blog de fxlemaitre

Mekele, Éthiopie // mercredi 08/01/2014

Le 08/01/14, 16:57

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Il est 7h30 lorsque la chaleur me réveille.
7 heures et demi, c'est pas si mal, presque une grasse matinée...
Il fait bien chaud car la soleil tape déjà bien fort sur le bâtiment familial, et puis nous dormons tous les deux dans le même lit, dans un pièce qui n'a qu'une seule fenêtre, fermée, bien entendu.
Je sors alors pour aller aux toilettes et me rincer le visage.
La "salle de bains" étant dans la cour intérieur de la maison, j'aperçois à travers la porte de la pièce à vivre un grand nombre de femmes âgées, probablement du même âge que la mère de Mickie. Je m'éclipse car je veux éviter les présentations à la douzaine de personnes buvant le café dans le salon.
En sortant des toilettes, pas de chance, la mère de Mickie m'attend derrière la porte avec un grand sourire, me prend fermement l'avant-bras et m'emmène à l'intérieur. Je n'y échapperais pas...
Elle m'assoit à la table et toutes les femmes, une par une, viennent me saluer. Sur la totalité de l'assemblée, une seule parle anglais et traduit pour tout le monde. Mon nom, mon âge, je suis français, je voyage, un ami de Mickie, etc... Quelques mots d'amharique font glousser les vieilles femmes quand la mère de Mickie m'apporte de quoi petit déjeuner... Encore une fois, moi qui ait plutôt l'habitude de zapper le premier repas de la journée. Je ne peux pas trop refuser...
Mickie arrive quelques minutes plus tard, souriant de la situation (le Farenji entouré de toutes des femmes) et m'adresse un clin d'œil.
La patronne de maison me propose même un verre d'Ouzo après le petit déjeuner. "Morning shot!" me dit Mickie en explosant de rire. Il est 8 heures du matin...Je décline l'invitation, mais sa mère n'est pas vexée...
Toutes ces femmes sont ici pour parler de l'organisation de Selassie, qui est la fête de la Sainte Trinité. Cette fête à lieu quelques jours après l'épiphanie éthiopienne (Timkat) qui est une des fêtes religieuses les plus importantes en Éthiopie.
Lors de cette célébration, les portes de la maison sont ouvertes et les hommes de la famille servent aux visiteurs la nourriture et la boisson que les femmes auront préalablement préparé. Il peut y avoir plus de 1000 convives défilant toute la journée pour le repas, c'est pourquoi les femmes prévoient jusqu'à 300 litres de pâte à injera et 100 litres de tela pour "s'hydrater". Toutes ces femmes sont aujourd'hui ici pour organiser la préparation de cette grande fête...
Je vais me rafraîchir le visage tandis que Mickie va réveiller Leul et John pour aller en ville boire un thé.
John manque à l'appel, Leul ne sait pas où il est, il l'a perdu hier au Stockholm Club (celui où l'on m'a proposé des services "corporels" à des prix défiant toute concurrence...)
Tous les trois, on descend donc en ville et nous nous asseyons dans une ruelle, sur des tabourets en plastique, pour boire un thé... Et nous restons là des heures durant, à discuter de tout et de rien, à regarder les passants.
John nous rejoint. Il n'a pas bonne mine, il est parti du club pour un autre avec sa "femme", il buvait encore à 6 heures du matin. Et le voilà qui est déjà en train de mâcher du khat.
J'adore être comme ceci. Je regarde les gens qui passent, je suis le seul blanc dans un rayon de probablement 300 mètres, et pourtant, je suis assis comme si c'était normal, comme si j'habitais la depuis des mois. Paradoxalement, c'est mon sentiment, j'ai l'impression d'être ici depuis des mois, que je me fonds dans la masse.
Au bout de la rue, Mickie me pointe quelqu'un du doigt. Une femme, nue, criant, marchant ça et la... Elle est couverte d'huile de vidange, et passe de terrasse de café en terrasse, sans aucune raison. Mickie m'explique qu'il n'y a plus d'hôpital psychiatrique dans tout le pays. Alors, les fous sont dehors... Un peu comme le tramway à St Étienne au mois d'août, mais tous les jours, et en beaucoup plus hardcore...
La femme s'empare de la tasse d'un client au café d'en face. Il bondit d'un mètre en arrière pour ne surtout pas être en contact avec elle. Elle prend la tasse, puis commence à boire en marchant. Après quelques allers-retour dans la rue, elle s'arrête, jette la tasse à ses pieds qui se fracasse, et saute à plusieurs reprises à pieds joints sur les débris. Elle s'ouvre les pieds, elle saigne mais elle s'en fout. Elle est dans son monde.
Les heures passent quand John et Leul nous proposent de manger le Doro Wat (poulet à la sauce épicée) qu'ils ont eux-même préparé la veille.
Nous rentrons à la maison, quand la mère de Mickie nous invite au repas. Je regarde Mickie d'un air "à toi de gérer, de refuser l'invitation de ta mère..." Il sourit, parle à sa mère, qui n'est pas offusquée. Tant mieux, c'est assez délicat comme situation.
Après le repas, je laisse les 3 compères (dont 2 commencent à "khatter"...) pour une petite sieste. Je demande à Mickie de me réveiller dans 30 minutes...
zZzZ...
Lorsque je me réveille, j'ai pratiquement dormi une heure et demie... Je sors de la chambre, regarde par la fenêtre de la pièce de John et Leul, les deux dorment sur le matelas. J'appelle Mickie une fois. Deux fois. Trois fois. Pas de réponse.
Bon il a dû sortir, il me rappellera.
J'appelle alors Harnet pour répondre à son invitation de la veille.
Il vient me chercher en bas de chez Mickie et nous prenons un minibus pour aller chez lui. Assez loin de notre rendez-vous, et beaucoup plus "roots" que le centre ville de Mekele. Encore une fois, il refuse que je paie pour le bus, ou pour les fruits que nous achetons en passant. "C'est toi l'invité!" m'affirme-t-il..
Nous arrivons chez lui, sa femme et sa sœur nous attendent pour la traditionnelle cérémonie du café, cette fois accompagné d'oranges, de bananes et de pop corn (...!)
Nous discutons beaucoup avec Harnet. Encore une fois de religion. Il est éberlué par la fait que je n'ai pas de foi en une religion, mais il l'accepte.
Ensuite nous parlons de chômage.
"Le problème vient des chinois!", me dit-il.
Ici, les chinois sont considérés comme des moins que rien, presque au même niveau que les animaux.
En fait, la Chine investit énormément en Éthiopie, mais pas seulement au niveau financier, aussi au niveau humain. Ce sont les chinois qui travaillent pour les entreprises chinoises ici.
Harnet m'apprend que, en fait, ces travailleurs chinois sont des prisonniers, mais la surpopulation carcérale fait que le gouvernement les délocalisé pour travailler, à moindre prix, bien évidemment, en leur confisquant leur pièce d'identité. De toute façon, un chinois ne parlant pas anglais dans le désert en Éthiopie n'irait pas bien loin.
De plus, ils sont sous-payés, donc sous-alimentés. Certains ont des voitures et la nuit, vont renverser des ânes, des chiens, voire des chats afin de manger de la viande.
La longue discussion avec Harnet est très intéressante et lui aussi me considère très haut dans son estime.
Je rentre finalement au bout de 2 heures chez Mickie, qui s'était assoupi sur le canapé, et il avait un cours par la suite.
La fin de la journée est identique à la précédente, sauf que nous sommes tous très fatigués, et demain une longue journée de bus m'attend, avant de rallier Lalibela et ses églises uniques taillées dans la roche... Je vais tenter d'y arriver en un seul et même jour (500km, dont 70 sur piste)...
Après le dîner et une bière, tout le monde abandonne, nous rentrons.
zZzZzZz..

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