au tour de cyprien!

Dans l'enfer des mines...

Le 13/06/11, 3:56

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J'ai bien récupéré de mon état grippal, en fait j'ai arrêté de prendre ces sachets en poudre que ce pseudo pharmacien m'a vendu, j'ai préféré me gaver de jus d'orange pressé que les papys te vendent sur la place. Maintenant que je peux aligner 100 pas sans que je sois fatigué, je décide de visiter les mines de Potosi!
Culminant à 4700 m la "montagne rouge" devient en 1546 le plus grand gisement d'argent de l'histoire de l'humanité.Découvert par un berger,alors qu'il gardait ses lamas . il paraît que l'argent dégueuler de la montagne, celui-ci balança tout aux colons espagnols. Les conquistadors tenaient là leur eldorado tant recherché, l'argent de la mine fit la grandeur de l'Espagne. Elle put construire ses magnifiques palais. Pendant que se tuer à la tâche des centaines de milliers de personnes...
Maintenant, le cerro de la mina est classé patrimoine mondial mais continu à être exploité, on estime qu'il reste encore 40 pourcents de la réserve mondiale dans cette montagne et sous la ville de Potosi!! Ce qui m'a fait halluciner!! Pour extraire l'argent qu'il reste, il faudrait exploiter la mine à ciel ouvert ce qui est impossible car elle est classé au patrimoine et il faudrait détruire la ville de Potosi. La montagne est un vrai gruyère, des multinationales y sont implantées, mais aussi des mineurs qui forment des groupes en général d'une dizaine de personnes où chacun à son poste défini. Ils travaillent pour leur compte et revendent leurs trouvailles à des coopératives.

j'ai pris un tour organisé par deux mineurs qui font guide à coté pour arrondir leur fin de mois mais surtout pour sortir un peu de ce travail harassant. Avant de commercer la visite, les mineurs nous emmènent d'abord dans une rue spécialisé pour leur besoin. Donc on achète du jus de fruit, feuilles de coca, gants de sécurité, bidon de 5 litres alcool à 80 degrés potables et surtout des bâtons de dynamite!! Je ne sais pas si vous vous en rendez bien compte mais là en l'espace de deux minutes, si j'étais en France je pourrais être considéré comme le plus gros alcoolo, un trafiquant de cocaïne ou le prochain commanditaire d'un attentat en même temps!! Eh oui ce qui est fou en Bolivie c'est que tu peux acheter ton bâton de dynamite comme ça, dans la rue sans une autorisation spéciale, juste sous prétexte que tu vas faire un tour à la mine pour faire exploser quelques rochers...!
Pour rassurer tout le monde oui j'ai acheté tout ça!! normal je vais endosser l'habit du mineur pendant 4 heures!! Mais pour info les 5 litres d'alcool à déboucher les chiottes c'est pour filler aux mineurs en cadeau pour qu'ils se donnent du courage pour bosser, les feuilles de coca c'est pour le mal de l'altitude, contre la fatigue et sert de coupe faim et les bâtons de dynamite pour faire exploser les minéraux!

Me voilà donc parti pour vivre au rythme des mineurs... on arrive à l'entrée de la mine, une vingtaine de gars sont assis dehors, ils attendent de pouvoir récupérer un peu avant de repartir au charbon. J'aperçois un rail qui s'enfonce dans les entrailles de la montagne par un petit passage, de là sort un chariot rempli de minerais, monté sur des roues métalliques branlantes, tiré et guidé par un garçon d'une vingtaine d'années et poussé par deux messieurs en plein âge de la retraite. À ce moment-là je me dis que je ne suis pas dans un parc d'attractions et ce que je vais voir c'est bien la réalité!! De quoi bien faire tomber mon enthousiasme. On commence à s'enfoncer dans la mine, casque sur la tête et lampe torche accrochée dessus. Souvent tu es obligé de t'accroupir légèrement pour pouvoir avancer et éviter les câbles électriques qui sont juste au-dessus de toi, tu as les bottes dans l'eau et tu entends au loin le bruit des marteaux piqueurs qui fendent la roche...dans ce tunnel qui ne semble jamais terminer, des poutres de fortune soutiennent le poids des pierres qui menacent de s'éffondrer un peu plus!je prends conscience tout de même du danger qui nous entoure et qu'on n'est pas là pour jouer à blanche neige et les 7 nains! Seule ma petite lumière éclaire mes pas et les visages de ces hommes immaculés de sueur, de poussière et de souffrance. Je me sens mal alaise et pas à ma place, heureusement mon guide est cool et me redonne la pêche. Il m'invite à aller voir ses potes mineurs qui sont dans une galerie superieure en train de fabriquer des bâtons de dynamite. Il fallait grimper des échelles, faire le funambule sur une planche pourrie au-dessus d'un trou de plus de 3 mètres, se faufiler à plat ventre dans un trou de souris et escalader des talus de grava pour pouvoir rejoindre ses potes!! Ils sont là en train d'insérer les bâtons de dynamite dans la roche, tandis que je les aide à terminer de fabriquer les derniers bâtons...Maintenant que la vingtaine de bâtons sont dans tous les trous, on allume la mèche et il n'y a plus qu'à partir aux abris en moins de 4 min c'est-à-dire de se retaper tout le chemin en sens inverse à la course en priant que tu ne te pètes pas la gueule où que tu ne sois pas coincé dans le trou de souris, fait comme un rat!!

Cela résonne dans la galerie comme un bruit sourd, mais tu peux sentir la puissance des charges grâce aux vibrations. On compte le nombre de détonations pour savoir si toutes les charges explosives ont bien fonctionné, sinon il faut attendre 24 heures avant de revenir!! Maintenant que tout c'est bien passé, il faut patienter 4 heures que toute la poussière se pose pour pouvoir continuer le boulot. C'est là que rentre en jeu le bidon de 5 litres d'alcool que je trimballe depuis le début. Les regards se sont de suite illuminés et les sourires sont apparus, tous les mineurs étaient heureux enfin de gouter à leur moment de bonheur!! On était assis dans un cul-de-sac d'une de ces galeries de la mine, ils me racontaient toutes les histoires sur le diable qui hante la mine. Il l'appelle "el tio" (l'oncle), il ne faut pas prononcer le mot diable dans la mine cela porte malheur. Ils versaient sur le sol chaque fois avant de boire de l'alcool pour remercier, el tio et la Pachamama, de les préserver de tous les dangers. Je suis en train de vivre un moment unique et fabuleux... je suis au milieu de ces hommes qui me font partager leur vie, leurs rires et leurs anecdotes... cela fait plus d'une heure que l'on est presque dans le noir total, seul deux lampes sont allumées, juste de quoi voir les gobelets passer et les expression de bonheur enfin sur les visages, l'alcool commence à monter mais je dois les quitter, dans une accolade sincère, je leur laisse toutes les choses que j'ai acheté et je disparais dans la lumière du jour. Quel claque! que je viens de prendre encore...je ne parle pas de l'alcool...mais plutot de la rencontre avec ces hommes, le voyage peut te permettre de vivre des moments forts comme ceux-là. C'est avec beaucoup de respect pour ces hommes que je m'éloigne du cerro de la mina, regagnant le centre-ville.

Maintenant je vais à Sucre je redescends en altitude dans l'ancienne capitale de la Bolivie et ville coloniale de charme...

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