de vérifier si on peut voir de la lave dans le cratère. Et je ne crois pas en la parole des agences. Je vais prendre rendez-vous avec l'Etna, c'est plus sûr.
C'est devant ce paysage magnifique que je souhaite un joyeux anniversaire à mon filleul Théo, et je rajoute un "top" écrit pour son père qui comprendra.
Nanti de la bible du trekking en Patagonie, je m'en vais à Osorno où j'ai repéré une jolie balade de plusieurs jours dans la nature. L'appel de la forêt, n'est-ce pas Jack? Je fais mes emplettes et c'est parti.
Avec le recul je vais rebaptiser cela le trek du serial looser.
Tout commence par la perte de la ceinture ventrale de mon sac à dos rendue amovible par les doigts de fée de ma gentille maman. Au sortir de la soute à bagages du bus de nuit à Pucon, disparue, envolée, abracadabra. Bonjour le dos pour le portage!
Bien chargé, je me rends à Anticura sauf qu'en cette saison le bus s'arrête 17km avant. Je marche un peu beaucoup sur cette route déserte puis un camionneur me prends en stop. Pouet pouet.
Motivé à fond, j'arrive au point de départ. Dans un espagnol approximatif je dis "moi y'en a vouloir faire el trek du volcano Puyehue".
Dans un espagnol impeccable, on me réponds "Impossible, le volcan est entré en éruption en Juin de l'année passée et a complètement rasé la zone des baños". Mince, c'était justement un des atouts de ce trek, des bains d'eau chaude à profusion et des geysers pour moi tout seul. Le tout repose maintenant sous un champ de lave. C'est sûr, c'est pas en Auvergne que ça arriverait.
On me dit que je peux prendre le sendero du Chile et tenter de rejoindre un lac au sud à 60 km. Mais là, ils n'ont pas de carte de cette zone et moi non plus. Mais de toute façon, c'est un chemin en construction.
Allons-y pour l'aventure. En partant, ils me disent "buena suerte". Faudra que je regarde dans un dictionnaire ce que cela veut dire.
La première journée se passe agréablement, je suit un long sentier dans les bois sous un franc soleil. A part ces pénibles obstacles non naturels que je peine à franchir, des branchages et des tas de piques en bamboo taillées en pointe volontairement mis en travers du chemin. Ces obstacles me tracassent, je me demande si je ne vais pas atterrir dans une tribu de dégénérés mangeurs d'hommes.
2ème jour, les pièges se multiplient, avec des troncs d'arbre de 1m de diamètre en plus maintenant. Le sentier monte, des plaques de neige font leur apparition. L'affaire se corse, le chemin devient tout blanc sous 50cm de neige. On m'avait dit "faut franchir une passe pour déboucher sur de vastes prairies au-delà". Je vois la passe à 1km mais tout est recouvert de neige et plus de chemin. Par précaution, je note ma position GPS actuelle et j'attaque la montée. Je galère mais j'arrive assez haut pour voir "au-delà".
Si j'avais su j'aurais pris mes skis. Que de la neige ! Quid des vastes prairies? Quelques pas plus loin, je m'enfonce jusqu'à la taille et encore, c'est mon sac qui me retient. Fâcheuse posture. Wilson gît à terre, pardon, à neige. (Wilson c'est mon bâton). Je prends appui à plat pour m'extraire de cette congère et je m'en va rampant jusqu'à un arbre proche.
Il y a des jours où il faut s'avouer vaincu et ce jour en est un Triste
Mes chaussures, chaussettes et bas de pantalon sont trempés. Je me replie vers une clairière repérée en passant pour aller ruminer dans mon pré.
Mais il est énorme ce sanglier noir qui squatte ma clairière. De la taille d'un cochon domestique. Il me voit, il oblique dans ma direction.
Curiosité, agressivité, territorialité ?
Je m'accroupis, j'ai:
- Wilson
- mon couteau
- ma scie
- un point de QI de plus
- 2 piques en bambous (dans Braveheart, ils arrêtent un cheval avec alors pourquoi pas un cochon)
Mais mon paquet de côtelettes file sur ses jarrets et disparait. Trouillard!
Il est très tard, demain sera une journée de repos pour faire sécher mes affaires.
Mais bien sûr, après 2 jours de chaleur, le lendemain sera une journée pourrie, grise, humide et froide. Pas vu le soleil. Je consulte mon kit "Bear Grylls" pour me réchauffer. Mettre le feu à la forêt, non, dormir tout nu avec une fille, peux pas (et avec un sanglier ?), manger, OUI!
J'ai des pâtes, du risotto, du parmesan, du saucisson, du tang. Ça va!
Je vais faire un peu de camping ici en attendant les beaux jours puis je m'en retournerai à Osorno pour la suite des aventures.

A+

S.

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Posté par ceeeeb

Newsletter 28

Le 14/10/12, 9:41

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

Pour affronter le long trajet de nuit qui va m'emmener à Sucre, je m'offre un quadruple de chez burger king, unique survivant de la malbouffe occidentale, peu appréciée en Bolivie. Même KFC n'arrive pas à s'implanter ici, alors que des millions de poulets sont assassinés chaque jour.
Sucre, la capitale constitutionnelle du pays, sera une étape reposante. C'est une jolie petite ville tranquille, pas beaucoup de monde, pas beaucoup de voitures. Je vais pouvoir flâner de ci de là dans les rues flanquées de bâtisses blanches. Je vais même déambuler dans le cimetière arboré dont l'office de tourisme dit que c'est le plus beau du pays. C'est vrai que certains caveaux ressemblent à des temples grecs. Et ils ont même un petit parc des tuileries avec une mini tour eiffel.
Ensuite, direction Potosi, la ville la plus haute du monde, 4067 mètres.
Anciennement aussi la capitale du monde, quand au 16° siècle fut découvert la montagne d'argent qui alimentera les caisses du royaume d'Espagne très très longtemps. La mine s'est tarie, plus rentable de nos jours, l'état s'est désengagé et il reste 2000 mineurs regroupés en coopératives qui s'acharnent à extraire le peu de minerai restant.
Mais mineur, à Potosi et ailleurs en Bolivie, c'est encore le métier le plus lucratif du pays. Ils ont même droit à une retraite, sauf que quasiment tous vont mourir avant, de la silicose ou autre saloperie respirée à pleins poumons.
C'est aussi peut-être pour cela qu'il y a étonnamment autant d'avocats dans cette ville. Et autant de pizzérias, très chères, spécialité du pays apparemment, et des pharmacies, des papeteries,...
Eh, monsieur, où que je pourrais avoir un bon pollo con arroz s'il te plait ?
Je vais visiter la maison de la monnaie, intéressant musée avec fourneaux, laminoirs, presses pour transformer les lingots d'argent en pièces. Maintenant la Bolivie sous-traite la fabrication de sa monnaie 100% à l'étranger, dont la France, spécialisée dans les billets difficiles à falsifier. Utile par ici.
Puis vient l'heure de jouer les Etienne Lantier. On est 6 à partir avec Wilson, un ancien mineur, qui fait visiter sa mine aux touristes en quête de frissons. C'est qu'on signe une décharge de responsabilité, ce n'est pas un tour à la disneyland.
Tiens, c'était où déjà que des mineurs sont restés bloqués sous terre pendant des semaines ? J'sais plus, passons.
On enfile une légère combinaison de protection ainsi que des bottes pour pas se salir et ressortir tout propre (sauf les poumons).
Et un vrai casque de mineur qui va se révéler fort utile.
On passe d'abord au marché spécialisé, pour faire des cadeaux aux travailleurs que nous allons croiser.
En numéro 1, des sachets de feuilles de coca. Les mineurs ne mangent pas sous terre (because pas de toilettes), ils chiquent à en être vraiment dépendants. Une vraie drogue.
En numéro 2, boisson sucrée, eau ou alcool à 96°. Autre petit breuvage qui aide à tenir. On a testé, ça décoiffe!
Pour 3 euros, j'ai aussi acheté un kit dynamite, détonateur et mèche. En vente libre ici, sauf au moins de 4 ans, faut pas exagérer.
Ensuite on se fait avaler par une grande bouche noire et c'est parti pour plusieurs heures sous terre. C'est bas de plafond, merci le casque. On est à 4400 mètres, il est difficile de respirer et quand on prend une photo au flash, on voit bien toutes les poussières qui flottent. Les galeries sont étroites, vite, demi-tour, on doit courir accroupis (sauf pour la japonaise de 1,30m devant moi) pour laisser passer un lourd wagonnet de minerai.
2 hommes devant, 2 hommes derrière. Version officielle. Les 2 premiers n'ont pas 16 ans, c'est sûr.
Ils accueillent eau et coca avec soulagement, quelques paroles échangées puis les 4 mules des temps modernes repartent.
On crapahute nous aussi, on est essoufflés, certains endroits sont toxiques. Travailler ici est un enfer.
Transposons notre bolivien dans un bouchon de l'A31, dans sa voiture climatisée toutes options, à la cantine qu'elle est pas bonne, assis devant un ordinateur qui rame un peu. Il dirait quoi?
Wilson nous fait une longue pause devant l'oncle el tio, une divinité bienfaitrice (dieu n'existe pas ici) a qui on fait des offrandes, une fois pour demander, une fois pour remercier. Il nous raconte la vie de la mine, la dure vie en Bolivie et on comprends pourquoi les hommes se sacrifient ici (les femmes sont interdites).
On arrive au bout du tunnel, du soleil, de l'air frais enfin. Une potosina, la bière la plus haute du monde pour se rincer le gosier et un steak de lama, adresse conseillée par notre guide. C'est dure la vie de touriste-mineur.
Comme tout le monde va à Uyuni pour visiter le salar d'Uyuni (logique), je décide d'aller à Tupiza car je veux inclure l'ascension d'un volcan.
Mais d'abord il faut échapper à la spécialité locale, j'ai nommé le bloquéo.
Les mineurs sont tout-puissants ici et ils bloquent la ville pour un rien.
Notre bus mettra 1h30 à trouver une voie de sortie.
Tupiza est une petite bourgade charmante, tranquille. C'est la fin de la saison, moins de touristes et je vais devoir attendre 2 jours que trois autres personnes veulent bien faire aussi le même volcan que moi en plus du tour normal. Un peu d'obstination, un argument imparable "j'ai 90 chaines dans ma chambre", et je finis par convaincre un jeune couple espagnol puis un jeune italien, guide sur l'etna, de m'accompagner.
Un beau land cruiser V8 va nous trimbaler pendant 5 jours au travers de paysages tous plus beaux les uns que les autres. Avec cet engin, ces pistes, mon road trip en Australie me revient en mémoire. Sous un soleil brûlant, perdus dans l'immensité du sud Lipez, on soulève des nuages de poussières. C'est grandiose.
A la fin de la première journée, on arrive au pied de mon volcan. La nuit tombe vite, mais ce n'est rien en comparaison du froid de ce désert. Ma veste de ski en goretex qui n'avait pas pris l'air depuis belle lurette fait son retour. On ira se coucher tôt sous plusieurs couches de couverture.
4 heures du mat, 10°C dans la chambre, notre chauffeur-guide nous réveille. Notre cuisinière nous a préparé un petit-dej costaud ainsi qu'une boisson chaude spéciale altitude, avec des trucs dedans, dont des sortes de bouquets de brocolis que je me demande comment ils ont fait pour rentrer dans la bouteille. Et encore, ce n'est que bien plus tard qu'on verra qu'un des ingrédients est une grosse mouche.
Javier, notre guide, nous conduit le plus haut possible avec la jeep, jusqu'à être bloqués par une plaque de glace. 5400 mètres quand même.
On attaque la montée. Il connait son affaire le ravier, il nous fait des pauses de 1 minute maxi, il recharge sa bouche de feuilles de coca et il repart, tranquilo.
5800 mètres. On est cueillis à chaud par un fort vent glacial, situation qu'on voulait éviter avec notre départ si matinal. On ne s'arrêtera plus jusqu'au sommet du fameux Uturuncu. 6008 mètres !!!
Le plus haut volcan du sud de la Bolivie.
On repartira par l'autre face, plus long mais à l'abri du vent. C'est comme descendre une piste noire avec de la poudreuse sur des patinettes. Tu plantes ton talon et tu glisses sur les éboulis. C'est rigolo, c'est sportif mais gare à la chute.
Les 2 jours suivants vont voir se succéder des panoramas incroyables, une succession de lagunes de toutes les couleurs, des flamands roses d'une seule couleur, le petit salar de Chalviri en attendant le grand, le vrai, une petite piscine naturelle à 35°C très relaxante après 3 jours à se débarbouiller à l'eau glaciale. On visite aussi un petit geyser auprès duquel gargouillent de gros bains de boue.
Une énorme plaque monte en l'air et retombe par chance sur...l' épaule de notre ami italien.
1er temps, un regard de surprise sur cet objet tombe du ciel.
2eme temps, il crie et retire précipitamment son sweat. Eh oui, la boue jaillit à plus de 85°C quand même. A 10 cm près, il aurait pu jouer double-face dans batman.
Le soir on va dormir dans un hôtel de sel. Ils sont maintenant tous en bordure du Salar car jugés trop polluants.
Murs, tables, chaises, lits, tout est fait d'un mélange de cristaux de sel agglomérés avec de la colle a bois. Enurétiques s'abstenir!
Notre guide est inquiet, l'hôtel est pratiquement désert, toutes les jeeps venant d'Uyuni n'ont pas pu franchir la mer de sel à cause d'une forte pluie locale.
Mais le lendemain il fait beau à nouveau, quoique des nuages résiduels vont nous gâcher le lever de soleil alors qu'on s'était pourtant levés à 4h00 du matin.
Tant pis, le salar reste le salar, une énorme feuille blanche qui vous éblouis! Simplicité, limpidité, efficacité.
Pour finir, on fait un petit crochet par le cimetière des trains avant d'atteindre Uyuni, la ville fleurie, comme se plaisent à ironiser les habitants de Tupiza. En effet, chaque arbuste arbore un ou plusieurs sacs plastiques. Ici c'est le vent qui ramasse les déchets dans les rues (avec l'aide des chiens).
Mes 3 compagnons repartent dans la foulée vers le nord. Quant à moi, à voir la tête du guichetier de la SNCF locale, il semblerait que j'ai encore choisi la bonne option pour me rendre au Chili. Mais j'ai de la chance, le train ne part que dans 3 jours seulement, la ville est moche et sale, il y a des tas de pizzérias, le wi-fi est une technologie inconnue dans cette contrée et le meilleur cyber-café possède 2 PC à modem 56k et port usb bloqués.
Après 2 tentatives, je déniche un hôtel dont la télé diffuse plus que une chaine.
Tout va bien, on se détend.

A+ pour de nouvelles aventures

S.

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Posté par ceeeeb

Newsletter 27 (La vie en rose)

Le 05/10/12, 9:04

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

Comme quoi le hasard fait bien les choses. Au lieu de prendre le bus à touristes qui traverse la frontière à Copacabana (oui oui, la fameuse plage au Brésil doit son nom à cette petite ville bolivienne), je décide de prendre le chemin le plus rapide comme le local qui se respecte.
Qui a eu la même idée? Yvonne, une jeune hollandaise de 24 ans, auprès de qui je passe pour un nain car elle culmine à 1,90m. Y'aurait pas des talonnettes pour les chaussures de rando par hasard ?
Avec son espagnol impeccable, elle m'aide à traverser une frontière dont le bureau des formalités est très bien caché. De nouveau, ici, tout rentre et sort sans aucun contrôle.
On s'entasse dans un micro-bus, en réalité un minivan et c'est parti pour 2 heures de route sur l'altiplano, à 4000 mètres d'altitude. On arrive sur le haut de La Paz, la vue est incroyable, la ville est très encaissée, le fond est à 3600m quand même et Yvonne a repéré un hôtel sur les hauteurs.
L'air se fait rare, maintenant je sais pourquoi les boliviens marchent lentement.
Comme si cela ne suffisait pas, Carla et Nicolas iront à pied pour prendre des billets direction Amazonie.
Mon estomac remarque rapidement une différence notable avec le Pérou ou encore l’Équateur. Ici, peu de petits commerces d'alimentation et peu de petits restos pour l'almuerzo, mais des tas de micro-stands dans les rues, pour tout et n'importe quoi. Pour manger faut chercher mais si tu veux une agrafeuse, des ciseaux ou une photocopie pas de problème.
La Bolivie est un pays pauvre, salaire moyen inférieur à 200$, les gens vivotent en faisant commerce de tout. J'ai vu une annonce sur un poteau "Recherche vendeuse, 1000 bolivianos par mois". Ça fait rêver.
La Paz est aussi stressante, circulation infernale de milliers de microvans et taxis qui quadrillent la ville et s'arrêtent tout le temps, des gens par milliers, par millions, tout le temps. Le soir, des files de 100m de long se forment devant des poteaux invisibles pour rapatrier tout ce joli monde vers les hauteurs, vers la banlieue.
11h30 du matin, la grande Vovonne et bibi sommes prêts à monter dans le bus qui va Rurrenabaque. 13h30, le bus démarre pour un trajet de 18 heures au mieux. Entre temps, nous aurons mangé avec nos petits doigts du riz et des boulettes de viande dans un sac plastique. Merci les petits stands.
Pourquoi les gens prennent l'avion pour aller à Rurre?
Serait-ce parce qu'après quelques heures le bus bifurque sur une piste poussiéreuse, en pleine montagne, avec un précipice et pas assez de place pour se croiser? Non, pas possible. De toutes façons, c'est un bus de nuit, tu fermes les yeux, tu essayes de dormir et si tu revois le soleil du matin c'est que c'est bon.
A la pause diner, on est un poil retardé par un silent block récalcitrant, piece inutile qui finira le voyage dans la soute à bagages.
On arrive vers neuf heures à Rurre. Petite sieste méritée avant de chercher un tour dans la pampa, sorte de savanne avec des trous d'eau en saison sèche mais recouverte d'eau en saison humide.
On rencontre Rose, jeune hollandaise de 24 ans. Encore! C'est décidément l'année Hollande. On croise aussi le jeune couple de lyonnais, aussi en tour du monde, qui a fait le trajet dans le même bus.
A cinq, on négocie un bon tour de 3 jours.
Comme la température moyenne est de 40° et un tantinet humide, on finit la journée à la piscine en compagnie d'un toucan apprivoisé, armé d'un bec menaçant.
Ah oui, dans la catégorie "véhicules disparus", j'ai retrouvé toutes les toyota picnic (sauf une?) vendues. 95% des voitures du coin, rendez-vous compte!
Départ du tour, 3 heures de 4x4 sur une piste toute droite puis 3 heures de canoé à moteur sur une rivière un peu assoiffée. Là, c'est le choc. Un caïman tous les 10 mètres, des tas de tortues, des hérons, des capibaras, des jabirus, des je ne sais pas quoi tout plein. C'est trop bien!
Soudain, notre guide se met à crier "flipper, flipper" tout en rigolant. Dans un large virage, de gros dauphins d'eau douce roses s'ébattent.
Le soir, on doit aller voir le coucher de soleil dans une tour. Le guide nous avertit: "gare aux moustiques". T- shirt à manches longues, pantalon, seuls les pieds, les mains et la tête sont aspergés de répulsif. Prêt!
18h59m59s: rien
19h00m00s: mosquitos time. Des dizaines de moustiques noirs s'abattent sur toi, le répulsif est sans effet et de toutes facons ils piquent au travers des vêtements ces sauvages, même ceux imprégnés d'un produit spécial qui coûte la peau des fesses. Z'ont pas lu la notice ces moustiques!
Vite, une photo et on opère un repli stratégique.
Le lendemain c'est chasse à l'anaconda sous un soleil de plomb.
Dans le premier trou d'eau, tout le groupe marche sur les bords bien au sec tandis que notre guide passe au milieu.
Bingo! Il met le pied sur un joli spécimen de 3 mètres de long qui va souffrir pendant un heure en passant de main en main.
Puis on se met en quête d'un cobra mais là on fera choux blanc.
L'aprem, petite baignade en compagnie des dauphins. Conseil, rester au milieu avec eux car sur les bords les caïmans rodent.
Puis pêche aux piranhas rudimentaire, du fil et un hameçon assez discret cette fois. 4 seront attrapés, je suis bredouille, grrr.
Rose à coté de moi en attrape un juste avant de rentrer avant le mosquito time. Pfff, la chance des débutantes.
Par contre, une des filles du groupe aura la frayeur de voir un gros caïman remonter à la surface à 10cm de la barque. Il suivait son petit morceau de viande et a failli attraper sa grosse main. Pour elle, finit la pêche.
Au soir, on déguste nos petits poissons, une bouchée chacun, avec du riz bien sur, mais aussi des légumes, haricots verts, betteraves, concombres, carottes,... La fête quoi! C'est drôle, ce n'est que dans les tours organisés qu'il est possible de bien manger avec des aliments variés.
Au retour vers Rurre, on croisera les mêmes centaines de caïmans, qui se réchauffent le sang au soleil ou qui attendent patiemment la gueule ouverte qu'un poisson daigne trépasser. Cool la vie de caïman.
Le soir, soirée diététique, pizza, bière et billard.
Je retourne sur La Paz avec Rose dans le même bus infernal qui cette fois va crever en route, la routine quoi.
A l'arrivée, pour faire passer toute cette poussière, on se fera une soiré-e saucisse, purée et ... bière. J'aime décidément bien cette petite Rose. Elle s'est fait braquée par un faux taxi il y a 10 jours, du coup elle aime bien aussi mon bras protecteur. C'est sûr, c'est pas pour mon physique Wink
Le lendemain, descente en VTT sur la route de la mort. C'est pas compliqué, une piste caillouteuse à souhait de 60km, la falaise à droite et un précipice à gauche. Départ à 4700m d'altitude, arrivée à 1200m.
Objectif, se faire plaisir et éviter si possible de tomber à gauche.
Avant sa fermeture au trafic routier, un chauffeur de bus a oublié ce conseil. 35 morts.
Équipés de pieds en cape, on s’élance. Sur 6, 5 vont chuter dont une française de 30 ans qui finira le parcours en van-balai. Je ferai aussi ma petite cabriole par dessus le vélo. Le plus étonnant, c'est que me voyant m'écraser lamentablement la face contre les cailloux, j'ai eu ce réflexe incroyable de faire une roulade avant tout en frappant le sol de ma main gantée. Résultat, absolument rien! Merci les leçons de judo de ma jeunesse.
Après toutes ces émotions, soirée lasagne et ... eau gazeuse avec Rose. Puis je la met dans un taxi dont je note le numéro tout en fixant le conducteur de mon regard de tueur. Elle part faire 2 mois de volontariat tourisme dans le nord du Chili, au bord de la mer. Ce n'est qu'un "au revoir ".
Tintin et le temple du soleil, vous connaissez? Et bien la scène du sacrifice se situe à Tiwanaku, en Bolivie. J'y vais de ma petite visite avec les transports locaux mais je dois avouer que le site en lui-même ne casse pas des briques, surtout quand on vient de la vallée sacrée.
Je tombe sur la fête du village, fanfare et défilé en costumes traditionnels. C'est le printemps, le début de la saison des fêtes commémoratives.
Au soir je mangerais du lama en compagnie de devinez qui?
M. et les garçons! Ces derniers repartent en France le lendemain de bonne heure. M. va aussi aller faire son petit tour en Amazonie. J'espère qu'elle va persévérer et continuer la route. J'ai volontairement eu des propos durs à son encontre quand nous nous sommes quittés à Puno. Des paroles dignes du docteur House. Aurais-je contribué à ma façon à son regain de motivation?
Maintenant que j'ai plein de moments seuls, je vais pouvoir m'introspectionner, ai-je un grand cœur mais qu'il est bien caché ou bien aurais-je développé une petite sociopathie?
Je vais y réfléchir cette nuit, je dors dans un dortoir pour limiter les frais et c'est le nouvel an hébreu. Il y a eu comme une flash-mob et des milliers d'israéliens ont envahi la ville et ses hôtels pour faire la fête.
Shalom.

A+ pour de nouvelles aventures.

S.

Posté par ceeeeb

Newsletter 26 (i'm a poor lonesome cowboy)

Le 21/09/12, 8:59

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous





C'est en pleine nuit que l'on franchit la frontière péruvienne. En cet endroit, en cette heure, pas d'informatique pour
contrôler ton identité. Un jeune douanier endormi machouille son bic 3Gs, tamponne ton passeport et repart
regarder la télé. Trafiquants de drogue, passez par là.
C'est à Piurra que nous arrivons de bon matin.
La malchance fait qu'il n'y a qu'un bus de luxe qui repart dans l'instant pour Trujillo.
Tandis qu'une jolie hôtesse nous sert café, petit pain, beurre et confiture, on regarde la banlieue de Piurra
dérouler ses bidonvilles, maisons de tôles ou de boue séchée. De part et d'autre de la panaméricaine, des monceaux
de détritus. Le Pérou est bien plus pauvre que l'Equateur et cela se voit, même si ces amoncellements de déchets
sont exceptionnels.
A croire que le Pérou tente d'extrader ses poubelles.
Après un petit tour à la plage de Huanchaco pour voir les traditionnelles pirogues en roseaux, nous irons nous enfumer
dans un casino (il y en a dans toutes les villes). M. va jouer toute la soirée gratis. Pfff, la chance des débutants.
Quant à moi, je perdrais un millier de centavos. Une ruine ce jeu.
Interressons-nous aux civilisations pré-incas. Visite des ruines moche.
Tiens il a pas mis de s à moche? Ben oui, moche,c'est le nom de la civilisation. Pendant longtemps les moches
ont vécu en paix, se partageant astucieusement l'espace ainsi: un royaume avec un roi à coté d'un royaume
avec une reine moche. Pas cons les moche.
Ils bâtissaient leurs temples sur les ruines du précédent, ce qui devenait des pyramides. Fainéants les moche.
Dans notre élan culturel, on ira aussi visiter l'incroyable grande cité chan chan dont les rues étaient
flêchées avec des poissons.
Nous sommes dans le nord du Pérou, région moins fréquentée par les touristes pressés et que j'avais aussi écartée
lors de ma précédente venue. Réparons cet oubli et allons voir cette fameuse cordillière blanche.
Direction Huaraz, paradis des trekkeurs et grimpeurs. Chemin faisant, M. me rappelle que l'euro a eu la bonne idée
de se casser la gueule et que le budget prévu de longue date a perdu presque 25% de sa valeur.
Comment voulez-vous que je dorme correctement dans un bus de nuit après ca? J'en ai marre de manger du riz moi !
Si ma mère me cuisine du riz en rentrant, je m'auto-deshérite!
Après un peu de repos dans un air sain et frais, on réserve 3 tours à la journee.
Tour culturel avec la visite du temple de la civilisation chavin. Rien que la route scénique pour y aller
vaut le detour. Les paysages andins me plaisent toujours autant. Essentiellement des touristes péruviens,
venus de Lima, nous accompagnent. Le guide mitraille ses explications en espagnol. Tiens, si je mettais mes écouteurs
pour éviter la migraine. Et puis c'est quoi ce tourisme à la vietnamienne, avec des arrêts bidons dans un atelier
de poterie ou une fabrique de bonbons artisannaux. Ca marche vu que tous achètent une bricole, sauf nous.
Petite visite à la lagune de llanganaco, petit lac d'altitude avec des eaux d'un vert improbable dans un paysage irréel.
Sur le trajet, on visite le site de l'ancienne ville de Yungay, détruite par un tremblement de terre en Mai 1975,
travail achevé par une grosse partie de la montagne qui a tout enseveli.
Ensuite nous allons élever note âme en montant au glacier pastoruri. Ca y est, cette fois-ci,
je suis plus haut que le toit de l'europe. Il fait un poil frisquet à 4928 mètres. Le guide nous avait promis un 5000
mais on a l'habitude des menteries des agences.
Faut penser à filer à la capitale car on a un rdv. O. le petit copain de M. vient à nouveau nous rendre visite
avec Mika, un de ses copains. Bon, ils vont être un peu retardés car ils devaient passer par Miami
mais Isaac n'était pas de cet avis. Détour par New york et on les récupère fatigués à l'aéroport.
Petit choc culturel pour eux qui ont un passeport vierge.
On leur a quand même trouvé un hotel super chouette, le décor le plus somptueux de notre voyage.
On visite la ville. Je voulais leur montrer la folklorique relève de la garde présidentielle mais les majorettes
péruviennes ont disparu au profit d'une relève militaire des plus soporifiques.
Ce qu'il faut à cette jeunesse, c'est des sensations.
On va à l'oasis de Huancachina, des dunes de sables géantes autour d'un trou d'eau près de la côte.
Je m'échine avec Mika à monter sur la plus haute dune. La marche dans le sable sous un soleil de plomb
est des plus éprouvantes. Mais la vue est superbe.
L'aprem, petit tour en buggy et séance de surf sur sable. Sur les pentes les plus abruptes, on glissera sur le ventre
mais cela reste très impressionnant. Pas de photos malheureusement de mes exploits car mon appareil a eu
du mal à digèlérer le sable fin.
Puis on passe par Nazca pour un survol acrobatique des lignes que je ne ferais pas, ayant déjà eu le plaisir de le faire
il y a deux ans.
J'attends patiemment que le petit coucou et des sachets de vomi se posent.
On fait la route de nuit vers Cusco. Brrr, on est à plus de 3000 metres et elle est loin la chaleur de notre oasis.
Comme des milliers de touristes, on va dépenser une fortune dans un aller-retour en train, un billet d'entrée
pour le machu picchu et un billet touristique pour la vallée sacrée.
Cusco est définitivement une ville où il fait bon déambuler. Etroites ruelles pavées, églises, bâtiments reposant
sur de véritables murs incas,sans oublier le marché artisanal où nos amis vont remplir leurs sacs de souvenirs.
Pisssac, Ollantaytambo, puis Aguas caliente, village ultra-touristique au pied du MP.
Même si maintenant on a plus le plaisir de faire la montée à bloc pour obtenir le droit de grimper le wayna picchu,
on se lève quand même à 4 heures du matin pour attaquer l'ascension à la frontale et profiter des lieux
sans les hordes de touristes qui vont venir en bus. L'ancêtre S. arrivera longtemps avant la jeunesse suralimentée
au maxi best-of.
Diantre, que c'est beau. Toujours aussi magique la première vision d'un MP désert. On oublie l'effort fourni
pour y arriver.
Plein de joie, d'entrain et d'allégresse, on en profite pour grimper en haut du wayna pour une vision d'ensemble.
De retour sur site, j'ai l'impression qu'il y a nettement moins de monde qu'il y a deux ans. Certainement
l'effet bénéfique de la réduction du nombre de visiteurs pour conserver cette merveille.
Avant de repartir vers Cusco puis Puno, je m'offre une cusqueña géante tout en saluant mon ami pachacutec.
On arrive à Puno comme d'habitude, c'est à dire fatigués par un énième trajet en bus de nuit.
Surtout qu'en amérique du sud, les bus de nuit n'ont pas de couchettes comme en asie, mais de simples sièges inclinables.
On assiste à un splendide lever de soleil sur le lac titicaca depuis la terrasse du terminal terrestre.
L'instant fatidique.
...
M. m'annonce ne pas vouloir faire le trek prévu dans le canyon du colca.
Elle ne veut plus faire d'effort, elle est usée par le voyage et pense à retourner au plus vite en France
pour retrouver son futur mari. Mari?

Flashback: le MP est désert, nous sommes dans les premiers. Sur un promontoire face à la citadelle, O. s'agenouille
et fait sa demande en mariage. C'est beau l'amour!
Dans le train qui nous ramène à Cusco, ils font déjà la liste des invités, le menu et même le plan de table.
M. est déjà partie en cet instant.

C'est ainsi que nos chemins se séparent, je laisse mes 3 amis visiter le sud Perou que j'ai déjà vu tandis que
je reste à Puno un jour pour préparer mon passage en Bolivie.

Et c'est parti pour de nouvelles aventures en solitaire.

A+

S.

Voir les photos : Pérou - Cusco ]

Posté par ceeeeb

Newsletter 25 (La vie est un long fleuve tranquille)

Le 11/09/12, 9:08

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

On se dirige vers le sud tout en restant du cote amazonien. Faut en profiter, je vais pas venir souvent en week-end par ici depuis Thionville.
Premier arrêt à Tena, ville réputée mondialement pour la pratique du kayak et du raft. On tombe sur une française qui s'occupe d'une agence, du coup on réserve chez une elle une descente moyennement difficile.
En attendant, on visite un parc animalier ravagé par les dernieres crues des rios. Je fais copain copain avec le tapir qui va me suivre pendant un long moment. On ira voir aussi maman et bébé caïman ainsi que quelques espèces de cochons sauvages. Chouette, il se met à pleuvoir des cordes, un orage violent qui nous renvoie dans nos appartements. Mais c'est de bonne augure pour demain car il y aura plus d'eau.
2 clients seulement, M. et bibi, le pilote a invité sa petite amie pour faire passer la puissance de ramage de presque nulle a quasiment rien. Briefing de sécurité, on s'engage. Le début est mouvementé, on fait du drifting plutot que du rafting vu qu'on est toujours en travers. Et ce qui devait arriver arriva, je teste le canyonning, éjecté que j'ai été. L'eau étant fraiche, je décide de remonter à bord. Et j'entends bien y rester jusqu'à la fin.
On s'arrête un moment pour observer des chercheurs d'or qui fouillent la rive avec un gros aspirateur. De leur coté, des dizaines de mouchettes suceuses de sang nous rendent visite. Il nous faut fuir, repartir sur la rivière sans retour. On arrivera fatigués mais contents après plusieurs heures de ramage, et encore, il a fallu porter le raft pour le mettre sur le pick-up. C'est fou ce que c'est lourd l'air.
Scratch, scratch, scratch, M. et moi entamons un concours de grattage. Platonique tendance maso pour moi, et grattage sanguinolent pour elle. On verra lequel des deux guérit le plus vite.
Pas loin de Tena se trouve la communauté de Shiripuno qui pratique aussi un tourisme écologique. On a droit à une superbe case, des allumettes et une bougie. Je m'abtiens de demander pour l'internet.
Le village est géré par les femmes qui animent des ateliers: atelier danse, atelier vannerie, atelier bijoux, atelier chocolat.
Devinez lequel on a choisi ?
Après avoir sué sang et eau pour moudre les fèves grillées pendant 10 minutes, on obtient une pâte noire fort sympathique à laquelle on peut rajouter du lait et du sucre suivant le pourcentage désiré. On bave d'envie mais la malchance fait qu'il n'y a plus aucune banane de disponible dans cette jungle pour manger avec. Bad luck, faudra attendre le soir le retour des chasseurs.
Nous sommes invités à une petite fête au village en l'honneur de deux jeunes adolescents diplomés. Fiertés de tout un village, ils vont recevoir de la tribu réunifiée une montagne de cadeaux. Chaque foyer a apporté un présent, matelas, couvertures, vêtements, argent,...
Vont pouvoir se marier facile ces deux-là!
Nous, on a du offrir du chocolat puisqu'on a retrouvé notre écuelle vide.
L'esprit communautaire, encore un concept inventé par un petit malin pour piquer la bouffe de son copain cuisinier.
On dit au revoir à Maïtika, la tarentule de l'atelier chocolat et à Coco, le perroquet muet de la cuisine. On se dirige vers Baños, ville thermale.
C'est aussi une ville très connue et on a du mal à trouver une chambre tellement il y a de touristes. La ville regorge aussi d'agences qui louent VTT, motos, quad et mini-buggy pour explorer la region. Nous, nous optons pour nos salomon déjà fort usées mais plus économiques pour aller voir un volcan. Après un petit kilomètre, M. , essoufflée, décide de rebrousser chemin. Un joli petit trek plus tard á la recherche de la cabane dans les arbres, j'arrive au pied d'un volcan qu'on dit magnifique. Sauf qu'un stratus a choisi de squatter la montagne à 3000 mètres et qu'on y voit rien. Pedro, le vieux vacher qui s'ennuie, vient me parler de sa montagne qui est devenue folle depuis une semaine, qui crache de la fumée et qui tousse. Je m'allonge dans une herbe acceuillante et j'écoute. Pour la première fois de ma vie j'entends une montagne gronder en quasi permanence. C'est beau, comme une symphonie de V8.
Ce volcan, le tungurahua, se reveillera quelques jours après notre passage, dommage pour le spectacle et les photos.
Le lendemain on fera à vélo la route des cascades vers Puno, une trentaine de kilomètres de descente avec retour en petit camion. C'est bien organisé le tourisme ici, y z'ont même prévu la pluie en fin de parcours au cas où tu aurais trop chaud. Merci.
Baños, comme son nom l'indique, est une ville où tu peux prendre des bains d'eau minérale, eau bonne pour le corps, eau bonne pour les parties qui auraient trop frotté une selle par exemple. Et bien nous, comme tous les bus de nuit sont complets avec tous ces touristes blancs et tous ces équatoriens en week-end qui gouttent aux congés payés, on n'ira pas se baigner. Na!
On est obligés de prendre un bus de jour pour Guayaquil. En fait on veut aller à Puerto Lopez mais comme on va de charybde en scylla, on atteint le soir un trou paumé, ce qui nous donne l'opportunité d'exploser notre record de la chambre la plus pourrie du voyage. M. dormira par terre et après vérification de ma liste de vaccins, je tenterais le truc qui sert de lit.
Ayant survécus, on arrive enfin à Puerto lopez de bon matin. La petite ville cotière est assez déserte, les touristes sont tous en mer. Car au large se trouve l'ile de la plata, aussi appelée galapagos des pauvres. Beaucoup d'équatoriens viennent ici pour observer principalement les fous à pattes bleues. On prend donc notre tour aussi.
Pas d'iguanes, pas de lions de mers ou de tortues, mais que des oiseaux et des fous à pattes bleues par milliers. Ils sont sur leur île, inhabitée, et les couples défendent avec applomb le chemin dont ils ont pris possession pour nicher. C'est chouette de pouvoir les approcher d'aussi près, à moins d'un mètre. Mais tout le monde recherche l'oiseau rare, le fou à pattes rouges. On en verra un assez bien à l'aide des jumelles de notre guide mais le volatile est sauvage et ne se laisse pas approcher.
L'autre attraction du coin, c'est en juillet/août qu'elle se produit. C'est la migration des megapter novoaengliae. Ah tiens, c'est drôle, on est justement en aoû:t. Donc au retour, on va croiser la route de maman et gros bébé. Nous les suivons un moment, la mère frappe violemment l'eau avec sa nageoire tandis que le petit décide de nous faire un petit show en sautant hors de l'eau. Certainement un petit mec ce bébé baleine à vouloir frimer ainsi.
Tellement c'est beau, tellement c'est émotionnant et comme on est plein de bravitude pour affronter la mer, on reprendra un tour spécial baleines à bosses. Cette fois-ci, on suivra un groupe d'adultes qui file à pleine vitesse. Parfois ils plongent pour plusieurs minutes, on les cherche, et ils émergent près du bateau en soufflant très fort. Et là tu te dis qu'ils pourraient très facilement renverser notre frêle embarcation.
Gloups, je voudrais pas finir comme le capitaine Achab moi.
On continue la descente vers le sud en faisant étape à Cuenca, encore une jolie ville typique typée espagnole. C'est ici que M. veut acheter ses montecristi, les fameux chapeaux de paille blanc, aussi appelés panama, car ils étaient envoyés aux ouvriers qui brulaient sous le soleil en creusant le canal éponyme.
Demain, c'est Loja puis la frontière péruvienne.
Nous sommes restés plus longtemps que prévu dans ce petit pays mais il y a tellement de choses à faire avec ses trois zones, cotière, montagneuse et tropicale. Coté nourriture, nous avons contribué au génocide du poulet, accompagné de son traditionnel riz ou parfois des frites. De quoi te donner envie d'écrire une ode à la cuisine française.

Allez, a+ pour de nouvelles aventures,

S.

Posté par ceeeeb

Newsletter 24 (Ground ZERO)

Le 28/08/12, 11:18

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,



L'avion s'immobilise sur le tarmac de l'aéroport de Quito. Tiens j'aurai pas déjà écrit une phrase dans le même genre ? Bref, on vient de prendre notre dernier avion avant celui du retour dans plusieurs mois. Quito, une grande capitale étalée dans une vallée avec de sympathiques dénivelés comme à San Francisco. Sauf qu'elle est à 3000 mètres et quand tu as passé beaucoup de temps au niveau de la mer, la recherche d'un hôtel avec un lourd paquetage met ton coeur à rude épreuve.
Pfff, pfff, sont chiants les hôtels référencés dans un guide à augmenter leurs prix. Pfff, pfff, 3 hôtels plus tard, on en trouve un chouette pour 6$.
On va donc pouvoir s'acclimater doucement en commençant par une visite de la ville.
Ville nouvelle avec ses centres commerciaux assez déserts, les boutiques à la mode étant un poil trop chères pour la majorité des équatoriens.
Vieille ville typique avec ses nombreuses églises et les petites échoppes réfugiées dans les demeures anciennes. C'est le soir que cette vieille ville est encore plus jolie car son habit de blanc caractéristique de l'Amérique du sud est mis en valeur par de savants éclairages. Aux abords de la superbe basilique dont les gargouilles représentent la faune des galapagos, on récupère une jeune allemande ne voulant pas flâner seule dans les ruelles en cette fin de journée. C'est vrai que l'énorme présence policière, tous les 50 mètres, a un coté rassurant mais aussi inquiétant.
Le lendemain je fais mon saint Thomas et vérifie GPS à l'appui que l'attraction touristique la plus connue de Quito, la mittad del mundo, n'est qu'une vaste supercherie. Quoi, c'est un français qui a fait les calculs? Oui, bon, tout le monde peut se tromper. Je m'attèle à rétablir la vérité géographique en sortant du parc touristique le nez dans mon nokia.
0"0'0, c'est là, l'équateur que j'avais franchi sur mer auparavant pendant la croisière.
Fous comme on est, on passe au nord pour aller visiter le seul cratère de volcan au monde à être cultivé et habité. Les gens d'ici ont une relation particulière avec la terre, ils s'y installent et acceptent qu'elle détruise un jour peut-être ce qu'ils ont construit.
Et hop, repassage dans l'hémisphère sud pour regagner Quito. Au passage, je m'émerveille de la présence de ces vieilles voitures, quelques 604, R12, des cox, mais aussi des vieux pickup américains, ainsi que des nouveaux aussi, tous badgés chevrolet. Douce musique à mes oreilles que tous ces V8 qui glougloutent. N'oublions pas que l'Equateur est un pays producteur de pétrole et quand ces belles mécaniques passent à la pompe, elles payent 50 centimes le litre de super et 25 centimes celui de diesel.
On patiente encore un jour pour être bien acclimaté car demain c'est la grande ascension. Seul car M. n'est pas en grande forme. Un rapide téléphérique grenoblois me dépose au dessus de Quito à 4100 mètres.
Frais comme un gardon, j'attaque l'ascension vers le volcan pichincha, a peine plus petit que le mont blanc. 1h45 plus tard, j'atteins le sommet. Je déjeune en compagnie d'une sorte de balbuzar qui attend patiemment les restes de mon repas quand deux autres français s'invitent sur mon escarpement. Ils ont mis 2h30 à monter, faudrait penser à arrêter la clope les p'tits gars. Les effets de l'altitude se font ressentir, une petite migraine, comme une barre dans le front. Il est temps de redescendre.
Le début de la descente est assez difficile, ça glisse, ça s'éboule. Une jeune fille y laissera son fond de culotte à essayer de descendre sur les fesses. A contre-cœur, je la suit un moment pour m'assurer de son intégrité physique.
Le lendemain, on part vers le nord direction une petite communauté près d'Otovallo. Le plus dur est de monter dans le trolley en heure de pointe. Mes sacs et moi avons grand peine à rester ensemble, je suis écartelé. L'équatorien pousse beaucoup plus fort que le parisien un jour de grève. Au terminus, afin de respecter la tradition d'accueil des capitales d'Amérique du sud, mon porte-monnaie et ses 30$ auront disparu dans cette mêlée.
On va passer quelques jours chez une famille de la communauté de chilcapampa. Le tourisme communautaire est en plein essor dans ce pays. Le soir, après quelques parties endiablées de uno avec les 6 enfants, nous dînons tous ensemble en regardant le petit dernier de l'ainée faire ses premiers. Tous lui parlent en espagnol mais sinon ils parlent quecha entre eux, ce qui est un peu dommage pour nous car on ne peut pas tenter de suivre leurs conversation. Ces gens sont très typés, on dirait des descendants des incas. Les femmes portent des vêtements traditionnels qu'elles fabriquent elles-mêmes et qu'elles vendent au marché. Les hommes ne se coupent pas les cheveux et arborent une longue natte. Ces gens sont beaux, ces gens sont heureux de vivre, la maison est peuplée des rires des enfants. C'est inconcevable, ils n'ont ni TV, ni ordinateur, pas d'internet ni de portables, pas de jouets. Rendez-vous compte, c'est limite inconvenant. Pour la première fois, je n'ose prendre de photos, je ressens une gène comme jamais auparavant.
Je vais faire mon égoïste et garder ces visages pour moi, de toute façon tout ce bonheur ne pouvait pas rentrer sur ma carte SD.
Avec les deux plus jeunes garçons, Justi 9 ans et Davi 17 ans, on ira faire une balade à la lagune de Cuicocha . Ils veulent être respectivement pilote de ligne et médecin. J'espère que la dure réalité de la vie ne brisera pas leurs nobles ambitions.
Petite balade à cheval très sympa pour visiter un élevage d'alpagas. Là où le robuste petit cheval mongol monte face à la pente, l'élancé cheval équatorien monte et descend en zig-zag. C'est un peu déconcertant au début, aussi j'ai renommé mon cheval tornado.
De retour vers Quito, on s'arrête au marché d'Otovallo. C'est samedi, toute la ville n'est qu'un vaste marché, le plus grand d'Amérique du sud parait-il. La foire aux animaux, seul endroit où il y a moins de touristes, est particulièrement vivante. Maïté serait aux anges ici, à pouvoir massacrer à tour de bras. J'aime bien le cri du cochon de bon matin.
A peine de retour à Quito, passos partodos, le patron, un nain boiteux super sympa, nous dirige vers l'arène derrière l'hôtel. Un petit concours de 3 torréadors. La mise à mort est simulée, le public est passionné, le petit orchestre fait retentir tambours et trompettes. Rien de mieux pour finir la journée même si je reste déçu qu'aucun taureau ne soit sorti vainqueur.
L'amazonie étant toute proche, c'est l'heure d'aller jouer les tarzan & jane. On part s'installer 5 jours dans la réserve de cubayeno, à l'est du pays, près de la Colombie. Arrivés en pirogue a moteur, on prend possession de notre bungalow ouvert avec des lits pourvus de moustiquaires puis on essaye ses bottes en caoutchouc. C'est humide, il pleut fort quasiment toutes les nuits. C'est impressionnant de dormir presque à la belle étoile avec tous ces cris d'animaux sauvages autour de nous.
Au programme du séjour, des petits treks dans la jungle avec parfois de la boue jusqu'au genou. L'observation des plantes c'est facile comparée à celle des animaux. A part quelques grenouilles minuscules, des fourmis majuscules qui te mordent, un phasme, une mante religieuse et d'autres petits insectes, les autres habitants de ces forêts primaires s'envolent ou détalent avant que tu puisses les voir. C'est mal foutu cette jungle, j'irai me plaindre au syndicat d'initiative. Seuls quelques groupes de singes se laissent approcher malgré le raffut de notre moteur. Les deux derniers jours, un guide plus expérimenté nous emmène à la rame (c'est nous qui ramons) sur une des rivières de la réserve. On aura la chance de tomber sur un petit anaconda se faisant dorer au soleil. Au retour, de nuit, on cherche à la torche les yeux des caïmans à la surface de l'eau.
Silence, un gros caïman qui dort sur la berge. Aaaahhhh, la grosse anglaise devant nous se met à hurler et le caïman disparait dans l'eau. Tout ce tintamarre pour une petite tarentule qui lui est tombé dessus en passant sous un arbre! Non mais, y'a des baffes qui se perdent.
On ira aussi pêcher le piranha. Ou plutôt nourrir le piranha car entre ceux qui laissent pendouiller 100 gr de viande au bout de la canne et l'ancre hyper pas discrète qui te sert d'hameçon, tes chances sont quasi nulles. Une seule capture, une fille qui attrape par l'oeil un poisson trop curieux certainement bigleux. Doivent bien se marrer les piranhas avec tous ces touristes.
C'était quand même bien cette découverte de la jungle, nous avons entre-aperçu pas mal d'animaux, un paresseux, plusieurs familles de singes, des toucans, des perroquets, des dauphins roses, on a fabriqué du pain avec du yuca (manioc), on s'est fait peur en scrutant chaque recoin du bungalow à la recherche d'une araignée ou d'un scorpion caché avant d'aller se coucher.
J'espère que l'évocation de tous ces insectes vous fera passer une bonne nuit.

Allez, a+ pour de nouvelles aventures,

S.

Posté par ceeeeb

Newsletter 23 (Les Galapagos)

Le 28/08/12, 10:10

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

L'avion s'immobilise sur le tarmac de l'ancien aéroport militaire.
On rejoint à pieds le minuscule aérogare en tôle où nous attendent 3 files, résidents, équatoriens et étrangers.
D'instinct, on choisit la dernière pour avoir le privilège de s'alléger de 100 dollars, droit d'entrée pour pénétrer dans le paradis animalier. Bienvenus aux Galapagos.
Puis on fait connaissance avec le système de bus équatorien, à 1$ de l'heure, le dollar américain étant désormais la devise du pays.
On arrive dans la petite ville de Puerto Ayora au sud de l'ile de santa cruz.
Une rue principale en bord de mer trop chère pour nous, on ira à l'hôtel darwin plus en retrait.
Des restaurants pour toutes les bourses, des hôtels, des tas d'agences de voyages et des centres de plongée.
Voila, le décor est planté. C'est quoi qu'on fait où alors ?
Notre fichier combienjepeuxdepenser.xls nous dit qu'une croisière est budgétisée. Cool!
2 places à prendre pour un départ le lendemain à l'aube sur un petit voilier de 10 personnes, en last minute, à 50%, ça vous dirait m'sieurdame? Euh, j'sais pas, c'est quoi la couleur du bateau? Rouge. Mouais, on prend.
On rejoint le voilier ancré sur l'ile d'isabela par une navette rapide.
2 heures à fond les manettes sur un hors-bord propulsé par 3 moteurs de 200 chevaux. Ça tape dur parfois quand on décolle sur une vague. Au début c'est drôle mais après une heure ton dos souffre un peu.
Heureusement, on est trop secoué pour ressentir le mal de mer.
Un petit tour de dinghy plus tard et on monte à bord de l'encantada, notre voilier à moteur sans voile.
Enchanté, moi de même, bla bla bla, les présentations sont faites: 1 français, une allemande, 1 suédois, 2 jeunes mariés anglais, un vieux couple américains sportifs, une mexicano-ricaine. Un guide très pro, un cuisinier, un capitan, 2 matelots. Et en avant toute.
Les cabines sont luxueusement minuscules. 2 banettes, un mètre carré occupé pour moitié par nos sacs et une cabine wc-douche avec des poignées fort utiles pour se tenir dans la houle.
Ding, ding, ding. Ça c'est la fée clochette qui annonce une activité.
On vient à peine d'embarquer et on a pas eu le temps de prendre ses repères dans l'immensité de la chambrette.
Snorkeling. Nom barbare à consonance germanique qui veut dire que tu vas respirer au travers d'un tuyau pendant une heure dans une eau assez fraiche. Pour Damien le petit français, le tuyau sera plus une paille pour aspirer quantité d'eau de mer.
On enfile sa combinaison shorty bien seyante pour aller à la découverte des fonds marins galapasosiniens?, galapagiens?, galapaginois?, bref, des galapagos.
Mon corps de rêve moulé dans ma combinaison bleue, mon teint halé, plusieurs filles défaillent...ouahhh, l'eau froide me ramène très vite à la réalité. Brrr....
Nous allons snorkeliser une à deux fois par jour. Dieu que c'est beau, le snorkeling a du être inventé ici pour ici, c'est sûr.
Imaginez, un ballet aquatique avec des tortues marines de 2 mètres, des galipettes avec des lions de mer joueurs, des iguanes qui paissent au fond de l'eau en broutant les algues, des myriades de poissons différents dont certains très très gros, des fous qui plongent juste devant vous pour attraper les dit poissons, un raie ou un requin par-çi par-la, voici le spectacle quotidien auquel nous avons droit tous les jours. Un vrai bonheur.
On fera aussi pas mal d'excursions à terre, comme par exemple la visite d'un centre de reproduction de tortues terrestres avec des bêtes de 10cm à plus d'un mètre cinquante. J'ai pris des photos en mode sport pour ne pas me faire surprendre par la vélocité de l'animal sauvage.
On accèdera aussi à des réserves naturelles protégées, interdites sans guide, comme ces champs de lave où la vie reprend lentement ses droits dans un décor lunaire.
Tous ces animaux endémiques ne connaissent pas la peur de l'homme, on peut donc les approcher de tout tout prés.
A tel point que tu dois faire attention où tu mets tes pieds car l'iguane marin se confond très facilement avec le sol volcanique des iles, de même couleur noire.
Notre guide nous apprend que l'accident de touristes le plus fréquent c'est la morsure d'un lion de mer mâle. Touche pas à mes gonzesses, tel est le message.
Encore une fois on en prend plein les yeux, des frégates à gorge rouge, des pélicans, des cormorans dont certains ont perdu la faculté de voler, des fous masqués, les mêmes mais avec des pattes bleues, victimes innocentes des schtroumpfs haribo, des pingouins, des bancs d'iguanes en train de faire la sieste, des lions de mer qui les imitent, ...
Le spectacle est fabuleux, une vraie ruine en carte SD ces iles.
Ding, ding, ding. Vous ai-je parlé d'une autre activité que j'aime bien sur ce rafiot? Non?
C'est l'activité repas. On mange super bien à bord et le soir la nappe est mise et le matelot-serveur met son nœud papillon.
On va regretter que la croisière s'achève, sauf la navigation de nuit, dans la houle, qui essaye de te faire vomir ton bon diner.
Non, il ne manquerait plus que cela, je serre les dents. Je pense à autre chose, comme Peter Pan je cherche les pensées positives.
Je revois toutes ces animaux pris en photos et j'espère qu'elles feront plaisir à un gentil petit garçon tout la-bas en Alsace.
Gros bisous Théo. Bisous à la famille.
De retour sur la terre ferme, on décide d'aller se détendre sur la fameuse plage de tortuga beach. Belle plage en effet, longue, du sable blanc, des vagues pour les surfeurs et une petite pluie qui ruine nos espoirs de bronzette.
Okay, quitte à être mouillés, on va aller plonger, histoire d'accrocher à notre tableau de pêche une spécialité du coin: le requin marteau.
Pour notre niveau ras des pâquerettes, on nous conseille le site de Seymour nord. Banco.
On s'équipe seuls comme des pros, mise à l'eau comme des pros. Notre première mise à l'eau en pleine mer, avec des vagues s'il vous plait. Petit conseil de l'expert que je suis, si tu attends que la vague soit au plus bas pour faire la bascule, tu peux faire un 360 dans l'eau! Marrant.
On descend, on se balade un peu en se dirigeant vers la passe. Houla, houla, que se passe t-il?
Un joli courant nous entraîne dans la passe à vitesse grand V. On essaye tant bien que mal de rester groupir.
Notre guide nous demande de nous accrocher au fond. Plus facile à dire qu'à faire.
Heureusement que je suis bien chargé en plomb, c'est super.
Je m'assoie au fond, dos au courant, mes pieds palmés calés contre un rocher.
On attends, on regarde au dessus de nous, vers la surface 25 mètres plus haut.
C'est drôle, un gigantesque banc de barracudas fait la même chose que nous à 10 mètres de la, il nage à contre courant et parait immobile. Ça mange quoi les barracudas? Des plongeurs?
A force de regarder vers le haut, une des filles de la palanquée a pris de l'eau dans son masque. C'est une débutante aussi.
Elle merdoie, elle commence à avaler de l'eau, au bord de la panique. Son binôme doit la remonter d'urgence.
Bye bye, elle ne verra pas la raie passer devant nous ni les quelques requins qui la suivent. Point de marteaux, c'est fort ennuyeux ça.
Sauf que nous on est des teigneux, on veut voir ces requins marteaux.
On change d'ile, ce qui nous donne droit à 2 heures de tape-cul en plus (sans compter le retour) dans un speed boat.
Direction un site de plongée spectaculaire, renommé: kicker rock, 2 monolithes énormes qui plongent droit dans la mer avec une passe au milieu des plus poissonneuses. 130$ la passe c'est cher non?
1ere plongée, une sting ray passe devant nous, quelques requins communs des galapagos aussi mais toujours pas de marteaux. A vous rendre dingue cette guigne.
On fait une pause snorkeling pour le déjeuner. On trouve un lion de mer très joueur qui attrape nos palmes quand on fait mine de se diriger vers le bateau pour repartir. Il parait qu'ils font de même pour jouer avec les iguanes marins et parfois la queue leur reste entre les dents.
2eme essai. On stationne au fond, à 20 mètres. Au travers du masque qui déforme la vision, je regarde mes gros doigts boudinés tout flétris quand soudain...
Un gros paquet de requins se dirige vers nous. Encore des requins des galapagos. Sauf qu'au milieu, tel un pacha, l'animal tant convoité est là.
Youpiii! M. et moi on se serre la main...gauche car de la droite elle appuie sur son oreille. Son autre tympan a lâché. Elle nage comme un chanteur polyphonique corse.
Retour à Santa Cruz pour une ultime journée, pour une visite du centre darwin. Tout ici se réclame de Darwin alors que Charles a fait un passage éclair dans l'archipel et ne les mentionne quasiment pas dans sa théorie sur l'évolution. Le centre abritait le dernier représentant d'une espèce de tortue terrestre, un très vieux mâle solitaire de plus de cent ans appelé lonesome georges et qui a eu l'indélicatesse de crever 3 semaines avant notre arrivée. Franchement c'est pas des manières ça! Saligaud.
A part l'enclos vide, il reste cependant de beaux spécimens. On comprend pourquoi les marins d'autrefois en emportaient vivantes. Et plus faciles à attraper que le lièvre. Tiens, cela me fait penser que j'ai pas encore mangé de tortue moi ?!?
Il nous manquait aussi des iguanes terrestres. Le centre en possède très peu car il les re-introduit très vite.
Un petit tour dans un tunnel de lave de 1km et nos vacances s'achèvent.
Ne vous l'avais-je pas dit? Les Galapagos c'est trop beau. Si faire trempette dans une eau un tantinet fraiche ne vous rebute pas, je vous encourage à venir ici pour une observation unique de la faune, vous ne le regretterez pas. Promis.

Allez, a+ pour de nouvelles aventures.

S.

Voir les photos : Chili - Puerto ]

Posté par ceeeeb
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