blog de lachaineaupied

Ce dimanche a Kuching pour animer la belle promenade le long du fleuve Kuching , des groupes de musiciens de diverses obediences se sont rassembles pour la plus grande joie des passants et de la mienne .
Je restais a ecouter plus longuement un goupe qui s amusait avec des melodies legeres , joyeuses et un peu chaloupees qui se mariaient tres bien avec la lumiere de cette fin d apres midi . Leurs variations sur les jeux interdits m ont rappellees pourquoi je m etais leve ce matin

Kuching ( kucing ) veut dire chat en malais , la ville s est donc choisie le chat comme embleme . Quelle audace

Depuis Brunei , je n avais plus beaucoup vu de palmiers a huile . Quelques parcelles trainaient de droite ou de gauche . Je savais neanmoins qu ils n etaient pas loin
les camions que je croisais etaient charges de leurs fruits , d autres tractaient des citernes vertes estampillees oil palm ,les cheminees noires et fumantes des moulins a huile , les nombreuses pancartes a chaque croisement renvoyant aux diverses domaines de culture

Tout ces signes me demontraient une intense exploitation du palmier a huile dans la region , pourtant je n en vis que tres peu jusqu a Betong ou pendant quelques kilometres ils se sont rapproches et refermes sur ma routes , avant de disparaitre a nouveau . Ce n est pas comme au sud de la Malaisie continentale ou pendant de longues journees j ai roule au travers d un ocean de palmiers a huile
Mais ici l espace est infiniment plus grand , difficile de savoir ce que peut cacher l immensite du Sarawak

Enfin quelque chose a quoi mon regard puisse se racrocher , j avais fini par croire que la terre etait plate

Le dimanche a Bintulu , il n y a pas grand chose a faire . Les malais en famille vont faire du shopping dans les grandes galeries marchandes (mall) . En bon voyageur , j aime a me preter aux coutumes locales , je suis aller au New World shopping center , rien que le nom j en avais l eau a la bouche
Les couloirs etaient noirs de monde , je n avancais qu a petits pas , ce qui est eprouvant quand on a pris l habitude d avoir les belles et grandes routes du Sarawak pour soi seul ou presque . Je trouvais refuge dans un supermarket qui me parut moins encombre . Dans mes deambulations apres avoir detaille d un oeil curieux les etalages charges principalement de produits chinois, je finis par tomber sur le rayon cremerie ou je fus accueuilli par le sourire famillier de la Laughing cow ( La vache qui rit , pour ceux qui ne l auraient pas reconnu ) . Apres avoir ettouffe une petite larme de nostalgie , je remarquais deux piles de boites blanches , l une de brie , l autre de camenberg , mais estampillees dans les deux cas comme danish cheese ( oui , oui , fromage danois , meme en anglais cela surprend ) . Je n ai rien contre les danois , je ne vois d ailleurs pas ce que l on pourrait leurs reprocher . J irais jusqu a admettre un brie de Esbjerg ou de Kolding , il y en a bien un de Nangis , tant qu ils ne mettent pas sur la boite " mefiez vous des imitations francaises " cela pourrait m aller . Mais pour le camenberg la chose est moins acceptable . Le camenberg fait parti de ces cliches bien franchouillards , comme le croissant , le beret basque ou la mauvaise humeur . C est du deni , du vol , de l escroquerie . Le petit village normand doit se retourner dans sa tombe . Vraiment , il y a quelque chose de pourri dans le royaume du fromage

Les panneaux de signalisation me laissent quelques fois perplexe

A l entree du site protege des grottes de niah , apres avoir ehange quelques sourires et un peu plus de ringitts avec la jeune garde malaise bien qu assermentee, pour obtenir un billet d acces , je rencontrais mon premier cyclotouriste depuis le debut de ce voyage , il y a pas loin de 2000 kilometres
J etais content de tomber enfin sur un de mes semblables , alors que lui me parut surtout fatigue
Ce solide suedois faisait la route en sens inverse depuis Kuching vers Kota Kinabalu et plus si affinite
Je le trouvais tres amusant , surtout ses histoires de chaussettes coreennes mouillees , et quand meme un peu bizarre . Mais j imagine qu il est difficile de passer ses journees seul sur les routes a pedaler sans en payer un prix.
Il va falloir que je me surveille

Le 5 mars 2014 m aura coute une page entiere de mon passeport . Je suis sorti a 2 reprises de Malaisie pour y entrer 1 fois , et entre 2 fois au Brunei pour une sortie
Mon passeport tout neuf , tout vide et qui me faisait honte , comme des chaussures neuves qui couinent , commence a sentir bon l encre des visas et la sueur moite des rudes mains douanieres . je crois qu il me sera un tres bon compagnon de voyage

Le jour ouvrait a peine ses paupieres que je foncais a la grande mosque Omar Ali Saifuddein prendre une derniere photo pour la route . Je m y prenais a plusieurs reprises pour trouver a ma bicyclette une pause avantageuse avec l edifice religieux en arriere plan . Mon manege attira l attention d un homme , Abraham , qui allait d un pas honnete rendre hommage a son Dieu . Apres les formules de politesse et de courtoisie que peuvent s echanger deux etrangers devant la grande mosque Omar Ali Saifuddein , il me demanda sans plus attendre mon age . Je lui avouais mes 50 ans d age , qui n est plus celui des coquetteries , mais me retorquat il celui ou il me fallait penser a la vie apres la mort .Bon , je ne dis pas que je n y pense pas certains matins en me rasant , mais la franchement j admet que l idee m etait sortie de la tete . Sans veritablement m interesser a son monologue eschatologique ( Il y a bien un e , j ai verifie ) je l ecoutais avec plaisir pour son bel accent oxfordien ( ou cambridgien , je ne suis pas sectaire ) que je me serais plus attendu a trouver chez Woodhouse que sur un trottoir de Brunei . Mes lectures de Kierkegaard et de Pif le chien m ayant rendu retif a toute apostasie , nous nous quittames en bon termes , apres les formules de politesse et de courtoisie que peuvent s echanger de etrangers devant la grande Mosque Omar Ali Saifuddein
Seul , je me tournais vers ma bicyclette et la pris en photo . La pause n etait pas geniale . Comme certains ont l oreille musicale , moi en photographie je n ai pas l oeil , bien que je m applique a fermer l autre . J aurais sans doute tout a gagner a fermer les deux

J avais un choix difficile a faire . Rejoindre Kota Kinabalu pour descendre plein sud en suivant le littoral ou rester de ce cote des Banjaran Crocker , route plus vallonnee mais aussi plus calme . Quoique je decide , il y a une route que je ne ferais pas
Comme toujours quand il faut choisir , j attend le dernier moment . Devant le carrefour , plus moyen de reculer ,je devais me decider , aller a droite , aller a gauche . Par inclinaison personnelle , j aurais tendance a aller a gauche . Je pris donc a gauche pour prendre la voie de l interieur repondant ainsi a la mienne , il ne faut jamais forcer sa nature


Le momt Kinabalu , avec ses faux airs de montagne Sainte Victoire , culmine a 4 095 m

A l aube , je regarde la pluie tombee depuis la fenetre de ma modeste chambre ( 60.5 ringitts ) . Je suis alle dans un warung proche prendre un petit dejeuner , mee soto ( soupe de pates ) , dans l espoir que la meteo s arrangerait le temps de mon repas . Il me suffit d un coup d oeil a la vallee noyee dans les nuages pour me convaincre qu aujourd hui encore je roulerais les fesses humides
La soupe etait bonne
Les nuages me cachaient les premiers reliefs depuis mon entree au Sabah , les Taviu Hills . Une montee toute en douceur au travers une belle foret . Je pedalais au rythme des plics et des plocs de la pluie sur les gigantesques feuilles des arbustes qui trouvent en bord de route , le seul espace que n occupent pas deja les grands arbres . Une famille de gibons , plus petits et plus sombres que leurs cousins indiens les langurs , me regaderent passer avant de reprendre sans attendre leurs chamailleries
Puis ce fut la descente , dans mon elan je transpercais les nuages pour arriver sous un ciel plus clement a Paginatan
Trempe mais heureux , je ne le suis jamais autant qu au milieu des collines boisees , je m octroyais une petite collation au restoran I AZAM , la bonne adresse de Paginatan


Humide pour la saison

Apres 300 kilometres de palmiers a huile , j ai eu envie de changement . Je suis alle a Sepilok , connu dans les guides touristiques comme lieu de rehabilitation des orang outan ( je ne sais pas ou mettre le s , mais il y est ) ou il est facile de voir ces primates , et par les locaux connus comme le zoo .
J y ai trouve un grand camp de vacances , peuple de visages pales
Le soir au restaurant , j y ai revu les memes tetes , ou tous , grand et petit , etaient attables devant leurs ecrans .
Durant ce voyage , meme la nuit sous ma tente en pleine foret , je ne me suis jamais senti aussi seul
Au petit matin , lachement je me suis enfui

Pendant quelques kilometres , je fus accompagne par des nuees d hirondelles . Les vergers de palmiers a huile , qui ici aussi sont omnipresents , resonnent des chants de milliers d oiseaux . C est curieux , je n ai garde aucun souvenir d avoir entendu du cote indonesien de Borneo , un oiseau qui ne fut pas en cage
Il n y a pas que des oiseaux dont j ai remarque la presence , il y a aussi les chiens qui parfois en meute , trainent le long des routes . En Malaisie comme en France , les chiens ne semblent pas aimer les velos avec des sacoches . Leurs jappements insistants deviennent vite agacants , surtout dans les cotes . Comme dit le dicton " un chien qui aboie , ne mord pas " , alors je fais comme si , mais quand je ne les entend plus , je jette un oeil pour m assurer qu il n y en a pas un de pendupar les crocs a une de mes sacoches