blog de flo san

la tête dans les oranges à Karie, Shikoku

Le 24/03/12, 16:08

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Imaginez des terrasses d’orangers en fruits, gorgés de soleil sur des collines rondes et pentues, au pied un village de pêcheurs et au loin des îles sauvages... Voilà le splendide cadre dans lequel on vient de passer une semaine à faire du wwoofing, à Karie, Ehime prefecture, Shikoku. La gare la plus proche est Unomachi d’où circulent des bus vers Karie.

La famille qui nous a accueilli comptait la grand mère (pas un mot d’anglais et dont on ne sait pas le prénom parce que tout le monde l’appelait par le mot de politesse destiné aux vieilles dames), sa belle fille Keiko (la cinquantaine, hyper active pour une japonaise) et son fils Lei (32 ans, un peu d’anglais, autant que sa mère). La ferme appartenait à la famille du mari de la mémé qui est décédé depuis une douzaine d’années. Ils cultivent surtout des oranges, mais aussi du radis et de la patate douce qu’ils vendent en lanières et sechés.

Leur ferme, comme beaucoup d’autres dans le village, fait partie d’une co-opérative, créée il y a une trentaine d’années, appelée Muchacha (qui apparemment en espagnol veut dire femme). Le fondateur, trop occupé dans les champs n’avait pas le temps de se chercher une copine d’où le petit nom sympa. La co-opérative achète les oranges à tous les producteurs du village et d’autres villages alentours pour les vendre en plus grande quantité, à des supermarchés.

Ramasser les oranges est un travail plus ou moins pénible, selon la variété. Les petits arbres sont assez plaisants (c’est facile à dire quand on ne fait ça que quelques heures par semaine et que pour une semaine) mais les grands sont une vraie torture. Les oranges des grands arbres sont bien entendues tout en haut! Des escabeaux seraient trop contraignants à transporter, compte tenu de la pente et du nombre de terrasses à monter. Il faut donc grimper dans les arbres, comme quand on est petits (là je me demande si tout le monde fait ça quand il est petit?). Et ça c’est très très fatiguant, j’avais des courbatures le lendemain! On ramasse les oranges avec un sécateur, puis on les met dans un seau, puis dans une caisse. Pour remonter les caisses, des mono rails à crémaillère sont installés. Lei m’explique que c’est le roller coaster de son enfance et qu’il a eu “many accidents”. J’ai eu l’occasion d’être empilée an milieu des caisses d’oranges une fois, ça fait assez peur, vu la pente mais comme ça va doucement, on a peu de chances d’en tomber.

Les journées au village sont bien rythmées. Le village compte une cinquantaine de maison et à peu près deux fois plus d’habitants. Comme partout au Japon, la population décroît, le nombre d’enfants par femme se réduit (j’ai enfin le chiffre: 1,39 en 2010!!). Il n’y a plus qu’une école primaire dans le village contre 5 avant. Par contre, il y a maintenant deux maisons de retraite. A 6h, 10h, midi, 13h, 15h, 17 et 19h, une mélodie des plus enfantine retentit dans tout le village, je pense qu’il faut 20ans pour s’y faire si on n’est pas né là! Ca correspond donc à lever, pause, lunch, pause, fin du travail et dîner. Ils laissent libre l’heure à laquelle ils peuvent se coucher. Après le travail, il arrive très souvent que les uns aillent chez les autres, pour “boire”, nous, on dirait plutôt “prendre l’apéro” mais là c’est énoncé comme tel. Et ils n’y vont pas de main morte! Chez toutes les personnes chez qui je suis allée, il y avait au moins 5 bouteilles vides de saké de 1,8L, assez imposant! Ils sont aussi très fan de la bière Asashi, dont il existe une version plus light et fruitée pour les filles. La maîtresse de maison servira, en guise de biscuits apéro, des quartiers d’oranges. Il y a cinq sortes d’oranges cultivées à Karie, de façon à en récolter sur une longue période (octobre à mai). Certaines oranges ont la peau trop amer, la maîtresse de maison se chargera donc de pré-couper le haut du quartier, pour que ses invités ne mangent que la pulpe. J’ai aussi eu le droit à du radis frais en lamelle à la sauce soja ou à des algues séchées terriblement salées (comptez 18 minutes de dégustation pour 3 cm d’algues).

Un autre temps fort de la journée est le bain. La maison de Keiko n’est pas équipée d’eau chaude courante. L’eau pour le thé est régulièrement bouillie et gardée dans un thermos de 2 ou 3 litres. Pour le bain, vers 17h, la mémé s’occupe d’aller chercher le bois et de faire chauffer l’eau du bain. L’eau chaude reste dans la baignoire. A tour de rôle, chacun va à la salle de bain, se doucher à la bassine. Une fois propre, on peut se tremper dans le bain. Je n’ai jamais réussi à y rentrer, l’eau est trop chaude. Dans les onsen ou bains publics, il y a de la vapeur, la pièce est chaude, mais là non. Le mot “bain” en Japonais se dit “flo” (comme mon nom, pour ceux qui me connaissent pas), ça les a bien fait rire. Un soir, on est allé, avec Lei et sa grand mère, au onsen, qui pour le coup est un vrai spa, avec sauna, salle de relaxation, restaurant et même hôtel, au village d’à côté: Akehama. Il n’y vont que quelques fois par an. L’eau chaude vient d’une source captée au fond de l’océan (je ne sais pas exactement lequel en fait: Mer Intérieure, Mer de Chine, Mer des Philippines ou Océan Pacifique).

La socialisation dans le village se fait en fonction de la profession: les gens de la terre (producteurs d’agrumes ou légumes) d’un côté et ceux de la mer (les pêcheurs ou producteurs de moules ou algues sechées) d’un autre. Je n’ai pas eu l’occasion de parler ou rencontrer un pêcheur. Ces deux groupes se vendent l’un à l’autre leurs produits. Quand nous sommes arrivés, Keiko avait acheté une caisse de poissons frais (une bonne dizaine je dirais, vu le nombre de tête qu’il y avait dans le plat). Elle a ensuite cuisiné les différentes parties du corps des poissons de différentes façons (tête et une partie inconnue en forme d’os triangulaire à la poêle, tempura c’est à dire des beignets, filet tranché très finement par le poissonnier pour être manger cru, soit en sushi soit simplement trempé dans la sauce soja). Tous les repas se prennent dans la salon, sur la table basse équipée d’une kotatsu (couverture chauffante).

Quelques événements sont organisés par la commune de temps à autre. Pendant la semaine où nous étions là, il y a eu un match de ping pong et la confection de mochi, le jour de la remise du bac. Le mochi se fait rarement, que pour de grandes occasions, comme le nouvel an. La commune finance l’achat de riz. Il est ensuite cuit à la vapeur, une heure pour le riz blanc et deux heures pour le riz complet. Les hommes le gardent à la chaleur d’un feu où les casseroles sont empilées les une sur les autres. L’un d’eux dépose le riz dans une pierre ronde, sculptée pour cette occasion. Deux hommes, équipés de grands “marteaux” en bois, écrasent le riz assez lentement au début. Puis il le frappe à tour de rôle. Enfin, un seul continue de la battre, quand il s’apparente à un chewing gum et entre deux coups, une des femmes reforme la boule en humidifiant sa main d’eau. Quand la pâte ressemble vraiment à du chewing gum, les femmes, à l’intérieur, en font des petites boules roulées dans la farine. Certains mochi ont été aromatisés, au citron par exemple ou dans certains ont été fourrés aux haricots rouges sucrés (azuki, que très peu d’Occidentaux aiment). Une fois toutes ces opérations finies, toutes les familles du village auront une boîte de 4 ou 6 mochis. On a bien entendu eu le privilège de frapper le mochi avec le marteau!

bikette
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