blog d'un Lusisien en Vadrouille

Newsletter 29

Le 15/10/12, 9:34

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Buenas dias à toutes et à tous,

32. C'est le coût en bolivianos de mon transfert en train vers la frontière. Les agences proposent le trajet vers San Pedro de Atacama pour dix fois plus cher, le prix de la facilité.
Pourquoi l'unique train de la semaine sur cette ligne part à 3h30 du matin? Mystère. Peut-être pour éviter que les gens s'aperçoivent que 32, c'est aussi la vitesse de pointe du train. Ça saute, ça secoue, y'a pas de lumière, y'a pas de chauffage, on grelotte. Il avait prévenu le lonely planet, seulement pour les accrocs.
Arrivé au petit jour dans un village minier perdu au milieu du désert, l'unique locotracteur fait des manœuvres interminables pour raccrocher 2 wagons de plus.
On arrive à Avaroa, fin de la voie coté bolivien avec seulement 2 heures de retard. 20 baraques, dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Ça doit faire longtemps qu'ils n'ont pas vu un blanc-bec venir par le chemin de fer. Je traverse à pieds un no man's land de plusieurs kilomètres pour arriver à Ollague, 30 baraques. Dont celle du douanier qui me demande où est mon vélo. Car il me dit que le bus est parti il y a une heure, que le prochain est dans 2 jours et qu'il y a belle lurette que le train coté chilien ne prends plus de voyageurs.
Pas de panique, passons au plan B. Euh, c'est quoi déjà le plan B ?
Une équipe de reporters irlandais est justement présente à cette douane pour faire un documentaire sur mon tortillard de train ! Je peux pas avoir tout faux quand même. Leur chauffeur repart à vide. Re-coup de chance, il habite à San Pedro, là où je me rends. Merci le dieu des trains.
Et voila, c'était fastoche. Coût record de l'opération : 32.
L'arrivée à San Pedro par la route est de toute beauté avec le coucher de soleil: vallée des dinosaures, vallée de la mort, vallée de la lune, et une petite ville arborée nichée au creux du désert.
Argh, enfer et damnation, c'est gringoland ici, que des touristes ! Et bien sûr, son cortège de prix trop chers, hôtels, restos, même la place de camping est exorbitante. Cela me déplait fortement. Au Chili, les gens ne sont quasiment pas typés, avec mon teint halé je peux aisément passer pour un local, mais ici je me sens comme un pigeon qu'on s'apprête à plumer.
Tant que je suis dans le chapitre anatomique, mon esprit scientifique a remarqué une proportion plus qu’intéressante de jolies filles, beautés naturelles sans artifices ostentatoires. Cela change des 3 pays précédents et je sens que je vais fatiguer du globe oculaire moi.
Je vais quand même me délester de quelques pesos pour aller voir la vallée de la lune et ses environs, un tour avec une bande de jeunes chiliens de Santiago un peu éméchés, dont un qui va se faire une entorse du genou dès le début en faisant le zouave. Mais l'ambiance était sympa, avec une grosse glacière remplie de canettes dans le van.
Le lendemain matin à 4 heures, tour un peu plus sérieux, avec des vieux, oh pardon, des personnes plus âgées, pour voir les geysers de Tatio.
On arrive de nuit sur le champ, il fait -15°C. Ça fume de çi, de là. Mais les geysers se réveillent avec l'aube et des panaches s'élèvent de partout.
Ce sont plus des fumerolles que des geysers car seuls quelques trous crachotent de l'eau. Rien à voir avec Yellowstone. 1 heure plus tard, extinction des feux.
Je fais escale à Calama, je crois qu'avec tous ces chauds et froids je me suis chopé une grippe...espagnole. 2 jours de repos dans une ville où j'ai du mal à trouver un logement décent pour pas cher. C'est qu'il y a ici la plus grande mine de cuivre du monde à ciel ouvert: Chuquicamata. L'exploitant fait même visiter gratuitement sa mine. Tout d'abord passage par la ville fantôme de chuquicamata. Une petite ville entière pour 20000 habitants, avec hospital et écoles, des commerces et pas une âme. Sensation étrange.
C'est pas que la mine est nocive, non, c'est juste une question de normes, c'est trop près. Visite du musée, explication sur les procédés de production, puis on remonte dans le bus, interdiction de se balader ni de toucher quoique ce soit. Sortie de nulle part toutes sirènes hurlantes, une jeep de la sécurité va rappeler à l'ordre 2 enfants qui se dirigeaient vers les balançoires.
Puis on rentre sur le site. D'énormes camions de 400 tonnes font la navette en spirale vers le fond. 3 litres de diesel à la minute le bestiau!
Notre ridicule petit bus monte jusqu'à un mirador qui permet d'apprécier l'ampleur de cette mine. Bientôt elle deviendra souterraine. C'est vrai que le Chili aime bien ensevelir ses mineurs. Encore 100 ans d'exploitation estimés, dont 45% ira vers la Chine technologique. Eh oui, ouvre ton ipad chinois et tu y verras le cuivre chilien.
Pourquoi il faut avoir obligatoirement un pantalon long, des manches longues, porter un casque, ne strictement toucher à rien, ne pas s'approcher à moins de deux mètres de ce tas de gravats? Pourquoi le guide nous encourage à faire un don à l'hospital des enfants qui souffrent de manière totalement incompréhensible d'un taux anormal de maladies et malformations? Parce que le monsieur il a dit que la mine est sans danger !
Convalescent, je me fais une toile, un film hautement intellectuel, resident evil 5 en 3D svp. Même en castillan, tu comprends aisément la teneur des riches dialogues de ce film.
Dans cette ville aisée, la place est quasiment aussi chère qu'en France. Le Chili, comme sa voisine l'Argentine, est un pays riche d’Amérique du sud. A part les spécificités locales, ils ne sont pas très loin selon moi du standing des petites villes de l'ouest des USA.
Dans ma longue route vers le sud, je fais escale à La Serena. Je suis accueilli par Maria, une gentille mamie un peu sourde qui tient une guesthouse avec ses 2 fils. Café du matin, rejoins par 3 jeunes filles qui viennent d'arriver aussi. On papotte, on papotte et on décide d'aller faire une virée bucolique dans les vignobles de Pisco. Visite d'une distillerie, dégustation et retour par une jolie vallée. Hic, elle était bien plaisante cette virée alcoolique.
Avant d'attaquer un énième long trajet vers Valparaiso, je fais un tour à la plage pour admirer 2 apprentis surfeurs se vautrer lamentablement. Au retour, je fais copain-copain avec le gardien du garage chevrolet qui va me laisser entrer pour toucher du doigt un rêve.
Je continue ma descente dans ce long pays. Arrivée dans la ville côtière de Valpo pour les intimes. C'est à la fois une ville et des villages. La ville est en bas, étalée le long de la mer avec un énorme port militaire et marchand à une extrémité. Ensuite, il y a des dizaines de collines, quartiers historiques accessibles par de raides ruelles ou escaliers, mais surtout par d'antiques funiculaires. Des quartiers paisibles, bohèmes, où les artistes en tout genre sont venus exercer leurs talents sur les façades des guesthouses. Le bas de la ville n'est pas en reste car il y circule quotidiennement des tramways des années 50.
Puis de nouveau une longue étape vers Pucon pour voir de mes yeux le volcan Villarrica dont on dit qu'il pète le feu. Cette petite ville est comme une carte postale, les principaux édifices sont en bois, des petits restaurants accueillants, de l'artisanat, et un petit lac. Vraiment, un endroit rêvé pour louer un chalet et passer ses vacances. Comme dans "le pic de dante", Pucon peut prétendre au titre de la reine des destinations loisirs. C'est cool, en plus ils ont même un gros volcan actif tout blanc, tout proche...
Pas de touristes, rien, nada. Impossible de vérifier si on peut voir de la lave dans le cratère. Et je ne crois pas en la parole des agences. Je vais prendre rendez-vous avec l'Etna, c'est plus sûr.
C'est devant ce paysage magnifique que je souhaite un joyeux anniversaire à mon filleul Théo, et je rajoute un "top" écrit pour son père qui comprendra.
Nanti de la bible du trekking en Patagonie, je m'en vais à Osorno où j'ai repéré une jolie balade de plusieurs jours dans la nature. L'appel de la forêt, n'est-ce pas Jack? Je fais mes emplettes et c'est parti.
Avec le recul je vais rebaptiser cela le trek du serial looser.
Tout commence par la perte de la ceinture ventrale de mon sac à dos rendue amovible par les doigts de fée de ma gentille maman. Au sortir de la soute à bagages du bus de nuit à Pucon, disparue, envolée, abracadabra. Bonjour le dos pour le portage!
Bien chargé, je me rends à Anticura sauf qu'en cette saison le bus s'arrête 17km avant. Je marche un peu beaucoup sur cette route déserte puis un camionneur me prends en stop. Pouet pouet.
Motivé à fond, j'arrive au point de départ. Dans un espagnol approximatif je dis "moi y'en a vouloir faire el trek du volcano Puyehue".
Dans un espagnol impeccable, on me réponds "Impossible, le volcan est entré en éruption en Juin de l'année passée et a complètement rasé la zone des baños". Mince, c'était justement un des atouts de ce trek, des bains d'eau chaude à profusion et des geysers pour moi tout seul. Le tout repose maintenant sous un champ de lave. C'est sûr, c'est pas en Auvergne que ça arriverait.
On me dit que je peux prendre le sendero du Chile et tenter de rejoindre un lac au sud à 60 km. Mais là, ils n'ont pas de carte de cette zone et moi non plus. Mais de toute façon, c'est un chemin en construction.
Allons-y pour l'aventure. En partant, ils me disent "buena suerte". Faudra que je regarde dans un dictionnaire ce que cela veut dire.
La première journée se passe agréablement, je suit un long sentier dans les bois sous un franc soleil. A part ces pénibles obstacles non naturels que je peine à franchir, des branchages et des tas de piques en bamboo taillées en pointe volontairement mis en travers du chemin. Ces obstacles me tracassent, je me demande si je ne vais pas atterrir dans une tribu de dégénérés mangeurs d'hommes.
2ème jour, les pièges se multiplient, avec des troncs d'arbre de 1m de diamètre en plus maintenant. Le sentier monte, des plaques de neige font leur apparition. L'affaire se corse, le chemin devient tout blanc sous 50cm de neige. On m'avait dit "faut franchir une passe pour déboucher sur de vastes prairies au-delà". Je vois la passe à 1km mais tout est recouvert de neige et plus de chemin. Par précaution, je note ma position GPS actuelle et j'attaque la montée. Je galère mais j'arrive assez haut pour voir "au-delà".
Si j'avais su j'aurais pris mes skis. Que de la neige ! Quid des vastes prairies? Quelques pas plus loin, je m'enfonce jusqu'à la taille et encore, c'est mon sac qui me retient. Fâcheuse posture. Wilson gît à terre, pardon, à neige. (Wilson c'est mon bâton). Je prends appui à plat pour m'extraire de cette congère et je m'en va rampant jusqu'à un arbre proche.
Il y a des jours où il faut s'avouer vaincu et ce jour en est un Triste
Mes chaussures, chaussettes et bas de pantalon sont trempés. Je me replie vers une clairière repérée en passant pour aller ruminer dans mon pré.
Mais il est énorme ce sanglier noir qui squatte ma clairière. De la taille d'un cochon domestique. Il me voit, il oblique dans ma direction.
Curiosité, agressivité, territorialité ?
Je m'accroupis, j'ai:
- Wilson
- mon couteau
- ma scie
- un point de QI de plus
- 2 piques en bambous (dans Braveheart, ils arrêtent un cheval avec alors pourquoi pas un cochon)
Mais mon paquet de côtelettes file sur ses jarrets et disparait. Trouillard!
Il est très tard, demain sera une journée de repos pour faire sécher mes affaires.
Mais bien sûr, après 2 jours de chaleur, le lendemain sera une journée pourrie, grise, humide et froide. Pas vu le soleil. Je consulte mon kit "Bear Grylls" pour me réchauffer. Mettre le feu à la forêt, non, dormir tout nu avec une fille, peux pas (et avec un sanglier ?), manger, OUI!
J'ai des pâtes, du risotto, du parmesan, du saucisson, du tang. Ça va!
Je vais faire un peu de camping ici en attendant les beaux jours puis je m'en retournerai à Osorno pour la suite des aventures.

A+

S.

Voir les photos : Chili - San Pedro ]

Posté par ceeeeb

Newsletter 28

Le 14/10/12, 9:41

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Buenos dias à toutes et à tous,

Pour affronter le long trajet de nuit qui va m'emmener à Sucre, je m'offre un quadruple de chez burger king, unique survivant de la malbouffe occidentale, peu appréciée en Bolivie. Même KFC n'arrive pas à s'implanter ici, alors que des millions de poulets sont assassinés chaque jour.
Sucre, la capitale constitutionnelle du pays, sera une étape reposante. C'est une jolie petite ville tranquille, pas beaucoup de monde, pas beaucoup de voitures. Je vais pouvoir flâner de ci de là dans les rues flanquées de bâtisses blanches. Je vais même déambuler dans le cimetière arboré dont l'office de tourisme dit que c'est le plus beau du pays. C'est vrai que certains caveaux ressemblent à des temples grecs. Et ils ont même un petit parc des tuileries avec une mini tour eiffel.
Ensuite, direction Potosi, la ville la plus haute du monde, 4067 mètres.
Anciennement aussi la capitale du monde, quand au 16° siècle fut découvert la montagne d'argent qui alimentera les caisses du royaume d'Espagne très très longtemps. La mine s'est tarie, plus rentable de nos jours, l'état s'est désengagé et il reste 2000 mineurs regroupés en coopératives qui s'acharnent à extraire le peu de minerai restant.
Mais mineur, à Potosi et ailleurs en Bolivie, c'est encore le métier le plus lucratif du pays. Ils ont même droit à une retraite, sauf que quasiment tous vont mourir avant, de la silicose ou autre saloperie respirée à pleins poumons.
C'est aussi peut-être pour cela qu'il y a étonnamment autant d'avocats dans cette ville. Et autant de pizzérias, très chères, spécialité du pays apparemment, et des pharmacies, des papeteries,...
Eh, monsieur, où que je pourrais avoir un bon pollo con arroz s'il te plait ?
Je vais visiter la maison de la monnaie, intéressant musée avec fourneaux, laminoirs, presses pour transformer les lingots d'argent en pièces. Maintenant la Bolivie sous-traite la fabrication de sa monnaie 100% à l'étranger, dont la France, spécialisée dans les billets difficiles à falsifier. Utile par ici.
Puis vient l'heure de jouer les Etienne Lantier. On est 6 à partir avec Wilson, un ancien mineur, qui fait visiter sa mine aux touristes en quête de frissons. C'est qu'on signe une décharge de responsabilité, ce n'est pas un tour à la disneyland.
Tiens, c'était où déjà que des mineurs sont restés bloqués sous terre pendant des semaines ? J'sais plus, passons.
On enfile une légère combinaison de protection ainsi que des bottes pour pas se salir et ressortir tout propre (sauf les poumons).
Et un vrai casque de mineur qui va se révéler fort utile.
On passe d'abord au marché spécialisé, pour faire des cadeaux aux travailleurs que nous allons croiser.
En numéro 1, des sachets de feuilles de coca. Les mineurs ne mangent pas sous terre (because pas de toilettes), ils chiquent à en être vraiment dépendants. Une vraie drogue.
En numéro 2, boisson sucrée, eau ou alcool à 96°. Autre petit breuvage qui aide à tenir. On a testé, ça décoiffe!
Pour 3 euros, j'ai aussi acheté un kit dynamite, détonateur et mèche. En vente libre ici, sauf au moins de 4 ans, faut pas exagérer.
Ensuite on se fait avaler par une grande bouche noire et c'est parti pour plusieurs heures sous terre. C'est bas de plafond, merci le casque. On est à 4400 mètres, il est difficile de respirer et quand on prend une photo au flash, on voit bien toutes les poussières qui flottent. Les galeries sont étroites, vite, demi-tour, on doit courir accroupis (sauf pour la japonaise de 1,30m devant moi) pour laisser passer un lourd wagonnet de minerai.
2 hommes devant, 2 hommes derrière. Version officielle. Les 2 premiers n'ont pas 16 ans, c'est sûr.
Ils accueillent eau et coca avec soulagement, quelques paroles échangées puis les 4 mules des temps modernes repartent.
On crapahute nous aussi, on est essoufflés, certains endroits sont toxiques. Travailler ici est un enfer.
Transposons notre bolivien dans un bouchon de l'A31, dans sa voiture climatisée toutes options, à la cantine qu'elle est pas bonne, assis devant un ordinateur qui rame un peu. Il dirait quoi?
Wilson nous fait une longue pause devant l'oncle el tio, une divinité bienfaitrice (dieu n'existe pas ici) a qui on fait des offrandes, une fois pour demander, une fois pour remercier. Il nous raconte la vie de la mine, la dure vie en Bolivie et on comprends pourquoi les hommes se sacrifient ici (les femmes sont interdites).
On arrive au bout du tunnel, du soleil, de l'air frais enfin. Une potosina, la bière la plus haute du monde pour se rincer le gosier et un steak de lama, adresse conseillée par notre guide. C'est dure la vie de touriste-mineur.
Comme tout le monde va à Uyuni pour visiter le salar d'Uyuni (logique), je décide d'aller à Tupiza car je veux inclure l'ascension d'un volcan.
Mais d'abord il faut échapper à la spécialité locale, j'ai nommé le bloquéo.
Les mineurs sont tout-puissants ici et ils bloquent la ville pour un rien.
Notre bus mettra 1h30 à trouver une voie de sortie.
Tupiza est une petite bourgade charmante, tranquille. C'est la fin de la saison, moins de touristes et je vais devoir attendre 2 jours que trois autres personnes veulent bien faire aussi le même volcan que moi en plus du tour normal. Un peu d'obstination, un argument imparable "j'ai 90 chaines dans ma chambre", et je finis par convaincre un jeune couple espagnol puis un jeune italien, guide sur l'etna, de m'accompagner.
Un beau land cruiser V8 va nous trimbaler pendant 5 jours au travers de paysages tous plus beaux les uns que les autres. Avec cet engin, ces pistes, mon road trip en Australie me revient en mémoire. Sous un soleil brûlant, perdus dans l'immensité du sud Lipez, on soulève des nuages de poussières. C'est grandiose.
A la fin de la première journée, on arrive au pied de mon volcan. La nuit tombe vite, mais ce n'est rien en comparaison du froid de ce désert. Ma veste de ski en goretex qui n'avait pas pris l'air depuis belle lurette fait son retour. On ira se coucher tôt sous plusieurs couches de couverture.
4 heures du mat, 10°C dans la chambre, notre chauffeur-guide nous réveille. Notre cuisinière nous a préparé un petit-dej costaud ainsi qu'une boisson chaude spéciale altitude, avec des trucs dedans, dont des sortes de bouquets de brocolis que je me demande comment ils ont fait pour rentrer dans la bouteille. Et encore, ce n'est que bien plus tard qu'on verra qu'un des ingrédients est une grosse mouche.
Javier, notre guide, nous conduit le plus haut possible avec la jeep, jusqu'à être bloqués par une plaque de glace. 5400 mètres quand même.
On attaque la montée. Il connait son affaire le ravier, il nous fait des pauses de 1 minute maxi, il recharge sa bouche de feuilles de coca et il repart, tranquilo.
5800 mètres. On est cueillis à chaud par un fort vent glacial, situation qu'on voulait éviter avec notre départ si matinal. On ne s'arrêtera plus jusqu'au sommet du fameux Uturuncu. 6008 mètres !!!
Le plus haut volcan du sud de la Bolivie.
On repartira par l'autre face, plus long mais à l'abri du vent. C'est comme descendre une piste noire avec de la poudreuse sur des patinettes. Tu plantes ton talon et tu glisses sur les éboulis. C'est rigolo, c'est sportif mais gare à la chute.
Les 2 jours suivants vont voir se succéder des panoramas incroyables, une succession de lagunes de toutes les couleurs, des flamands roses d'une seule couleur, le petit salar de Chalviri en attendant le grand, le vrai, une petite piscine naturelle à 35°C très relaxante après 3 jours à se débarbouiller à l'eau glaciale. On visite aussi un petit geyser auprès duquel gargouillent de gros bains de boue.
Une énorme plaque monte en l'air et retombe par chance sur...l' épaule de notre ami italien.
1er temps, un regard de surprise sur cet objet tombe du ciel.
2eme temps, il crie et retire précipitamment son sweat. Eh oui, la boue jaillit à plus de 85°C quand même. A 10 cm près, il aurait pu jouer double-face dans batman.
Le soir on va dormir dans un hôtel de sel. Ils sont maintenant tous en bordure du Salar car jugés trop polluants.
Murs, tables, chaises, lits, tout est fait d'un mélange de cristaux de sel agglomérés avec de la colle a bois. Enurétiques s'abstenir!
Notre guide est inquiet, l'hôtel est pratiquement désert, toutes les jeeps venant d'Uyuni n'ont pas pu franchir la mer de sel à cause d'une forte pluie locale.
Mais le lendemain il fait beau à nouveau, quoique des nuages résiduels vont nous gâcher le lever de soleil alors qu'on s'était pourtant levés à 4h00 du matin.
Tant pis, le salar reste le salar, une énorme feuille blanche qui vous éblouis! Simplicité, limpidité, efficacité.
Pour finir, on fait un petit crochet par le cimetière des trains avant d'atteindre Uyuni, la ville fleurie, comme se plaisent à ironiser les habitants de Tupiza. En effet, chaque arbuste arbore un ou plusieurs sacs plastiques. Ici c'est le vent qui ramasse les déchets dans les rues (avec l'aide des chiens).
Mes 3 compagnons repartent dans la foulée vers le nord. Quant à moi, à voir la tête du guichetier de la SNCF locale, il semblerait que j'ai encore choisi la bonne option pour me rendre au Chili. Mais j'ai de la chance, le train ne part que dans 3 jours seulement, la ville est moche et sale, il y a des tas de pizzérias, le wi-fi est une technologie inconnue dans cette contrée et le meilleur cyber-café possède 2 PC à modem 56k et port usb bloqués.
Après 2 tentatives, je déniche un hôtel dont la télé diffuse plus que une chaine.
Tout va bien, on se détend.

A+ pour de nouvelles aventures

S.

Voir les photos : Bolivie - Sucre ]

Posté par ceeeeb

Newsletter 27 (La vie en rose)

Le 05/10/12, 9:04

28.2611197259.21527828125

Buenos dias à toutes et à tous,

Comme quoi le hasard fait bien les choses. Au lieu de prendre le bus à touristes qui traverse la frontière à Copacabana (oui oui, la fameuse plage au Brésil doit son nom à cette petite ville bolivienne), je décide de prendre le chemin le plus rapide comme le local qui se respecte.
Qui a eu la même idée? Yvonne, une jeune hollandaise de 24 ans, auprès de qui je passe pour un nain car elle culmine à 1,90m. Y'aurait pas des talonnettes pour les chaussures de rando par hasard ?
Avec son espagnol impeccable, elle m'aide à traverser une frontière dont le bureau des formalités est très bien caché. De nouveau, ici, tout rentre et sort sans aucun contrôle.
On s'entasse dans un micro-bus, en réalité un minivan et c'est parti pour 2 heures de route sur l'altiplano, à 4000 mètres d'altitude. On arrive sur le haut de La Paz, la vue est incroyable, la ville est très encaissée, le fond est à 3600m quand même et Yvonne a repéré un hôtel sur les hauteurs.
L'air se fait rare, maintenant je sais pourquoi les boliviens marchent lentement.
Comme si cela ne suffisait pas, Carla et Nicolas iront à pied pour prendre des billets direction Amazonie.
Mon estomac remarque rapidement une différence notable avec le Pérou ou encore l’Équateur. Ici, peu de petits commerces d'alimentation et peu de petits restos pour l'almuerzo, mais des tas de micro-stands dans les rues, pour tout et n'importe quoi. Pour manger faut chercher mais si tu veux une agrafeuse, des ciseaux ou une photocopie pas de problème.
La Bolivie est un pays pauvre, salaire moyen inférieur à 200$, les gens vivotent en faisant commerce de tout. J'ai vu une annonce sur un poteau "Recherche vendeuse, 1000 bolivianos par mois". Ça fait rêver.
La Paz est aussi stressante, circulation infernale de milliers de microvans et taxis qui quadrillent la ville et s'arrêtent tout le temps, des gens par milliers, par millions, tout le temps. Le soir, des files de 100m de long se forment devant des poteaux invisibles pour rapatrier tout ce joli monde vers les hauteurs, vers la banlieue.
11h30 du matin, la grande Vovonne et bibi sommes prêts à monter dans le bus qui va Rurrenabaque. 13h30, le bus démarre pour un trajet de 18 heures au mieux. Entre temps, nous aurons mangé avec nos petits doigts du riz et des boulettes de viande dans un sac plastique. Merci les petits stands.
Pourquoi les gens prennent l'avion pour aller à Rurre?
Serait-ce parce qu'après quelques heures le bus bifurque sur une piste poussiéreuse, en pleine montagne, avec un précipice et pas assez de place pour se croiser? Non, pas possible. De toutes façons, c'est un bus de nuit, tu fermes les yeux, tu essayes de dormir et si tu revois le soleil du matin c'est que c'est bon.
A la pause diner, on est un poil retardé par un silent block récalcitrant, piece inutile qui finira le voyage dans la soute à bagages.
On arrive vers neuf heures à Rurre. Petite sieste méritée avant de chercher un tour dans la pampa, sorte de savanne avec des trous d'eau en saison sèche mais recouverte d'eau en saison humide.
On rencontre Rose, jeune hollandaise de 24 ans. Encore! C'est décidément l'année Hollande. On croise aussi le jeune couple de lyonnais, aussi en tour du monde, qui a fait le trajet dans le même bus.
A cinq, on négocie un bon tour de 3 jours.
Comme la température moyenne est de 40° et un tantinet humide, on finit la journée à la piscine en compagnie d'un toucan apprivoisé, armé d'un bec menaçant.
Ah oui, dans la catégorie "véhicules disparus", j'ai retrouvé toutes les toyota picnic (sauf une?) vendues. 95% des voitures du coin, rendez-vous compte!
Départ du tour, 3 heures de 4x4 sur une piste toute droite puis 3 heures de canoé à moteur sur une rivière un peu assoiffée. Là, c'est le choc. Un caïman tous les 10 mètres, des tas de tortues, des hérons, des capibaras, des jabirus, des je ne sais pas quoi tout plein. C'est trop bien!
Soudain, notre guide se met à crier "flipper, flipper" tout en rigolant. Dans un large virage, de gros dauphins d'eau douce roses s'ébattent.
Le soir, on doit aller voir le coucher de soleil dans une tour. Le guide nous avertit: "gare aux moustiques". T- shirt à manches longues, pantalon, seuls les pieds, les mains et la tête sont aspergés de répulsif. Prêt!
18h59m59s: rien
19h00m00s: mosquitos time. Des dizaines de moustiques noirs s'abattent sur toi, le répulsif est sans effet et de toutes facons ils piquent au travers des vêtements ces sauvages, même ceux imprégnés d'un produit spécial qui coûte la peau des fesses. Z'ont pas lu la notice ces moustiques!
Vite, une photo et on opère un repli stratégique.
Le lendemain c'est chasse à l'anaconda sous un soleil de plomb.
Dans le premier trou d'eau, tout le groupe marche sur les bords bien au sec tandis que notre guide passe au milieu.
Bingo! Il met le pied sur un joli spécimen de 3 mètres de long qui va souffrir pendant un heure en passant de main en main.
Puis on se met en quête d'un cobra mais là on fera choux blanc.
L'aprem, petite baignade en compagnie des dauphins. Conseil, rester au milieu avec eux car sur les bords les caïmans rodent.
Puis pêche aux piranhas rudimentaire, du fil et un hameçon assez discret cette fois. 4 seront attrapés, je suis bredouille, grrr.
Rose à coté de moi en attrape un juste avant de rentrer avant le mosquito time. Pfff, la chance des débutantes.
Par contre, une des filles du groupe aura la frayeur de voir un gros caïman remonter à la surface à 10cm de la barque. Il suivait son petit morceau de viande et a failli attraper sa grosse main. Pour elle, finit la pêche.
Au soir, on déguste nos petits poissons, une bouchée chacun, avec du riz bien sur, mais aussi des légumes, haricots verts, betteraves, concombres, carottes,... La fête quoi! C'est drôle, ce n'est que dans les tours organisés qu'il est possible de bien manger avec des aliments variés.
Au retour vers Rurre, on croisera les mêmes centaines de caïmans, qui se réchauffent le sang au soleil ou qui attendent patiemment la gueule ouverte qu'un poisson daigne trépasser. Cool la vie de caïman.
Le soir, soirée diététique, pizza, bière et billard.
Je retourne sur La Paz avec Rose dans le même bus infernal qui cette fois va crever en route, la routine quoi.
A l'arrivée, pour faire passer toute cette poussière, on se fera une soiré-e saucisse, purée et ... bière. J'aime décidément bien cette petite Rose. Elle s'est fait braquée par un faux taxi il y a 10 jours, du coup elle aime bien aussi mon bras protecteur. C'est sûr, c'est pas pour mon physique Wink
Le lendemain, descente en VTT sur la route de la mort. C'est pas compliqué, une piste caillouteuse à souhait de 60km, la falaise à droite et un précipice à gauche. Départ à 4700m d'altitude, arrivée à 1200m.
Objectif, se faire plaisir et éviter si possible de tomber à gauche.
Avant sa fermeture au trafic routier, un chauffeur de bus a oublié ce conseil. 35 morts.
Équipés de pieds en cape, on s’élance. Sur 6, 5 vont chuter dont une française de 30 ans qui finira le parcours en van-balai. Je ferai aussi ma petite cabriole par dessus le vélo. Le plus étonnant, c'est que me voyant m'écraser lamentablement la face contre les cailloux, j'ai eu ce réflexe incroyable de faire une roulade avant tout en frappant le sol de ma main gantée. Résultat, absolument rien! Merci les leçons de judo de ma jeunesse.
Après toutes ces émotions, soirée lasagne et ... eau gazeuse avec Rose. Puis je la met dans un taxi dont je note le numéro tout en fixant le conducteur de mon regard de tueur. Elle part faire 2 mois de volontariat tourisme dans le nord du Chili, au bord de la mer. Ce n'est qu'un "au revoir ".
Tintin et le temple du soleil, vous connaissez? Et bien la scène du sacrifice se situe à Tiwanaku, en Bolivie. J'y vais de ma petite visite avec les transports locaux mais je dois avouer que le site en lui-même ne casse pas des briques, surtout quand on vient de la vallée sacrée.
Je tombe sur la fête du village, fanfare et défilé en costumes traditionnels. C'est le printemps, le début de la saison des fêtes commémoratives.
Au soir je mangerais du lama en compagnie de devinez qui?
M. et les garçons! Ces derniers repartent en France le lendemain de bonne heure. M. va aussi aller faire son petit tour en Amazonie. J'espère qu'elle va persévérer et continuer la route. J'ai volontairement eu des propos durs à son encontre quand nous nous sommes quittés à Puno. Des paroles dignes du docteur House. Aurais-je contribué à ma façon à son regain de motivation?
Maintenant que j'ai plein de moments seuls, je vais pouvoir m'introspectionner, ai-je un grand cœur mais qu'il est bien caché ou bien aurais-je développé une petite sociopathie?
Je vais y réfléchir cette nuit, je dors dans un dortoir pour limiter les frais et c'est le nouvel an hébreu. Il y a eu comme une flash-mob et des milliers d'israéliens ont envahi la ville et ses hôtels pour faire la fête.
Shalom.

A+ pour de nouvelles aventures.

S.

Posté par ceeeeb
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