Francesco's RTW

Il y a 5 ans, pour mon premier voyage en Inde, j’avais eu un gros coup de coeur pour le pays.

Au cours des 16 derniers jours (à part peut-être à Bénarès), j’ai retrouvé un pays profondément changé. La société s’est nettement occidentalisée à coup de McDonald’s, Pizza Hut, de grands centres commerciaux et d’énfilades de concessionaires automobiles : Mercedes, BMW, Fiat, Toyota...

Un pays où la publicité raconte la même chose que chez nous : pour être plus beau et plus heureux, il faut utiliser Head&Shoulders, manger chez KFC et acheter des Oreo à ses enfants.

Qu’il semble loin le temps où j’avais eu honte d'avoir demandé un Coca Light alors que certains Indiens considéraient le Coca comme un dessert, pour prendre plus de calories. Aujourd’hui, je devrais presque avoir honte d’avoir un iPhone 4... et pas le dernier iPhone 5 ou même 4S.

L’Inde se développe économiquement et consomme davantage... mais le développement social et la prise de conscience écologique progressent plus lentement ; les mariages sont encore arrangés, le système des castes est encore ancré dans la société, les pauvres sont encore dans la plus grande misère, des villes comme Bénarès sont encore de gigantesques décharges à ciel ouvert ; et après avoir bu un thé, on jette encore son gobelet en plastique à la mer ou par la fenêtre de la voiture...

L’Inde a été un profond coup de coeur, mais aujourd’hui elle fait un peu peur.

Une « expérience » comme Bénarès est difficile à retranscrire en quelques lignes ou en quelques images.

Sur les 3 jours passés dans cette ville, j’ai mis plus d’un jour et demi à surmonter le choc initial. Car avant d’apprécier la ferveur, le mysticisme et l’ambiance si particulière de la ville, il faut d’abord encaisser un grand coup dans les tripes : il s’agit probablement de l’endroit le plus sale, le plus dégueulasse, le plus crado et le plus nauséabond de la planète. Pour décrire la ville de Bénarès, je dirais :



- Un quart d’étable : jusqu’à présent on s’étonnait de ne pas avoir trop croisé de vaches dans les rues ; c’est parce qu’elles ont toutes dû être rassemblées ici. Y’en a partout.

- Un quart de décharge sauvage : oubliez toute considération écologique, le caniveau sert à tout jeter (absolument tout). Et quand il n’y a pas de caniveau, c’est sur la route, dans les ruelles, dans le moindre recoin. La ville elle-même est une gigantesque poubelle.

- Un quart de fosse septique : il faut appeler un chat, un chat ; on en ramasse autant avec le nez qu’avec ses tongs. Faut dire qu’avec 4 millions d’habitants, plus les pèlerins et les touristes, l’absence de réseau d’égout se fait (re)sentir par 35°C. Sans compter sur les vaches (et les chiens errants, les chèvres, les singes) qui chient partout... il vaut mieux regarder où on pose ses pieds.

- Un quart de crématorium : certaines familles viennent de très loin pour faire incinérer leur défunt sur les rives du Gange. On voit passer les cortèges dans la rue et on peut assister aux crémations qui ont lieu à toute heure du jour et de la nuit. Seuls les enfants, les femmes enceintes, les lépreux, les personnes mortes par morsure de serpent et les animaux ne sont pas incinérés, mais jetés dans le Gange. On peut les voir passer, également.

Heureusement, Bénarès ce n’est pas que ça, et ce tableau peu ragoutant n’est pas la seule image à garder de la ville.

Et même si depuis 3 jours, je me demande ce que les touristes, non hindous, viennent chercher ici et pourquoi une telle fascination pour cette ville; je suis content d’être venu et d'avoir un peu vécu Bénarès et je sais que je ne repartirai pas exactement le même. C’est aussi ça de découvrir le monde.

Goa a connu plusieurs âges d’or :

- Le premier au 16e siècle, après sa fondation par les Portugais quand le port était le plus riche de tous les ports de commerce du monde, devant Venise ;

- Puis dans les années 60 et 70 quand la ville est devenue la Mecque des hippies et autres babas cools (mot inventé ici) du monde entier ;

- De nouveau dans les années 90, les immenses plages ont vu naitre la techno trance, donnant lieu à d’interminables rave parties et autres full moon parties...

Pourtant rien de tout ça au programme, car venir à Goa pendant la mousson est un coup de poker : soit c’est une année avec une « petite mousson », c’est-à-dire avec quelques grosses averses mais surtout de belles éclaircies ; soit c’est une année avec une « grosse mousson » et il pleut plus ou moins fort sans discontinuer pendant plusieurs jours.

Cette année c’est mousson record ! L’or s’est transformé en eau ; on ne gagne pas à tous les coups !

Tant pis, j’ai quand même profité puisque :

- Les kilometres de plages de Goa étaient désertées par les touristes (mais baignade impossible);

- Pour 25 EUR la nuit, tu dors dans un super hotel quatre étoiles où tu sirotes ton mojito dans la piscine et sous la pluie (mouillé pour mouillé);

- Les marges de négociations avec tous les marchands et les taxis étaient plus importantes (avec une mention spéciale à la boite de Petri rouillée et moisie, aussi appelée « taxi », qui m’a amené - et ramené ! - de Old Goa).

Les 3 dernières journées ont été passées dans les montagnes, toujours dans l’état du Kerala au sud de l’Inde. Les paysages sont magnifiques, verdoyants, avec de nombreuses cascades. La région est réputée pour ses plantations d’épices (cardamome, poivre...) et surtout les plantations de thé qui recouvrent les flancs de montagne à perte de vue.

Il y a aussi plusieurs réserves naturelles dans le coin, hébergeant des éléphants sauvages, des tigres, des léopards, et tout plein d’autres bestioles à cornes ou à plumes, mais déjà qu’en temps normal il parait qu’on ne voit pas grand-chose, pendant la saison des pluies, chacun vit sa vie très profondément dans la jungle. Les seules bêtes qu’on peut observer de (très) près ce sont les sangsues...

L’altitude (entre 1000m et 1800m) se fait bien ressentir, même sous les tropiques. Une petite polaire n’est pas de trop, ça caille ! Si on ajoute le ciel très gris, le brouillard, le vent et la pluie du dernier jour, on se croirait en plein mois de novembre. Les touristes indiens (pas beaucoup d’occidentaux dans le coin) viennent ici pour prendre le frais et respirer le bon air. Ils sont servis !

Journée de vendredi et nuit de vendredi à samedi passées paisiblement sur les backwaters du Kerala, entre rizieres et cocotiers, à bord d'un sympathique houseboat, grand bateau en bois et en palme tressée, ayant un air de chaumière de La Comté, version flottante.

Question 1 : je suis chauffeur de taxi à Bombay, je ne parle pas un mot d’anglais et malheureusement je ne sais pas lire (ni une adresse, ni une carte). Que dois je faire avec 2 touristes ?
Réponse A : Je refuse poliment la course.
Réponse B : Je fonce dans le quartier de Colaba, de toute façon les touristes vont tout le temps au même endroit.
Réponse C : Je klaxonne.

Question 2 : 5 autres véhicules se présentent en même temps que ma voiture à l’entrée d’une route à 2 voies. Que dois je faire ?
Réponse A : je cède la priorité à droite.
Réponse B : je cède la priorité à gauche.
Réponse C : je klaxonne.

Question 3 : J’arrive à une intersection avec un feu rouge ; des piétons sont en train de traverser sur les zebras ;
Réponse A : je m’arrête.
Réponse B : je ralentis.
Réponse C : je klaxonne.

Question 4 : En Inde, il est strictement interdit de conduire sans :
Réponse A : permis de conduire.
Réponse B : croire en la réincarnation.
Réponse C : klaxon.

Ca fait deux jours que t'es parti et tu es deja en manque de cafe'? non mais allo quoi...



Starbucks saved my life )

Et voilà, après le départ de Nice et 2 vols sans encombre via Londres, nous voilà arrivés à notre première étape.

Et pour commencer cette aventure, le seul pays de ce tour du monde qu’on a déjà visité une fois : l’Inde.

En même temps, c’est plus qu’un pays, c’est un continent à elle seule et les 6 mois ne suffiraient pas pour tout découvrir. Et c’était un tel coup de cœur la première, qu’un come back s’imposait.

Aujourd’hui, c’est l’arrivée à Mumbai, anciennement Bombay, mégalopole de 20 millions d’habitants, capitale économique, industrielle, financière et cinématographique (Bollywood c’est ici) du pays (c'etait la minute wikipedia).

On est un peu fatigué par le voyage, on a juste fait un tour en fin d’apres midi vers la Victoria Station et le Crawford Market.



Et on a fait connaissance avec LA grande célébrité indienne de l’été : la mousson !

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Surtout vu comment il a plu a Nice cette annee...